Petit résumé de l'annonce faite hier 15/12/2015 par Janet Yellen
L'annonce faite par Janet (Cécile Chevré)
Petite hausse, de +0,25% mais – pour parodier qui vous savez –un grand pas pour la banque centrale américaine et les marchés financiers
Et voilà, ce que nous attendions tous, avec impatience, crainte ou curiosité, est enfin devenu réalité. Janet Yellen a annoncé la première hausse des taux depuis plus de 9 ans. Petite hausse, de +0,25% mais – pour parodier qui vous savez –un grand pas pour la banque centrale américaine et les marchés financiers.
Les marchés ont très bien réagi à cette annonce. Le Dow Jones a progressé de 1,28% en clôture, le S&P 500 de +1,45% et le Nasdaq de +1,52%. Ce matin, les marchés européens réagissent aussi très bien. Vers 12h, le CAC progresse de 2,4%, le Dax de 3% et le FTSE de 1,5%.
Je ne vais pas prétendre que j'aurais mis ma main au feu que cela allait se passer comme cela mais disons que c'était le meilleur des scénarios possibles – et aussi le plus probable.
Si tout semble couler de source et les marchés nager comme des poissons dans l'eau fraiche de cette hausse des taux, c'est que Janet Yellen a parfaitement géré sa communication : - Non seulement, elle a préparé depuis des mois les marchés à cette augmentation - Elle a augmenté que très légèrement ces taux (un quart de point, autant dire une broutille) - Elle a précisé que la hausse se poursuivrait mais extrêmement lentement, "graduellement", au rythme d'environ 1% par an - Et enfin elle a insisté sur l'arrière-plan qui justifie cette décision, à savoir une reprise certaine de l'économie américaine.
Son annonce a entre autre été entourée de propos extrêmement rassurants sur la surveillance continue de l'inflation, des indicateurs économiques et financiers et assortis de la promesse de poursuivre bon an mal an une politique monétaire accommodante.
... La grande pacificatrice.
Derrière ce discours se cachent malgré tout quelques points noirs qui ont été soigneusement contournés par la présidente de la Fed
Le dollar... et ses tentaculaires conséquences Et tout d'abord la question de la force du dollar. Une politique plus restrictive devrait automatiquement signifier un dollar plus fort. Un effet secondaire dont la Fed aimerait bien se passer. Je vous en ai largement parlé ces derniers jours, le dollar est fort, très fort face aux autres devises, ce qui pénalise les exportateurs américains. Les derniers résultats trimestriels américains laissaient transparaître les difficultés croissantes de ces exportateurs empêtrés dans leurs "effets de change".
L'autre angle mort du discours de Yellen, ce sont les pays émergents et, de manière plus générale, la croissance mondiale.
Hier, nous avons vu pourquoi et comment le dollar agissait comme véhicule de la politique monétaire de la Fed pour "contaminer" le monde entier. Face au dollar fort, les économies émergentes sont aujourd'hui les plus fragiles. En septembre 2013, les pays émergents avaient dû faire face à une sanglante fuite de capitaux qui préféraient le petit rendement retrouvé des actifs américains, tout ceci sur fond de fin progressive du quantitative easing.
Depuis des mois, les économies émergentes craignent donc un bis repetita. Ont-ils raison de s'inquiéter ? A mon humble avis, oui... et non.
Non, du moins, pas dans l'immédiat car, au fond, la décision de la Fed avait été largement anticipée par les marchés.
Si la Fed poursuit sa politique au rythme indiqué, les conséquences pour les pays émergents ne vont que s'accentuer
Oui, car si la Fed poursuit sa politique au rythme indiqué, les conséquences pour les pays émergents ne vont que s'accentuer. Les effets du dollar fort sur les investissements étrangers ou encore les dettes libellées en dollar agissent comme un acide particulièrement corrosif sur des économies en pleine remise en question. C'est vrai pour l'Amérique latine, en pleine recomposition politique et économique, mais aussi pour l'Asie.
Deux points particulièrement obscurs et intrinsèquement liés et qui expliquent certainement le manque de triomphalisme de Janet Yellen quant aux perspectives de l'économie américaine. La Fed ne prévoit qu'un modeste +2,4% de croissance en 2016. Une tentative pour tempérer les ardeurs des marchés pour le dollar et éviter de l'envoyer vers de nouveaux sommets... C'est possible.
Qu'est-ce que cela signifie pour vous ? Il va nous falloir un peu de temps pour décanter la décision de la Fed. Je ne pense pas qu'elle réglera les problèmes de volatilité croissante observés sur les marchés depuis l'été dernier. Mais l'annonce de Yellen pourrait être le signal de départ du très attendu rally de fin d'année.
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