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Tradosaure
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 Sujet du message: Economie & HEC par Florence Noiville
MessagePublié: 24 Juil 2011 01:32 
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Voici un ancien article au sujet du livre "J’ai fait HEC et je m’en excuse…" de Florence Noiville – Septembre 2009

"Cette crise ne peut être dissociée du mode de formation des élites économiques et
financières. Elle découle largement sinon de la mise en oeuvre de techniques apprises
dans les business schools, du moins de ce qu’on pourrait appeler l’esprit d’un
capitalisme sans garde-fous que, finalement, nous avions été formés à servir.
En écrivant cela, mon propos n’est pas de stigmatiser une école, ni même toutes
les écoles de management. Encore moins de condamner rétrospectivement
l’enseignement reçu à HEC. Il est de poser la question de la responsabilité des écoles
de commerce aujourd’hui eu égard aux changements qu’il parait urgent d’introduire
dans l’enseignement pour tirer les conséquences de la crise de 2009.
C’était le début de la finance hors sol. On commençait à faire de la finance pour la finance,
comme on dit l’art pour l’art. Sans contact avec le réel et avec comme seul horizon un court terme
désolant. C’est là, il y a vingt ans, que j’ai commencé à me poser de sérieuses questions sur les
business schools. J’ai compris qu’elles fonctionnent comme d’énormes aspirateurs de talents, se
nourrissant des meilleurs et les transformant en crétins. Elles façonnent des types pour qui
l’entreprise est un tableau Excel, la langue le globish et le projet l’enrichissement personnel. Je ne
voulais pas être une enfant de la génération bonus. […] Et quand des étudiants, actuellement en
scolarité sur le campus m’expliquent que le cours de morale des affaires n’est pas obligatoire parce
que l’éthique c’est du pipeau, je ne regrette vraiment pas le titre de ce livre.
Repensons en effet aux deux « disciplines reines ». Voyons ce que la finance a produit
« L’économie toute entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant
appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille
accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais sans doute une telle instabilité
potentielle n’était apparue avec une telle menace d’effondrement général. » C’est le prix Nobel
d’économie Maurice Allais qui écrivait cela dans le Figaro, dès 1998, pendant la crise financière
asiatique. Maurice Allais ? Un vieux schnock, ont sans doute pensé mes camarades qui, à l’époque,
à la City, à Walll Street ou à Hong-Kong, pensaient plutôt à maximiser leurs bonus.
Et le marketing, de son côté, qu’a-t-il produit ? Une surconsommation fébrile. Une
« gigantesque pyramide » de faux besoins et de frustrations graves avec, comme jamais, des
risques de surproduction, de chômage massif, de gaspillage irréversible des ressources naturelles.
Bref, une société qui marche sur la tête en survalorisant ses marchands au détriment de ses
chercheurs, de ses infirmières, de ses professeurs… […]
Le propos de ce livre ? Alerter et secouer. Contribuer à rappeler que ce que l’on apprend dans
les écoles de management ne peut plus être considéré comme le fondement d’une économie
durable, encore moins d’une « politique de civilisation ».
[…]
J’interroge des anciens élèves.
« Tu vois, […], j'ai davantage appris à briller dans l'instant qu'à construire sur le long terme. Je
n'ai rien appris sur la valeur du temps, la durabilité, la ténacité, les qualités humaines qu'il faut
développer pour devenir un bon manager, efficace et vertueux. » […]
Une autre : « Nous avons reçu un enseignement pauvre, appauvrissant. Les écoles de
commerce ont une responsabilité dans la crise, en ayant stoppé la formation humaine et morale
des dirigeants, en mettant aux commandes des managers nourris d’élitisme et de culture de la
performance, en survalorisant la réussite économique. » […]
Une dernière : « La crise signe une forme de faillite des élites. Je n’avais personnellement pas
idée de ce que les financiers faisaient toutes ces dernières années en matière de montages de
crédit […] Quand on se sert de sa capacité à conceptualiser en oubliant complètement de garder
les pieds sur terre et de garder sa capacité de bon sens, tout peut arriver. HEC n’apprend pas
l’humilité, et donc ce genre de comportement n’est pas incompatible avec la façon dont nous avons
été sélectionnés et formatés. De plus, comme un cadre diplômé d’une grande école pense avoir
une valeur marchande importante, l’argent et les bonus incroyables que nombre d’entre eux
touchaient pendant cette période ne les ont pas aidés à retoucher terre et ont renforcé encore leur
impression de toute puissance. »
Nul n’est naïf ou idéaliste. Nul ne croit au meilleur des mondes, mais chacun sent, intimement,
les limites du modèle qu’a été formé – formaté – à reproduire et la nécessité de le conjuguer avec
un nouveau projet de société. Chacun, avec ses mots, plaide pour une réhabilitation des
"humanités", philosophie, psychologie et sciences humaines, histoire économique, éthique… De
vrais savoirs en somme, pas des techniques désincarnées. Tous soulignent en substance combien il
est urgent que les grandes écoles qui forment les leaders de demain leurs proposent "Une
ouverture sur des modèles de réussite différents" et "porteurs de sens". »
[…]
Mais c’est justement cela qui m’intrigue. Tout se passe comme si personne n’avait réellement
prise sur le système. Les uns s’en extraient et fuient le plus loin possible. Les autres, ceux qui
restent à l’intérieur, en diagnostiquent parfaitement les failles, les perversités, les dangers même.
Ils passent leur temps à dire que l’économie ne marche pas, mais continuent jour après jour,
comme s’il fallait bien s’y résoudre. Ils compensent ailleurs, ils écrivent des nouvelles. Mais quand
on leur demande pourquoi ils ne s’organisent pas pour bousculer tout ça, ils disent en substance
« je n’y peux rien, c’est le système ».
N’est-ce pas étrange ? Qu’un employé précaire dise « je n’y peux rien, c’est le système »,
pourquoi pas ? Mais mes camarades ? Ils ont des revenus de pachas, de l’intelligence à revendre,
des réseaux, des moyens et surtout une connaissance exceptionnelle dudit système – un système
où les mécanismes hautement complexes et masqués, font que les non-initiés sont très vite hors
du coup. Comment peuvent-ils dire qu’ils n’ont pas de prise ? Je cherche les dix propositions de
tous ceux qui sont au commandes aujourd’hui, qui fréquentent depuis vingt-cinq ans le système de
l’intérieur, en connaissent parfaitement les faiblesses, sont conscients de sa vacuité, en sont
souvent les plus brillants détracteurs, mais… disent qu’ils n’y peuvent rien.
Pourquoi sont-ils si peu organisés et conscients collectivement ? Comment acceptent-ils, alors
qu’on leur demande d’avoir de l’impact – sur les ventes, sur les résultats… -, comment acceptentils
d’avoir zéro impact sur ce qui est important à leurs yeux et de leur bouche même ? N’est-ce pas
troublant de voir l’élite économique en arriver à dire que l’essentiel se passe ailleurs ou autrement
? N’est-ce pas angoissant de voir ce formidable potentiel d’intelligences et de moyens, si
impuissant devant l’évolution du cours des choses ?"

Source : http://www.reformons-le-capitalisme.fr

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« If you want freedom, take pride in your country. If you want democracy, hold on to your sovereignty. » [Donald Trump]


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 Sujet du message: Re: Economie & HEC par Florence Noiville
MessagePublié: 24 Juil 2011 07:54 
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Simple : cracher sur le système n'est rien d'autre qu'une manière de se dire que quand même, on reste des gars ou des filles bien, on n'y peut rien, c'est le système qui veut ça. Mais en attendant, on continue d'exclure impitoyablement ceux qui sont décidément trop rétifs pour comprendre qu'il est de leur intérêt de se fondre dans le moule. Par contre, ce ne sera pas faute de les avoir prévenus ou de les y avoir gentiment incités (quand je vous dis que ce sont des gens bien !). Mais en réalité, le but visé est uniquement de se rassurer sur sa propre vacuité. Les gens qui réussissent leur ressemblent tous, jusque dans le cynisme. Ca permet de se sentir moins seul, de se dire qu'on est des gens bien. Et les autres qui traînent en marge du système alors qu'ils y avaient leur place ? Ils sont c*** ou quoi ?


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 Sujet du message: Re: Economie & HEC par Florence Noiville
MessagePublié: 24 Juil 2011 11:09 
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Inscrit le: 12 Juin 2009 22:06
Messages: 6021
Je ne comprends pas ta position : procès d'intention contre F. Noiville? Tu préfèrerais qu'elle ne dise rien, n'écrive rien, ne dénonce rien?

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 Sujet du message: Re: Economie & HEC par Florence Noiville
MessagePublié: 24 Juil 2011 11:17 
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Inscrit le: 23 Nov 2010 12:33
Messages: 2784
Citer:
Mais c’est justement cela qui m’intrigue. Tout se passe comme si personne n’avait réellement
prise sur le système. Les uns s’en extraient et fuient le plus loin possible. Les autres, ceux qui
restent à l’intérieur, en diagnostiquent parfaitement les failles, les perversités, les dangers même.
Ils passent leur temps à dire que l’économie ne marche pas, mais continuent jour après jour,
comme s’il fallait bien s’y résoudre. Ils compensent ailleurs, ils écrivent des nouvelles. Mais quand
on leur demande pourquoi ils ne s’organisent pas pour bousculer tout ça, ils disent en substance
« je n’y peux rien, c’est le système ».
N’est-ce pas étrange ? Qu’un employé précaire dise « je n’y peux rien, c’est le système »,
pourquoi pas ? Mais mes camarades ? Ils ont des revenus de pachas, de l’intelligence à revendre,
des réseaux, des moyens et surtout une connaissance exceptionnelle dudit système – un système
où les mécanismes hautement complexes et masqués, font que les non-initiés sont très vite hors
du coup. Comment peuvent-ils dire qu’ils n’ont pas de prise ?


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