Comme l'on en est réduit, en notre siècle, où tout a été dit et où l'on prétend dire beaucoup encore, à fonder, pour paraître nouveau, des systèmes sur l'anéantissement de tout ce qui existe, et sur la création de tout ce qui ne peut exister, l'usage de la monnaie est proscrit en théorie, par quelques communistes.

Ils proposent de remplacer le métal par des bons d'échange imputés sur toutes sortes de marchandises, de denrées : ces bons serviraient aux transactions à distance ; l'Etat en serait le répartiteur, et ils seraient garantis par la production. Il y a là, de cette idée, fort difficile à saisir dans le détail de ses moyens d'application, un principe radicale de nivellement, et un actif élément de barbarie ; car elle conduit à la destruction de la plupart des industries d'intelligence ou de luxe.

Ce serait un autre genre de monnaie substitué au nôtre, et de monnaie d'un cours indécis, variable, d'une émission illimitée, d'une circulation compliquée et d'une diversité infinie. Il est probable que les abus d'une semblable fiction conduiraient une société à revenir à la création d'une monnaie d'un emploi général, et dont la valeur fût garantie par sa nature même. Telle est précisément notre monnaie actuelle.

Les systèmes de ce genre proviennent de la même source que les attaques à la propriété dont ils sont la conséquence. Tout le monde n'étant pas propriétaire, il paraît plus de décider à bien des rêveurs, que nul ne le sera, que de travailler honnêtement à le devenir. De même, comme chacun n'est pas capitaliste, il est des gens plus disposés à supprimer l'élément du capital, qu'à s'efforcer de le gagner par des moyens légitimes.

Ces doctrines antisociales rêvées par l'impuissance, la paresse ou l'envie, recrutent leurs partisans à la faveur des mauvaises passions, et ne sont, en résumé, que la logique de l'anarchie. Si la nation s'avisait de jeter le numéraire par les fenêtres, ceux qui applaudiraient le plus ne seraient pas les derniers à le ramasser (et toc ! ajout personnel)

Francis Wey, l'Illustration du 26 août (écrit dans l'effervescence révolutionnaire)

C'est vaste. L'année permettrait peut-être d'affiner.

C'est une année dont les chiffres porteraient doublement bonheur en Chine si parmi eux ne se glissait un chiffre porte-malheur.

L'an 884 ? 488 ? 848 ?

le sieur est né en 1812, et mort en 1882.

A partir de là, je ne saurais dire quand exactement il aurait écrit ça, mais des effervescences révolutionnaires, il a pu se faire une idée sur celles de 1830, 1848, et 1870. Au choix

Avec les indices de 155, on peut supputer 1848...

Oui. 1848.
Le "4" en chinois se prononce comme la mort, entre deux "8" —chiffre qui rappelle la coloquinte qui, évidée, servait à conserver la pharmacopée de l'empereur, et qui était donc symbole de santé et de longévité. Fu (Lu) Shou

Hormis cela, la pire année pour l'Europe où notre merde a essaimé.

ET pourtant… Voilà ce qu'a écrit un sieur En.T. dans une fiction de 1848 où il s'imagine en 1858, contemplant dix années d'œuvre républicaine :

"On a eu quelque peine à faire comprendre aux femmes politiques, socialistes et moralistes, que leur immixtion dans les affaires publiques ne servirait ni elles ni l'état ; que quelques unes de ces dames, fatiguées de la monotonie du foyer, et de la tyrannie de éditeurs, qui reculaient devant l'impression de leurs palingénésies littéraires, voulaient à toute force courir la bague dans le carrousel législatif. Le ridicule a fait bonne justice de ces prétentions féminines ; nous n'avons pas plus qu'autrefois des représentantes du peuple, des orateures ou des générales. Les femmes ont fini par se résigner à enseigner à leurs enfants l'amour de la patrie. Cornélie n'avait pas besoin de commander des armées pour acquérir une célébrité immortelle ; elle se contentait d'être la mère des Gracques."

l'Illustration, 22 avril 1848