Léonard vient dans un mail ce jour de livrer quelques réflexions dont voici un extrait ...
...En revanche, j'estime avoir toujours suffisamment de recul et d'intuition pour prévoir comment tout cela va finir. L'élément déclencheur? Peu importe. Voyez comment le krach de 2008 avait été déclenché par la crise des subprime. Le monde de la finance est suffisamment pourri et les banques centrales suffisamment mal prises pour nous garantir une prochaine crise (le point de non retour est déjà dépassé depuis de nombreuses années) : le marché astronomique des produits dérivés, les manipulations de certains marchés par des grosses banques (voir aussi les risques sur le COMEX pour l'or et l'argent), le marché immobilier chinois, la situation tendue pour certaines matières premières, les diverses spéculations qui vont inévitablement entretenir quelques bulles et autres dérives ici ou là grâce à des liquidités beaucoup trop abondantes, avec bien sûr au premier plan l'insolvabilité des États et une crise monétaire inéluctable d'ici quelques années.
Plus j'étudie les marchés et plus je me dis que le monde de la finance est devenu une véritable abomination depuis l'abandon des monnaies solides. Nous nous dirigeons vers une punition collective de type biblique (le veau d'or de l'image ci-dessous pourrait bien ressembler à l'adoration actuelle du taureau de Wall Street!). Plus je sens l'atmosphère qui règne sur notre planète et plus j'y vois les marques d'une décadence qui accompagne la fin d'une ère. Et comme pour les marchés boursiers, lorsque vous pensez que le mouvement ne peut plus raisonnablement encore grimper (ou baisser), hé bien il grimpe encore (ou baisse encore) jusqu'à l'écœurement total des participants qui parient contre lui. On observe très bien cela à la fin d'une tendance de très long terme, juste avant le retournement. Il faut convaincre les derniers sceptiques que la tendance ne peut que continuer à l'infini. La dérive actuelle de notre société de consommation fera de même. Lorsqu'on pense que l'homme va enfin se réveiller et freiner son appétit de croissance devant les preuves évidentes des désastres écologiques, hé bien il arrive à consommer encore plus (voir les projections de consommation de matières premières pour le monde d'ici quelques années...). Plus d'énergies non renouvelables, plus de poissons pêchés dans les mers, plus d'huile de palme, plus de bois exotique, plus de métaux rares, plus de défenses d'éléphants ou de cornes de rhino, plus de gibier, plus de tout!!! Globalement, on a l'image d'un individu d'une cupidité et d'une stupidité sans borne. Beaucoup plus stupide que le renard du désert raconté par Saint-Exupéry, lorsqu'il laisse un escargot sur chaque arbre qu'il visite afin d'assurer sa subsistance future. Je pense que l'homme et en particulier le monde de la finance va encore déployer des trésors d'ingéniosité pour que la tendance actuelle se maintienne le plus longtemps possible. Les limites sont proches, mais on pense que l'on peut encore pousser la merveilleuse mécanique inflationniste pendant une ou deux générations ("Après nous le déluge" : voilà la mentalité qui règne chez nos politiques).
Vous avez sans doute déjà lu cette analyse de Egon Von Greyertz intitulée "Après nous le déluge" (voir le lien). Elle contient des vues que je trouve très lumineuses sur la situation actuelle de la société (et aussi sur le marché de l'or).
http://goldswitzerland.com/index.php/ap ... eluge-evg/Je trouve que la peur d'un krach bis de type 2008 est encore très présente chez beaucoup d'analystes. En tant que contrarien, je doute que l'on assiste à un krach de type 2008 en 2011. Tout simplement parce que trop de monde pense à ce scénario. Qui pensait au scénario d'un krach en 2008, mis à part des déflationnistes qui le prédisaient pour chaque année depuis 2001? Quant à l'or, il n'a évidemment pas encore fait de correction majeure depuis plusieurs années, mais on a vu que sa tendance était entrée dans une phase de hausse accélérée (on suit à présent la moyenne mobile exponentielle à 150 jours pour le cours de l'or en dollars, en tant que moyenne mobile de long terme, depuis le creux de 2008). La phase suivante pourrait encore accélérer le cours de l'or, une fois les $2000 franchis. Évidemment, une correction intermédiaire ne peut être totalement exclue, raison pour laquelle détenir un peu de cash est une gestion prudente de son portefeuille. Dans l'immédiat, je vois assez bien le mouvement correctif se terminer sur la moyenne mobile exp à 150j, située aujourd'hui vers $1443, histoire de reprendre des forces et de secouer un peu le cocotier pour en faire tomber quelques mains faibles. Les mines d'or ont déjà anticipé ce mouvement.
A l'heure actuelle, Marc Faber prévoit 3 mois de pause pour les métaux précieux, tandis que Jim Sinclair (un expert indépendant du marché de l'or) envisage un retour plus rapide à de nouveaux stimulis monétaires (QE3 ou autre programme de soutien à l'économie) et une reprise rapide de la hausse pour le cours de l'or.
Un phénomène m'avait un peu inquiété dernièrement : la sous-performance des mines d'or vis-à-vis de l'or. Je n'avais pas le souvenir d'une baisse aussi violente du ratio HUI/OR sans que l'or ne soit entraîné un peu plus tard dans une correction majeure. A la surprise de tout le monde, l'or n'a pas suivi (ou très mollement) et les mines d'or semblent sur le point de produire une divergence haussière, plutôt de bonne augure. En tout cas, les mines d'or sont relativement bon marché aujourd'hui contre l'or (au même niveau que lorsque l'or valait $1000). L'or en francs suisses est également bon marché. Si je devais me prononcer, je dirais que la prochaine grande crise (avec plongeon des bourses de plus de 30%) n'est pas pour tout de suite (malgré ce qui se passe en Grèce), mais que le marché de l'or va l'anticiper et continuer de grimper cet automne ou même avant, à l'étonnement de tous ceux qui voient une bulle sur le marché des métaux précieux. La politique des banques centrales pour détruire la valeur de leur devise est le soutien le plus sûr pour les marchés boursiers (en valeur nominale) et l'or. La crise de la dette US, c'est le plat de résistance qui viendra d'ici quelques années, mais autant les banques centrales que les investisseurs privés avisés l'anticipent aujourd'hui même, en profitant de l'acheter au-dessous de $1500, niveau que certains jugent surfait (les mêmes qui jugeaient le prix de l'or surfait à $500). Tous ces bruits de bulle autour du marché de l'or vont malheureusement tenir le grand public à distance de ce marché, et c'est très dommage pour leurs économies durement gagnées!
A bientôt,
Léonard