Dans les Echos d'aujourd'hui, un projet géant qui prend l'eau
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 175778.php... Et la conclusion de l'article
Après avoir suscité de grands espoirs lors de sa découverte en 2000, Kashagan provoque désormais une certaine gêne dans la profession. « C'est un sujet de déception et de frustration », explique un observateur. « Il est d'ailleurs étonnant que la communauté financière ne réagisse pas plus alors que les parties prenantes investissent beaucoup d'argent sans avoir une grande visibilité sur les risques et la maîtrise des coûts », ajoute un autre. En lançant l'un des plus gros projets industriels de l'histoire, le secteur semble avoir touché ses limites en termes de maîtrise technique et de management. Et avoir reçu une leçon de modestie. Après Deep Water Horizon l'an passé, il semblerait que les compagnies pétrolières éprouvent de sérieuses difficultés techniques pour la mise en exploitation de nouveaux gisements.
Dans les Echos d'hier, un écart de prix historique entre le brent de la mer du nord (120 $ le baril) et le WTI de New York (100 $ le baril)
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 175647.phpQuel est le bon prix ? Celui de New York ? Celui de Londres ? Pourquoi un tel écart ?
Si on fait la synthèse d'autres articles plus anciens tirés du Figaro
- L'Agence Internationale de l'Energie poussait pour une augmentation des quotas de l'OPEP
- Une semaine avant la réunion de l'OPEP, un article titrait sur une possible augmentation des quotas de l'OPEP
- Suite à la réunion de l'OPEP, l'AIE a dénoncé l'attitude "irresponsable" des dirigeants de l'OPEP... Qui a fait flamber le cours du Brent, tandis que le WTI restait de marbre
Bon évidemment, ils ont annoncé que l'Arabie Saoudite allait augmenter unilatéralement sa production... Sauf qu'elle avait déjà fait cette annonce au début des opérations en Lybie, et que sa production a chuté de 10% au mois d'avril... Et ça n'explique pas ces effets d'annonce autour d'un relèvement des quotas de l'OPEP, ni l'agacement de l'AIE, si le pétrole saoudien devait suffire à lui seul.
Il y a aussi cette annonce des Etats Unis de ne plus financer d'études sur la consommation et la production de pétrole. Cet aveu de Fillon sur le fait que le Peak Oil serait derrière nous (si quelqu'un a un article qui en parle, je suis preneur !)
... Et cet article qui laisserait à penser que les travaux de l'AIE sont bidonnés depuis 2005. En gros, les gars ont recoupé des données collectées directement auprès des pays producteurs de pétrole (JODI) regroupant 90% de la production mondiale, les ont complétées avec les données disponibles auprès de l'AIE pour les autres pays, fait les totaux, et constaté des écarts significatifs avec les données de l'AIE, l'écart allant en s'accroissant depuis 2005.
http://www.theoildrum.com/node/7949Bon, maintenant, il reste l'explication tentante de mouvements purement spéculatifs, mais il y a des événements bien réels
- Les troubles lybiens ont privé le marché de 1,5 millions de barils quotidiens
- L'incapacité des compagnies pétrolières à mettre en service le gisement géant au Kazakhstan 'prive' aussi le marché de 1,5 millions de barils
- La chute de la production saoudienne en avril a privé le marché de 700 000 barils
- Les difficultés rencontrées par les compagnies pétrolières pour mettre en exploitation les gisements à grande profondeur
- La montée en puissance de la Chine, devenue le premier consommateur mondial d'énergie (gaz, pétrole, charbon,...)
- Les coupures d'électricité en Chine qui affectent des producteurs de fer, d'aluminium,... (ce sont des mesures de rationnement)
Bien sûr, rien n'est impossible, mais cela donne l'impression d'un joueur qui a tripatouillé son bilan comptable en espérant se refaire... Jusqu'au moment où la trésorerie sera tombée complètement à sec, rendant le dépôt de bilan inévitable. On pourra aussi comparer avec l'affaire Madoff, et avant cela, Enron / Arthur Andersen,...
Un pétrole bon marché est indispensable au bon fonctionnement de l'économie américaine (ils consomment 2 fois plus d'énergie par habitant que les Européens, qui consomment 2 fois plus que les Chinois). L'AIE représente les pays consommateurs de pétrole, et dépend des Etats Unis, qui ont tout misé sur l'exploitation des pétroles et du gaz non conventionnels (gaz et pétroles de schistes, schistes bitumineux, offshore profond,...). Le pari pouvait sembler raisonnable, à condition de le réussir.
NB : Toutes ces agences qui se sont développées ces dernières années, et avec elles les cabinets de conseil, ont tous pour particularité de dépendre soit de subventions soit des commandes de leurs clients (ou mécènes). Il y a les rapports confiés aux clients, et les communiqués publics. Il y a les conclusions qu'on tire soi-même, et l'autocensure.
Valà valà...