Je me suis amusé à traduire pour vous cet article de Philipp Bagus du
Ludwig von Mises Intitute pour faire débat !
--------------------
Comment l'expérimentation de la monnaie papier va-t-elle finir?Le système du papier monnaie contient les germes de sa propre destruction. La tentation d'augmenter la quantité de monnaie est pratiquement irrésistible pour celui qui a le monopole de la création monétaire. Dans un tel système, avec une quantité de monnaie toujours croissante et en conséquence de prix toujours croissants, il n'y a aucun intérêt à épargner pour acquérir un bien plus tard. La meilleure stratégie consiste à s'endetter pour acheter le bien et rembourser plus tard avec une monnaie dévaluée. De plus, il est très intéressant d'acquérir des biens qui pourront être utilisés plus tard comme collatéral et emprunter encore plus. Le système du papier monnaie mène ainsi à un excès de dettes.
Ceci est d'autant plus vrai pour les agents économiques qui s'attendent à être renfloués grâce à de la nouvelle création monétaire comme les grosses banques, les grosses entreprises et même les états.
Nous sommes désormais en face d'un problème qui ressemble à une impasse pour notre système de papier monnaie. Suite aux derniers évènements, les gouvernements ont renfloué les mauvais investissements du secteur privé tout en augmentant la dépense publique. Les déficits et les dettes ont explosé. Les banques centrales ont alors imprimé en quantité sans précédent pour acheter de la dette publique ou pour les accepter en tant que collatéraux et allouer de nouveaux emprunts aux banques. Les taux d'intérêts ont été abaissés, proche de zéro. Les déficits restent conséquents. Aucune croissance réelle substantielle n'est à l'horizon. Au même moment les banques et autres agents financiers sont assis sur une pile gigantesque de dettes publiques. Un défaut sur ces dettes provoquerait immédiatement une banqueroute du système bancaire. Une augmentation des taux à des niveaux réalistes ou simplement vendre les actifs achetés par les banques centrales mettrait à mal la solvabilité des banques, des entreprises très endettées et des états. Il semble même que le ralentissement des QE provoquerait une spirale de défaillance. Une réduction drastique des déficits et des dépenses publiques ne semble pas plus à l'ordre du jour.
Dans ces conditions, l'impression monétaire sera t-elle maintenue avec des taux d'intérêt aussi bas jusqu'au moment ou le peuple perdra toute confiance dans les monnaies papier ? Le système monétaire papier peut-il être maintenu ou passera-t-on forcément par une phase d'hyperinflation tôt ou tard?
Il existe au moins sept possibilités : 1 -
Inflation : Les États et les banques centrales peuvent simplement continuer sur le chemin inflationniste et imprimer autant de monnaie qu'il le faut pour renflouer le système bancaire, les états et les autres agents économiques surendettés. Ceci augmentera un peu plus l'aléa moral. Cette option conduit inévitablement à l'hyperinflation et ainsi élimine la dette. Les emprunteurs profitent et les épargnants essuient les pertes. La richesse papier constituée par les épargnants tout au long de leur vie ne pourra plus leur assurer la qualité de vie qu'ils espéraient.
2 -
Défaut sur les prestations : Les états peuvent améliorer leur condition financière en ne remplissant pas leurs engagements. Ils peuvent, par exemple, réduire les prestations sociales, les retraites ou les indemnités chômage afin d'éliminer les déficits et rembourser leurs dettes. Beaucoup de prestations publiques sur lesquelles les citoyens comptaient deviendront sans valeur.
3 -
Répudier la dette : Les états peuvent également faire défaut sur leur dette. Cela conduit à des pertes sèches pour les banques et les compagnies d'assurance qui ont investi l'épargne de leurs clients dans les bonds d'états. Les citoyens voient la valeur de leurs fonds d'investissements partir en fumée. Un défaut sur la dette publique peut provoquer l'effondrement du système bancaire. La spirale de banqueroute des agents économiques surendettés serait un véritable Armageddon financier. C'est pourquoi les politiques jusqu'à maintenant ont fait tout leur possible pour éviter cette option.
4 -
Répression financière : C'est une autre manière de sortir du piège de la dette. Elle consiste à diriger des fonds vers l'état permettant ainsi la liquidation de la dette. Par exemple, la répression financière peut prendre la forme d'une législation rendant les investissements alternatifs moins attractifs ou d'une régulation forçant les investisseurs à acheter des bonds d'état. En conjonction avec de la croissance et des réductions de dépenses publiques, la répression financière peut fonctionner et réduire la charge de la dette
5 -
Rembourser la dette : le problème de surendettement peut également être résolu par des mesures fiscales. L'idée est d'éliminer les dettes d'états et recapitaliser les banques par la taxation. En réduisant la dette, les banques centrales n'ont plus de pression pour imprimer de la monnaie et conserver les taux bas et la monnaie peut repartir sur des bases saines.
Pour arriver à cette fin, l'état exproprie les épargnants à grande échelle pour renflouer ses comptes. Les gouvernements peuvent soit augmenter les taxes déjà existantes soit créer une taxe confiscatoire exceptionnelle. En effet le FMI a récemment proposé de taxer les richesses à hauteur de 10% pour l'Europe afin de réduire le niveau de la dette publique.
Des réductions de grande ampleur sur les dépenses publiques pourraient également être utilisées pour rembourser la dette. Après la seconde guerre mondiale les États Unis ont réussi à ramener leur ratio dette/PIB de 130% en 1946 à 80% en 1952. Toutefois il semble peu probable que ce moyen puisse de nouveau fonctionner. Les US ne sont pas à la fin d'un guerre qu'ils ont gagnée. Les dépenses avaient été réduites de moitié de 118 Md$ en 1948 à 58Md$ en 1947 en grande partie par une réduction du budget militaire. Une réduction de dépense similaire ne pourrait aujourd'hui se produire sans une immense résistance politique et sans causer la banqueroute d'agents endettés dépendant des dépenses publiques.
6 -
Réforme monétaire : Il existe l'option d'une véritable réforme monétaire incluant un défaut partiel de la dette publique. Cette option est intéressante si l'on veut éliminer le surendettement sans lancer une forte inflation. Cela ressemble à une remise à zéro du système en continuant avec un régime papier de la monnaie. Une telle réforme à bien fonctionné en Allemagne après la seconde guerre mondiale (après la dernière guerre la répression financière n'était pas envisageable). Le vieux papier monnaie, le Reichmark, a été remplacé par un nouveau papier monnaie le deutschemark. Dans ce cas de figure, les épargnants qui possèdent de grandes quantités de la vielle monnaie sont fortement dépossédés mais la charge de la dette baisse pour tout le monde.
7 -
Bail-in : Il pourrait y a voir un bail-in équivalent à une demi réforme monétaire. Dans un bail-in, tel que celui de Chypre, les créditeurs des banques (les épargnants) sont convertis en actionnaires des banques. Les dettes bancaires diminuent et les fonds propres augmentent. La quantité de monnaie (money supply) est réduite. Un bail-in recapitalise les banques et élimine les dettes pourries en même temps. Les fonds propres pourraient augmenter à tel point qu'un défaut partiel des états ne serait plus une menace pour la stabilité du système bancaire. Les épargnants encaissent les pertes. Par exemple, les gens qui ont investi dans une assurance vie qui à son tour a acheté des obligations bancaires ou des bonds d'états subiront des pertes. Le résultat du bail-in est une réduction du surendettement public et bancaire.
L'une des sept options précédentes ou une combinaison de 2 ou 3 d'entre elles sont peut-être devant nous. Dans tous les cas elles révèleront les pertes induites et en finiront avec l'illusion de richesse. Les contribuables ou les épargnants sont exploités pour réduire les dette et remettre la monnaie sur des bases saines. La taxe exceptionnelle sur la richesse, la réforme monétaire ou le bail-in ne sont pas très populaires car les pertes subies sont brutales. L'option inflationniste est bien plus populaire au sein des états car elle cache le coût des renflouements des agents financiers surendettés. Toutefois, il existe une menace que l'inflation devienne hors de contrôle. Et ceux qui tienne le monopole de la création monétaire ne voudront pas le gâcher dans un effondrement monétaire. Avant que l'inflation n'arrive à ce stade les états piocheront dans les autres options car ces alternatives permettent une remise à zéro du système.
------------------------------
How the Paper Money Experiment Will Endby Philipp Bagus
A paper currency system contains the seeds of its own destruction. The temptation for the monopolist money producer to increase the money supply is almost irresistible. In such a system with a constantly increasing money supply and, as a consequence, constantly increasing prices, it does not make much sense to save in cash to purchase assets later. A better strategy, given this senario, is to go into debt to purchase assets and pay back the debts later with a devalued currency. Moreover, it makes sense to purchase assets that can later be pledged as collateral to obtain further bank loans. A paper money system leads to excessive debt.
This is especially true of players that can expect that they will be bailed out with newly produced money such as big businesses, banks, and the government.
We are now in a situation that looks like a dead end for the paper money system. After the last cycle, governments have bailed out malinvestments in the private sector and boosted their public welfare spending. Deficits and debts skyrocketed. Central banks printed money to buy public debts (or accept them as collateral in loans to the banking system) in unprecedented amounts. Interest rates were cut close to zero. Deficits remain large. No substantial real growth is in sight. At the same time banking systems and other financial players sit on large piles of public debt. A public default would immediately trigger the bankruptcy of the banking sector. Raising interest rates to more realistic levels or selling the assets purchased by the central bank would put into jeopardy the solvency of the banking sector, highly indebted companies, and the government. It looks like even the slowing down of money printing (now called “QE tapering”) could trigger a bankruptcy spiral. A drastic reduction of government spending and deficits does not seem very likely either, given the incentives for politicians in democracies.
So will money printing be a constant with interest rates close to zero until people lose their confidence in the paper currencies? Can the paper money system be maintained or will we necessarily get a hyperinflation sooner or later?
There are at least seven possibilities:
1. Inflate. Governments and central banks can simply proceed on the path of inflation and print all the money necessary to bail out the banking system, governments, and other over-indebted agents. This will further increase moral hazard. This option ultimately leads into hyperinflation, thereby eradicating debts. Debtors profit, savers lose. The paper wealth that people have saved over their life time will not be able to assure such a high standard of living as envisioned.
2. Default on Entitlements. Governments can improve their financial positions by simply not fulfilling their promises. Governments may, for instance, drastically cut public pensions, social security and unemployment benefits to eliminate deficits and pay down accumulated debts. Many entitlements, that people have planned upon, will prove to be worthless.
3. Repudiate Debt. Governments can also default outright on their debts. This leads to losses for banks and insurance companies that have invested the savings of their clients in government bonds. The people see the value of their mutual funds, investment funds, and insurance plummet thereby revealing the already-occurred losses. The default of the government could lead to the collapse of the banking system. The bankruptcy spiral of overindebted agents would be an economic Armageddon. Therefore, politicians until now have done everything to prevent this option from happening.
4. Financial Repression. Another way to get out of the debt trap is financial repression. Financial repression is a way of channeling more funds to the government thereby facilitating public debt liquidation. Financial repression may consist of legislation making investment alternatives less attractive or more directly in regulation inducing investors to buy government bonds. Together with real growth and spending cuts, financial repression may work to actually reduce government debt loads.
5. Pay Off Debt. The problem of overindebtedness can also be solved through fiscal measures. The idea is to eliminate debts of governments and recapitalize banks through taxation. By reducing overindebtedness, the need for the central bank to keep interest low and to continue printing money is alleviated. The currency could be put on a sounder base again. To achieve this purpose, the government expropriates wealth on a massive scale to pay back government debts. The government simply increases existing tax rates or may employ one-time confiscatory expropriations of wealth. It uses these receipts to pay down its debts and recapitalize banks. Indeed the IMF has recently proposed a one-time 10-percent wealth tax in Europe in order to reduce the high levels of public debts. Large scale cuts in spending could also be employed to pay off debts. After WWII, the US managed to reduce its debt-to-GDP ratio from 130 percent in 1946 to 80 percent in 1952. However, it seems unlikely that such a debt reduction through spending cuts could work again. This time the US does not stand at the end of a successful war. Government spending was cut in half from $118 billion in 1945 to $58 billion in 1947, mostly through cuts in military spending. Similar spending cuts today do not seem likely without leading to massive political resistance and bankruptcies of overindebted agents depending on government spending.
6. Currency Reform. There is the option of a full-fledged currency reform including a (partial) default on government debt. This option is also very attractive if one wants to eliminate overindebtedness without engaging in a strong price inflation. It is like pressing the reset button and continuing with a paper money regime. Such a reform worked in Germany after the WWII (after the last war financial repression was not an option) when the old paper money, the Reichsmark, was substituted by a new paper money, the Deutsche Mark. In this case, savers who hold large amounts of the old currency are heavily expropriated, but debt loads for many people will decline.
7. Bail-in. There could be a bail-in amounting to a half-way currency reform. In a bail-in, such as occurred in Cyprus, bank creditors (savers) are converted into bank shareholders. Bank debts decrease and equity increases. The money supply is reduced. A bail-in recapitalizes the banking system, and eliminates bad debts at the same time. Equity may increase so much, that a partial default on government bonds would not threaten the stability of the banking system. Savers will suffer losses. For instance, people that invested in life insurances that in turn bought bank liabilities or government bonds will assume losses. As a result the overindebtedness of banks and governments is reduced.
Any of the seven options, or combinations of two or more options, may lie ahead. In any case they will reveal the losses incurred in and end the wealth illusion. Basically, taxpayers, savers, or currency users are exploited to reduce debts and put the currency on a more stable basis. A one-time wealth tax, a currency reform or a bail-in are not very popular policy options as they make losses brutally apparent at once. The first option of inflation is much more popular with governments as it hides the costs of the bail out of overindebted agents. However, there is the danger that the inflation at some point gets out of control. And the monopolist money producer does not want to spoil his privilege by a monetary meltdown. Before it gets to the point of a runaway inflation, governments will increasingly ponder the other options as these alternatives could enable a reset of the system.
http://mises.org/daily/6609/How-the-Pap ... t-Will-End