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PARIS - Le siège français de la banque suisse UBS à Paris a été
perquisitionné mercredi dans l'enquête pour blanchiment de fraude fiscale,
l'établissement bancaire étant soupçonné d'avoir mis en place une double
comptabilité et facilité l'ouverture de comptes non déclarés en Suisse.
Une dizaine d'enquêteurs du service national de douane judiciaire (SNDJ)
sont entrés mercredi matin dans les locaux de la banque avec le juge
d'instruction parisien Guillaume Daïeff, chargé de l'enquête, a indiqué à
l'AFP une source proche du dossier.
Deux personnes sont mises en examen dans cette affaire, un ancien dirigeant
du bureau d'UBS à Lille et un cadre salarié d'UBS à Strasbourg. Plusieurs
perquisitions ont déjà été menées dans les locaux de la banque à Strasbourg,
Lyon et Bordeaux depuis fin juin.
Un porte-parole de la banque à Paris a confirmé mercredi que le "juge
d'instruction s'est effectivement rendu dans les locaux du siège parisien
d'UBS France dans le cadre de son enquête".
"Nous coopérons entièrement avec les autorités. Cette perquisition s'inscrit
dans le cadre des perquisitions effectuées dans d'autres filiales d'UBS en
France depuis avril 2012", a déclaré de son côté un porte-parole d'UBS en
Suisse à l'AFP.
"En tant que groupe, nous avons un règlement interne qui demande à ce que
les lois des pays soient respectées. Si des salariés ont violé ces lois,
alors ils seront sanctionnés", a-t-il ajouté.
La première banque suisse est soupçonnée d'avoir mis en place une double
comptabilité, destinée à masquer certains mouvements de capitaux entre la
France et la Suisse, et d'avoir permis à ses commerciaux suisses de
démarcher des clients sur le territoire français, en violation de la
législation.
Dénonciations d'ex-salariés
Ces faits ont été en particulier dénoncés par d'anciens salariés.
Une note anonyme transmise à l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP),
consultée par l'AFP, détaille l'existence de "carnets de lait" entre 2002 et
2007, système destiné à enregistrer les ouvertures de comptes non déclarées
en Suisse réalisées par les commerciaux.
Elle décrit le rôle présumé de chargés d'affaires en Suisse et en France et
de membres de la direction d'UBS France dans cette double comptabilité.
Ce système permettait de ne pas laisser de trace dans les outils officiels
de la banque tout en permettant de calculer les opérations des commerciaux
pour leurs bonus de fin d'année, selon cette note.
L'information judiciaire sur les pratiques de la banque suisse en France a
été ouverte en avril pour "démarchage bancaire ou financier par personne non
habilitée et blanchiment de fraude fiscale et de fonds obtenus à l'aide d'un
démarchage illicite, commis en bande organisée".
Initialement, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de
Paris en mars 2011 après la transmission par l'ACP, chargée du contrôle des
banques, d'une note sur les pratiques commerciales de la banque.
Parallèlement une autre information judiciaire est ouverte à Paris depuis
avril pour "entrave au fonctionnement du comité d'hygiène, de sécurité et de
conditions de travail (CHSCT)" et "harcèlement moral" au sein d'UBS, a
appris l'AFP de source judiciaire. Plusieurs cadres avaient dénoncé les
conditions de leur départ d'UBS.
En 2009, un accord était intervenu avec les Etats-Unis pour qu'UBS révèle
les noms de 4.450 clients américains auxquels il avait offert de cacher des
fonds au fisc. La première banque suisse s'était également acquittée d'une
somme de 780 millions de dollars, comprenant une amende et un redressement
fiscal.