La protection des métaux précieux – Partie 1
Quelle peut être la pire angoisse du détenteur de métaux précieux ? Le tourment de ses nuits et son cauchemar diurne.
Qu'ils se ternissent, qu'ils s'altèrent, qu'ils se dissolvent dans le néant, bien sûr !
Et là (hélas), nous verrons notre besogneux numismate, frappant son coeur désormais creux, errer en hululant, tel un Harpagon dépouillé.
Pour éviter cette vision apocalyptique qui glacerait d'effroi, même un contrôleur du fisc frigide, il faudra à notre avare couver ses jaunets telle une poule ses poussins. Mieux, pour terrasser l'ennemi (pas la banale rouille qui ne s'en prend qu'au fer vulgaire, non, le vrai, l'infâme qui terni l'innocent Hercule, d'habitude si rieur quand on l' ...), il nous faudra comprendre d'où lui vient son fiel, son venin maudit.
Cet ennemi, mes amis, a un nom : oxydation. Déjà, le voile se déchire, le soupçon nous saute aux yeux, un nom pareil : tout plein de ixes et de ygrècs, nous fait deviner la marque de la sournoisitude et de la méchanterie.
Oxydation ! A le taper, j'en tremble d'effroi ! Mais, qu'est-ce donc que cela ?
Commençons par le commencement. Qu'est ce qu'un atome ? Un noyau (une boulette de matière chargée positivement) entourée d'un nuage d'électrons (chargés négativement) qui gravitent autour. L'ensemble est électriquement neutre, vu qu'il y a autant d'électrons que de charges positives dans le noyau (pour les curieux : des protons, mais on s'en fout).
Prenons un exemple : un métal très oxydable, le sodium. Le sodium est un métal mou à température ambiante. Il se coupe facilement avec un couteau, c'est un peu plus dur que du beurre. La coupe récente est d'une belle couleur brillante argentée, elle se terni et blanchi rapidement au contact de l'air. Si on le chauffe un peu, il s'enflamme spontanément à l'air. Attention, n'essayez pas ça chez vous. Sa combustion va dégager des vapeurs extrêmement corrosives, les respirer vous brûlerait immédiatement les poumons. Sans greffe dans les 5 minutes, le bonheur de vos héritiers sera complet. « Super, le vieux est crevé, à nous les jolis jaunets ! ». Bien sûr, ils le diront tout bas pour que les voisins n'entendent pas (les gens sont si médisants !). Et puis, il faut savoir rester digne dans le malheur. Il faudra également éviter de tenter d'éteindre l'incendie avec de l'eau, car elle réagirait avec le sodium pour dégager de l'hydrogène, gaz un peu passé de mode depuis le barbecue géant du Zeppelin Hindenbourg.
Bref, notre atome de sodium est peinard, avec ses copains. Quand, tout à coup, passe par là une molécule de chlore (composée, schématiquement, de deux atomes de chlore se tenant par la main). Ceux-ci se précipitent sur l'atome de sodium (comme la vérole sur le bas clergé) et réagissent pour lui arracher un électron. Résultat des courses : on obtient un ion sodium (noté Na+) et un ion chlorure (noté Cl-). L'ion sodium est positif vu qu'il s'est fait braqué un électron, l'ion chlore est négatif vu qu'il a récupéré l'électron du sodium. Au bilan, les deux ions restent collés l'un à l'autre par l'effet des forces électrostatiques. Nous avons obtenu un sel : le chlorure de sodium (aussi appelé sel de table, mais, ça fait moins classe). Le sodium (métallique) et le chlore d'origine ne sont pas solubles dans l'eau alors que le chlorure de sodium y est soluble (comme la plupart des sels, car il s'y dissocient, l'ion Na+ va de son coté, l'ion Cl- allant du sien).
Les plus attentifs d'entre vous auront remarqué que je n'ai nulle part parlé d'oxygène (c'est exprès, Yark ! Yark ! Yark !). Pourtant, le sodium a bel et bien été oxydé (et le chlore réduit). A retenir pour ce soir : oxydation = perte d'électron(s)
Pourquoi, comment prévoir, quelles implications pour les métaux précieux ?
La suite au prochain épisode, dès que ma nombreuse marmaille hurlant et ma femme nymphomane (ceci expliquant cela) me laisseront un peu de temps libre.
Fred92
A suivre ...
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Léonid BREJNEV (humoriste involontaire)
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