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Tradosaure
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 Sujet du message: Crise économique : la guerre des monnaies a-t-elle débuté ?
MessagePublié: 18 Mar 2013 18:44 
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Inscrit le: 19 Sep 2011 16:51
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C'est à grands coups de dévaluations que les plus grandes puissances redressent leurs économies pendant que l'Europe s'écroule sous un euro surévalué, coincée par sa banque centrale et ses politiques d'austérité.



Si les ministres des finances réunis à Moscou le 20 février dernier ont tenté de faire croire qu'ils coopéraient au niveau monétaire, la réalité est bien différente : la guerre des monnaies a débuté, et n'en déplaise à la directrice du FMI, Christine Lagarde qui estime l'expression "exagérée", celle-ci est en train de modifier sensiblement la compétition économique mondiale. Mais si cette guerre des monnaies est véritablement en cours, comment fonctionne-t-elle, avec quelles conséquences et comment la zone euro peut-elle se défendre, elle qui en est la première victime ?


Créer de la monnaie

Quand une économie va mal, que son marché du travail est moribond, que la relance par l'investissement n'est plus possible à cause de déficits trop importants ou de politiques budgétaires l'interdisant, il y a une solution : la création monétaire pour activer une dévaluation compétitive. Les Etats-Unis font donc tourner la planche à billets via la Réserve fédérale (la FED, la banque centrale américaine , NDLR) depuis trois bonnes années. Ce qui est appelé techniquement "Quantitative easing" en jargon économique est une opération pratiquée depuis que les banques centrales existent.

Quelles en sont les tenants et les aboutissants ? L'économie américaine est inondée de liquidités qui bénéficient aux investisseurs et aux consommateurs. Cette relance par la création monétaire a des conséquences sur la première économie du monde émettrice de la monnaie de référence, le dollar. Celui-ci s'affaiblit de façon artificielle et permet d'augmenter les exportations : plus une monnaie s'affaiblit vis à vis des autres (par la création monétaire), plus les exportations sont facilitées puisque les bien exportés sont moins chers.


Relance économique

Reste l'inflation, c'est-à-dire pour simplifier, l'augmentation des prix, puisque c'est l'une des conséquences mécanique de l'émission de monnaie. Particulièrement, l'augmentation des prix des biens d'importation. Mais cette inflation est compensée par la création monétaire qui permet une relance de l'économie par la dévaluation : les ménages consomment plus de biens nationaux puisque les importations sont plus chères, l’industrie domestique croît, l'emploi s'améliore, les recettes publiques augmentent. Le Japon s'est empressé de suivre la politique de création monétaire américaine en rachetant des actifs pour créer des liquidités et permettre la dévaluation du yen, amenant ainsi de meilleures exportations, avec une inflation qui va doubler (à 2% au lieu de 1%, ce qui n'est pas excessif) mais une consommation intérieure qui s'améliorera mécaniquement. Le nouveau gouverneur de la banque centrale nippone, Haruhiko Kuroda, partisan d'une politique monétaire très accommodante, ne va certainement pas changer cette orientation. La compétition économique par la dévaluation bat donc son plein, avec un G20... qui condamnait ces pratiques il y a un mois et un G7 qui s'en inquiète mais ne fait rien contre !


En Euroland, pas de dévaluation compétitive

Plus une monnaie est appréciée, donc forte par rapport aux autres, plus s'applique le phénomène de modération salariale : exporter reste cher, les salaires sont alors maintenus au plus bas. Ce que fait l'Allemagne. Comparativement, la Chine (dont la monnaie est sous-évaluée de 40%, et qui est la nation la plus exportatrice au monde), est obligée d'augmenter les salaires en permanence. Dévaluer l'euro en tant que tel, qui est une monnaie unique, est donc possible mais uniquement par l'augmentation des salaires, puisque la création monétaire n'est pas autorisée par la BCE, cantonnée à surveiller les déficits et dettes publiques et… contenir l'inflation. Augmenter les salaires déprécierait pourtant l'euro, fortement surévalué, mais l'Allemagne s'y oppose : Angela Merkel se félicite de l'euro fort qui lui permet… de contenir les salaires.

La zone euro a décidé de se consacrer à la réduction des déficits de ses pays membres, entraînant une impossibilité de relancer la croissance, un déficit de compétitivité généralisée à l'exception de l'Allemagne dont la spécialisation industrielle et le dumping social entamé il y a 10 ans (les salaires allemands sont gelés, 6 millions d'employés sont payés à moins de 5 euros de l'heure) lui permettent de se maintenir jusqu'alors dans la compétition mondiale. Situation enviable qui ne durera pas obligatoirement très longtemps au vu des problèmes sociaux générés par cette politique économique qui paupérise une partie non négligeable de la population allemande.


Plus dure sera la chute ?

Ce que certains refusent d'appeler la guerre des monnaies est pourtant bien en train de se jouer : Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Honk-Kong, Singapour dévaluent leur monnaie au grand dam des pays européens qui voient leur commerce extérieur chuter sans fin, la croissance stagner, le chômage augmenter.


Avec un problème majeur qui ne tardera pas à survenir dans cette course à la dévaluation et qui peut légitimement inquiéter : les afflux de liquidités dans les économies des pays émergents pourrait créer une trop forte appréciation de leur devise qui influerait alors directement sur leur compétitivité à l'exportation. Au final, l'économie mondiale pourrait subir un contrecoup très inquiétant de la guerre des monnaies en cours : si les dévaluations se généralisent, leurs effets peuvent s'inverser et créer une hyper inflation mondiale. L'explosion des prix qui s'en suivrait sur la planète pourrait mener à des tensions entre pays concurrents, mais aussi des conflits sociaux très importants : la recette à la sortie de crise ne semble pas encore trouvée…


http://www.tv5.org/cms/chaine-francopho ... ebute-.htm


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 Sujet du message: Re: Crise économique : la guerre des monnaies a-t-elle débuté ?
MessagePublié: 18 Mar 2013 19:16 
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Inscrit le: 02 Déc 2011 13:38
Messages: 642
Maintenir une monnaie forte quand le pays continue d'exporter est tout à fait logique.

Tes exportations se vendent plus cher à l'étranger, et tu importes moins cher. Que demande le peuple?

Tant que l'Allemagne continue à autant exporter, elle n'a aucune raison de vouloir la dévaluation de l'euro. Au contraire, plus il monte, plus elle est gagnante.

Elle changera d'avis quand l'euro sera trop haut pour elle, pas pour l'Europe.


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 Sujet du message: Re: Crise économique : la guerre des monnaies a-t-elle débuté ?
MessagePublié: 18 Mar 2013 19:38 
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Inscrit le: 12 Jan 2010 18:18
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Localisation: Poitou
steinfield a écrit:
Maintenir une monnaie forte quand le pays continue d'exporter est tout à fait logique.

Ton exportations se vendent plus cher à l'étranger, et tu importes moins cher. Que demande le peuple?

Tant que l'Allemagne continue à autant exporter, elle n'a aucune raison de vouloir la dévaluation de l'euro. Au contraire, plus il monte, plus elle est gagnante.

Elle changera d'avis quand l'euro sera trop haut pour elle, pas pour l'Europe.


+1

L'Allemagne ne craint pas l'euro fort car elle a son hinterland industriel en Europe orientale, lui permettant de produire du semi fini à peu de frais.
Le reste de l'assemblage est effectué par des millions d'ouvrier allemands sans smic.

Il est évident alors que l'euro fort permet d'atténuer l'effet de pauvreté des millions de travailleurs, qui consomment dans les hard-discount ce qui deviendrait hors de prix s'il l'euro baisse trop.

Mais le cycle peut se retourner rapidement, et les allemands découvriront alors par eux-mêmes qu'ils ont moins de pouvoir d'achat que beaucoup de français et d'italiens...

_________________
"Les personnes âgées vivent trop longtemps, il y a un risque pour l'économie mondiale. Il faut faire quelque chose, rapidement ! " Christine Lagarde, FMI


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 Sujet du message: Re: Crise économique : la guerre des monnaies a-t-elle débuté ?
MessagePublié: 18 Mar 2013 22:43 
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Inscrit le: 05 Jan 2009 22:27
Messages: 3884
vdp86 a écrit:
steinfield a écrit:
Maintenir une monnaie forte quand le pays continue d'exporter est tout à fait logique.

Ton exportations se vendent plus cher à l'étranger, et tu importes moins cher. Que demande le peuple?

Tant que l'Allemagne continue à autant exporter, elle n'a aucune raison de vouloir la dévaluation de l'euro. Au contraire, plus il monte, plus elle est gagnante.

Elle changera d'avis quand l'euro sera trop haut pour elle, pas pour l'Europe.


+1

L'Allemagne ne craint pas l'euro fort car elle a son hinterland industriel en Europe orientale, lui permettant de produire du semi fini à peu de frais.
Le reste de l'assemblage est effectué par des millions d'ouvrier allemands sans smic.

Il est évident alors que l'euro fort permet d'atténuer l'effet de pauvreté des millions de travailleurs, qui consomment dans les hard-discount ce qui deviendrait hors de prix s'il l'euro baisse trop.

Mais le cycle peut se retourner rapidement, et les allemands découvriront alors par eux-mêmes qu'ils ont moins de pouvoir d'achat que beaucoup de français et d'italiens...

Et, surtout, 63% des exportations allemandes se font vers l'UE (http://www.tatsachen-ueber-deutschland. ... ndial.html).
L'euro, dont le taux de conversion a été fixé trop bas (dsl, j'ai perdu le lien), a permis une véritable dévaluation compétitive contre les autres pays de l'UE.
Pour avoir une idée de la "modération salariale" à la sauce allemande, il suffit de voir ce graphique (Coûts unitaires de main-d'oeuvre en 2008, base 100 en 1998):

Image

Je ne sais pas combien de temps le "modèle allemand" va encore tenir, mais si la zone euro vacille, l'Allemagne va avoir très mal.

Fred92

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Chez nous, il n’y a pas de parti d’opposition parce que nous pensons qu’une opposition pourrait troubler les rapports affectueux qui unissent le gouvernement au peuple.

Léonid BREJNEV (humoriste involontaire)


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