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La Deutsche Bank serait-elle sur le point de faire faillite ?
ÉDITO - La plus grosse banque allemande est en difficulté. La Bourse crie au loup, mais peut-être pas pour la bonne raison.
La page de l'émission : Lenglet-Co
Le siège social de la Deutsche Bank à Francfort (illustration).
La Deutsche Bank serait-elle sur le point de faire faillite ? Crédit Image : DANIEL ROLAND / AFP | Crédits Média : RTL | Durée : 03:08 | Date : 03/10/2016
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par François Lenglet , Loïc Farge publié le 03/10/2016 à 09:01 mis à jour le 03/10/2016 à 10:20
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La Deutsche Bank inquiète les bourses et les responsables européens depuis plusieurs jours. Ils redoutent qu'elle ne puisse pas faire face à ses échéances financières, alors qu'elle joue un rôle clé dans le système bancaire européen. Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est une gigantesque amende infligée à la banque par le gouvernement américain à cause de son rôle dans la crise des subprimes il y a dix ans (potentiellement plusieurs milliards d'euros). La somme a été en partie provisionnée, mais on a réalisé à ce moment-là que l'établissement n'était pas si solide. Son cours de bourse est à un plus bas depuis trente-trois ans. La presse parle même d'une nationalisation de Deutsche Bank, par le gouvernement fédéral, même si celui-ci a depuis démenti, tout comme la direction de l'entreprise.
La banque, c'est le point de faiblesse de l'économie allemande, alors que l'industrie est son point de force. D'autant que Deutsche Bank voulait devenir l'une des premières banques du monde, elle a pris des risques à l'international. Alors que son marché national n'est pas très rentable, il est très fragmenté. Il y a aujourd'hui près de 1.500 banques différentes en Allemagne, avec des toutes petites, parfois des caisses d'épargne municipales, c'est vous dire.
La banque, c'est le point de faiblesse de l'économie allemande, alors que l'industrie est son point de force
François Lenglet
Y a-t-il un risque que ces difficultés s'étendent aux banques françaises ? On n'en est pas là du tout. Mais le problème du système financier, c'est l'interdépendance de toutes les banques. Si l'une arrêtait de payer, elle mettrait en difficulté toutes les autres, qui se trouveraient elles aussi dans l'impossibilité de payer. C'est ce qui a causé la crise de 2008, avec la faillite de Lehman Brothers. Imaginez une chaîne dont les maillons seraient en acier, sauf l'un maillon qui serait en carton. Cette chaîne ne serait pas très résistante, même si elle est en métal pour sa quasi-totalité. Un système financier - c'est pareil - est aussi solide que le plus fragile de ses maillons, exactement comme une chaîne. Et le véritable maillon faible européen, ce n'est pas l'Allemagne, c'est l'Italie.
Car là bas, la situation des banques est grave. À cause de la crise économique, bon nombre d'entreprises n'ont pas remboursé leurs crédits bancaires, le bilan des banques est désastreux. Il y a plusieurs centaines de milliards d'euros de crédit pourris en Italie. Il y a déjà eu des faillites de petites banques, et ça n'est pas probablement pas fini.
Que faire quand une banque est en faillite ? La seule chose à faire, c'est de nationaliser l'établissement, pour rassurer justement toutes ses contreparties. C'est ce que nombre de pays ont fait il y a dix ans, au moment de la crise des subprimes. Le seul problème, c'est que les règles européennes interdisent désormais une telle opération, à la demande express de l'Allemagne, qui estime que l'argent des contribuables ne doit pas servir à payer pour les erreurs du privé. Noble principe, mais complètement inapplicable, puisque si l'on protège le contribuable, c'est sur les comptes des épargnants qu'il faudra prendre l'argent avec tous les risques de panique bancaire qui en découleraient. Si la crise de Deutsche Bank se poursuit, l'Allemagne va bien se rendre compte que l'intervention de l'État est malheureusement la seule solution.
http://www.rtl.fr/actu/conso/la-deutsch ... 7785088872Citer:
Vers une faillite de la Deutsche Bank ?
Publié le 2 octobre 2016 dans Monnaie et finance
La Deutsche Bank est-elle sur le point de faire faillite ? Le risque est grand, pas seulement pour l’Allemagne mais pour la France, l’Europe, et l’économie mondiale.
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Par Eric Verhaeghe.
Vers une faillite de la Deutsche Bank ?
Deutsche Bank By: Elliott Brown – CC BY 2.0
Si la Deutsche Bank entraînait l’économie mondiale dans un nouveau désastre, nous pourrions en rire (jaune), car il s’agirait bien d’une très ironique revanche de l’histoire. L’Allemagne si superbe épuiserait de cette façon le filon qu’elle creuse depuis sa réunification : celui d’un appauvrissement artificiel de ses concurrents européens jusqu’à sa propre destruction.
La Deutsche Bank, joyau allemand…
La Deutsche Bank n’est pas seulement la première banque allemande. C’est aussi un établissement symbolique, créé en 1870 (année de l’unité de l’Allemagne) pour accompagner le développement industriel de ce tout nouveau pays. L’histoire de la banque épouse patiemment les contours de l’histoire allemande. Il n’est pas de prospérité dans l’Allemagne industrielle sans intervention de la Deutsche Bank.
… et pire bad bank du monde
Forte de cette arrogance, la banque s’est transformée en tour infernale. Dans les années 2000, notamment sous l’impulsion de Josef Ackermann, qui l’a dirigée de 2006 à 2012 (où il était payé 9 millions d’euros par an), la banque a multiplié les rendements hasardeux et méchamment bu le bouillon. Précisons qu’Ackermann fut membre du comité directeur du groupe de Bilderberg : démonstration est faite que l’on peut pourtant figurer dans la prétendue élite mondiale.
Depuis 2008, Deutsche Bank évite coûte que coûte une faillite qui mettrait par terre l’économie allemande et, dans son sillage, l’économie mondiale.
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Le FMI s’inquiète
On passera ici sur les innombrables péripéties qui frappent la Deutsche Bank. Il suffit de citer le rapport du 30 juin 2016 du FMI sur les risques systémiques pour comprendre l’ampleur du désastre. Ce jour-là, l’institution internationale affirme que le principal risque systémique dans l’économie mondiale provient… de la Deutsche Bank.
Pour le FMI, l’Allemagne, mais aussi la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont particulièrement exposés au risque de contagion en cas de faillite de la banque.
Le Qatar sauve Merkel et l’Allemagne
Le 15 juillet 2016, le Wall Street Journal révèle que le Qatar a augmenté sa participation dans le capital de la banque jusqu’à y prendre près de 10%. En échange de ce petit coup de pouce donné à Angela Merkel, le Qatar exige la nomination d’un homme-lige au comité de direction de la banque. Il s’agit d’un certain Stefan Simon. Dans la pratique, pour 10% des parts, le Qatar a préempté l’économie allemande.
Mais la banque suit toujours sa mauvaise pente
L’intervention du Qatar va-t-elle sauver la Deutsche Bank ? Rien n’est moins sûr, et la banque allemande continue à envoyer de mauvais signaux aux marchés. Par exemple, début septembre, elle a refusé de convertir de l’or papier en or physique, comme le réclamait un client. Les marchés ont volontiers interprété ce refus comme une incapacité à faire face à une échéance…
2,4 milliards d’amende aux USA
deutsche-bank-rene-le-honzecLa banque a de bonnes raisons de refuser aux clients de récupérer leurs avoirs. Sa situation devient en effet très compliquée. Par exemple, la banque propose aux autorités américaines de régler une amende de 2,4 milliards de dollars pour couvrir les recours dans diverses affaires.
« These comprise the mortgages case, alleged manipulation of foreign exchange rates, a probe into suspicious equities trades in Russia, and remaining investigations into alleged money laundering. »
(Celles-ci comprennent les contentieux hypothécaires, les accusations de manipulation des taux de change, une enquête sur des achats douteux d’actifs en Russie, et les enquêtes encore en cours sur du blanchiment).
Encore un problème sur les collatéraux
Beaucoup d’analystes considèrent que la Deutsche Bank a recommencé le jeu qui avait abouti à la crise de 2008 : celui d’une surestimation systématique des collatéraux qui garantissent les crédits qu’elle accorde. Autrement dit, la banque accorde des crédits risqués et douteux, et gonfle artificiellement son bilan en affichant des valeurs qui pourraient s’effondrer si une crise survenait.
Des pronostics inquiétants
On lira donc, sous la plume d’observateurs avertis, des pronostics inquiétants. Cet été, Olivier Demeulenaere citait le bilan du Centre for European Economic Research (ZEW) à Mannheim, qui dressait ses propres stress tests européens. Selon l’institut allemand, les trois banques les plus exposées au risque en Europe sont la Deutsche Bank, la Société Générale et la BNP. Pour Jean-Pierre Chevallier, la banque allemande est d’ores et déjà un Lehman Brothers européen.
Too big to fail
Reste que la Deutsche Bank est trop systémique pour que l’Allemagne, l’Europe, la Banque Centrale Européenne, la laissent faire faillite. Les conséquences d’un défaut aussi colossal ont trop marqué les esprits en 2008 pour que les politiques acceptent une telle solution. C’est ici que les ennuis commencent. Car, en dehors d’une prise en charge par les citoyens de l’Union, aussi discrète que possible, des coûts induits par cette faillite en attendant le tremblement de terre final, on voit mal ce qui pourrait se passer.
À moins, bien sûr, qu’une panique des marchés n’oblige l’Allemagne à privatiser la banque et à violer les traités pour éviter le naufrage complet.
http://eric-verhaeghe.entreprise.news/2 ... sche-bank/