J'adore les ventes aux enchères. Ce que je tire de mon expérience personnelle (et qui donc ne regarde que moi):
- les premières 10 à 30 minutes, chacun s'observe dans la salle, le public n'est pas encore "chaud", les 20-30 premiers lots partent à des prix relativement faibles comparativement à la période "chaude". C'est durant ce temps que les repères et les marques sont pris. Le niveau de prix du premier quart d'heure va influencer toute la vente. C'est pour éviter le risque de vente à perte que les plus belles pièces ne sont jamais proposées en début de vente avant que la salle n'ait un peu chauffé.
- Chaque vente est différente: si la salle est demandeuse, les prix vont flamber dès le premier lot et peu de bonnes affaires, si la salle est molle, les prix vont se détendre et ils peuvent fluctuer au cours de la séance, parfois avec de grandes amplitudes. Parfois il y a des feux de paille et le public flambe tout sur les premiers lots et puis la seconde moitié c'est les soldes.
- Une fois que la salle a "chauffé", c'est à ce moment que les pièces vedettes arrivent et les prix montent. L'emballement personnel peut être proportionnel à l'effet de masse. C'est le moment le plus dangereux pour placer des enchères sur un coup de tête.
- S'il y a deux objets identiques ou fort similaires qui sont mis en vente et que le premier attire assez bien de demande (beaucoup d'enchères), le second partira toujours plus cher. C'est psychologique: les enchérisseurs vont laisser filer le premier sachant qu'ils pourront toujours se refaire sur le second. Mais s'ils veulent vraiment l'objet, ils n'auront pas le choix que d'enchérir à mort sur le second. J'ai vu des bijoux et des pierres varier du simple au double de la sorte.
- Par contre, s'il y a plusieurs objets (plus de deux) similaires qui attirent peu de demande, l'avant-dernier ou le dernier partiront à presque rien.
- Si les enchères flambent d'entrée de jeux, elles se calment radicalement après la pause. D'ailleurs le commissaire-priseur risque de ne pas appeler de pause tant que les prix ne monteront pas un peu, par contre s'ils deviennent indécents et que la salle perd la tête, il calmera le jeu en appelant un break de 15 minutes, histoire de se rafraîchir.
- Le dernier tiers/quart d'heure, les prix repartent à la baisse, conformément et en proportion de deux paramètres: 1. les acheteurs sont tout flambé et sont fauchés et ne savent pas payer, surtout dans les salles qui demandent paiement comptant/cash. 2. Les gens qui ont eu ce qu'ils voulaient ont quitté la salle, surtout si les prix ont beaucoup monté au début ou si la vente comptait beaucoup de pièces remarquables. Si la salle s'emballe à l'ouverture, beaucoup de découragés vont partir vite et ceux qui sont présents vont payer plus cher et ainsi brûler leur cartouches. Avec un peu de patience vous pourrez facilement trouver quelques bonnes affaires sur des lots parfois "insignifiants" en fin de vente. La patience paie toujours.
- Ne jamais avoir de regrets durant une vente publique aux enchères (VPA). La passion ne doit pas l'emporter sur la raison, à moins que vous n'ayez raté l'occasion unique de toute une vie, les occasions en VPA se trouvent plus facilement que vous ne pensez. Bien acheter en VPA est un art qui se cultive et qui requiert un minimum de pratique. Ne vous comportez jamais durant cette vente comme si c'était la dernière.
- Le langage corporel et les jeux du regards sont parfois très importants: si le publique contient des "gentlemen" qui systématiquement enchérissent sur les mêmes lots que vous, quelques regards bien avisés pour leur faire comprendre que vous en voulez au moins un vous-même mais que vous pouvez leur laisser une pièce sans trop enchérir s'ils en font autant de leur côté peut vous faire gagner pas mal d'argent. Attention, la connivence explicite est souvent interdite mais la connivence de courtoisie, implicite se produit partout dans toutes les ventes. Ainsi une fois dans une vente dans laquelle il y avait une vingtaine de lots de vins, un autre acheteur me raflait tous les lots assez cher au point que plus personne ne se fatiguait d'enchérir car cela finissait toujours entre lui et moi. Après une dizaine de lots, je l'ai laissé l'avoir pour quasiment rien. Il crût que j'avais laissé tomber mais au lot suivant j'ai fait monter les enchères encore bien plus cher que tous les autres. Il avait compris et m'a laissé gagner les deux lots que je voulais, il a eu l'air d'avoir compris que s'il ne me lâchait pas un petit bout, il finirait par payer plus cher lui-même tous les bouts. C'est ce côté Science Comportementale qui m'amuse beaucoup dans les VAP. J'adore aussi ceux qui veulent se venger sur un autre enchérisseur qui ne les ont pas laissé avoir l'objet qu'ils voulaient en enchérissant systématiquement sur ce que ce dernier enchérit, rien que pour lui faire payer plus cher. Le petit jeu est rigolo lorsque il s'en rend compte et laisse le 'vengeur' remporter un lot qu'il ne comptait jamais acheter. Prudence donc avec vos impulsions.
- Attendez-vous à repartir sans ce que pour quoi vous êtes venu au départ mais par contre repartir avec ce que vous ne penseriez jamais acheter. Il se peut que votre limite ait été dépassé sur les enchères qui vous intéressaient mais que d'autres objets qui n'avaient pas capté votre attention initialement attirent tellement peu d'enchères que vous ne pouviez pas laisser passer une occasion pareille. Parfois c'est même un mal dangereux: le fameux syndrome du "je ne vais quand même pas partir d'ici les mains vides, il faut absolument que j'achète/je remporte quelque chose !". C'est pour cela qu'ils mettent en général les vieux rossignols en fin de vente. Il n'y a pas de mal à avoir des regrets en VPA, les bonnes occasions se représenteront bien assez tôt pour celui qui sait attendre. Il vaut mieux avoir des regrets que des remords (d'avoir acheté cette horreur si cher).
Le mieux c'est de se faire soi-même son expérience et surtout, surtout au grand surtout, se fixer un plafond de dépenses et s'y tenir.
Bon amusement en tous cas !
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