Argentum Aurum a écrit:
Cette société est à l'extrème bout de Manhattan, très près de Wall Street. C'est la partie la plus basse de la ville. De plus, leurs bureaux et le stock sont sous-terre.
Alors, amha, on peut leur laisser le bénéfice du doute car je sais que si le Nyse est rouvert, ce n'est pas le cas de beaucoup de société, même en hauteur car la majorité de sous-sols et parkings du bas de la ville sont encore sous-eau et/ou hors d'état.
C'est des Ferrero Rocher leurs lingots d'or ? Et ils ont mis un mois plein pour se rendre compte après le passage de la tempête Sandy qu'ils ne pourraient pas honorer les demandes de livraison pour l'échéance de décembre ? En fait, ils ont même fait mieux : ils ont attendu la veille de la clôture des options pour passer cette annonce.
Franchement, je pense que s'ils avaient annoncé dès le lendemain du passage de la tempête que leurs locaux étaient noyés et les systèmes de sécurité en rade, tout le monde aurait trouvé normal qu'un détachement de la garde nationale soit mobilisé pour protéger l'entrepôt et aider à mettre rapidement en lieu sûr le contenu des salles fortes dans un autre entrepôt, non noyé, celui-là. Par exemple celui de la Réserve Fédérale de New-York. Et tout le monde aurait trouvé qu'un mois plein pour s'atteler à cette tâche serait amplement suffisant. De plus, on parle d'une tempête qui avait été annoncée une semaine à l'avance. Ils n'ont pas su prendre leurs dispositions ? Et quand bien même ils n'auraient pas pu évacuer, Goldman Sachs a su prendre ses dispositions en érigeant des murs de sacs de sable pour protéger son siège qui s'est lui aussi retrouvé les pieds dans l'eau. Cela commence à faire beaucoup de manquements.
Franchement, je peux me tromper, mais si jamais cette nouvelle est bien ce qu'elle semble être, à savoir un défaut de livraison camouflé en cas de force majeure, alors cela signifie que les entrepôts du CME Group qui gère le marché des métaux précieux new-yorkais, le COMEX, sont vides. Et même si ce n'était pas le cas, le simple fait que les investisseurs se précipitent pour rafler toutes les quantités d'or sur lesquelles ils pourront mettre la main, au cas où, suffirait à provoquer une hausse des cours de l'or jamais vue.
Et puis, on sait que les importations d'or de la Chine via Hong Kong représentent dores et déjà près de 600 tonnes sur les 9 premiers mois de l'année. C'est six fois plus que les importations de toute l'année 2010. Et avant 2010, la Chine n'importait quasiment pas d'or via ce canal. La Chine a également mis la main, cette année, sur 45% de la production des mines d'or australiennes. A ce rythme, la Chine aura fait rentrer sur son territoire près de 800 tonnes d'or via Hong Kong, auxquelles il faut ajouter 125 tonnes en provenance d'Australie (ce sont les données de production pour l'année 2011). Total 925 tonnes (je ne compte pas la production minière nationale, soit 345 tonnes, qui reste de toutes façons à l'intérieur du pays). Un tiers de la production minière mondiale annuelle (2 800 tonnes). L'Iran importe également beaucoup d'or, et n'en achetait pas ou très peu avant d'avoir été coupé du système financier international. Il faut rajouter 400 tonnes d'or pour ce seul pays. Avant 2009, les banques centrales occidentales vendaient 600 tonnes d'or par an environ. Aujourd'hui, elles n'en vendent plus. Et les banques centrales des autres pays du monde achètent 400 tonnes d'or par an (non compris la Chine et l'Iran).
Au total, on se retrouve avec un basculement de la demande annuelle de près de 2 325 tonnes, ce qui est énorme rapporté à la production mondiale de 2 800 tonnes. Même en se montrant prudent et en ramenant ce total aux environs de 2 000 tonnes, il ne resterait toujours que 800 tonnes pour répondre à la demande ailleurs dans le monde. En Inde qui achète environ 1 000 tonnes par an. Mais ramenons cela à 800 tonnes. Total 2 800 tonnes. La totalité de la production minière annuelle. Encore faut-il remarquer que les 190 tonnes produites chaque année en Russie ne quittent jamais le pays. Pareil pour les 345 tonnes des mines chinoises. On arrive à un déficit d'approvisionnement d'un peu plus de 500 tonnes, et on n'a toujours pas abordé la question des achats d'or en Amérique du Sud, au Proche et au Moyen Orient, en Europe, en Amérique du Nord, et au Japon. Même les Français sont devenus des acheteurs nets ces dernières années, puisqu'on est passé d'un flux net de ventes de 20 tonnes/an à des achats nets de 7 tonnes/an.
Et finalement, en admettant que ce soit vraiment un cas de force majeure, il n'en demeure pas moins que l'or stocké dans ces entrepôts est indisponible, et ceci pour une durée indéterminée. Un peu comme le Rassemblement-UMP de Fillon qui vient d'être créé pour une durée indéterminée. Un peu aussi, puisque nous sommes en France, comme les contrats de travail à durée indéterminée, qu'on préfère généralement aux contrats à durée déterminée. La question n'est même pas de leur laisser le bénéfice du doute, elle est de saisir toutes les implications d'un défaut de livraison, dans un contexte de tension extrême sur les approvisionnements.