Article de Ouest-France aujourd'hui :
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La création d’une deuxième Journée de solidarité et une hausse de la TVA dans la restauration et le secteur des travaux chez les particuliers sont deux des hypothèses de travail du gouvernement.
Les décisions de lundi suffiront-elles à rassurer les marchés et à ramener les déficits publics à 4,5 % ? « Le budget 2012 sera l’un des budgets les plus rigoureux que la France ait connu depuis 1945. Grâce à ces efforts, nous restons l’un des dix pays au monde avec la meilleure crédibilité financière. » Volontiers martial, François Fillon, le visage grave, a tenu à faire passer le message dès hier, à Morzine, aux maires de Haute-Savoie. Il est vrai que, sur la grande scène du théâtre de la crise européenne, le Premier ministre joue le rôle du porteur de mauvaises nouvelles.
L’incertain triple A
Combien rapportera une seconde Journée de solidarité, consistant en un jour de travail, en principe non rémunéré ? La première, lancée en 2003, a représenté 2,4 milliards d’euros en 2010.
Quant au taux de TVA appliqué à la restauration, aux travaux de rénovation des logements ou aux divers emplois à domicile, qui pourrait être relevé de 5,5 % à 7 % (1,5 milliard d’euros récupéré), il suscite l’irritation des restaurateurs. Troisième piste, le relèvement de l’impôt sur les sociétés de 33 à 36 %. Il ne concernerait que celles dont le chiffre d’affaires excède 150 millions d’euros. Enfin, la Sécurité sociale et les dépenses d’État ne seraient pas épargnées.
Ce plan d’austérité devrait permettre d’obtenir 6 à 8 milliards d’euros d’économies. Il résulte d’une révision brutale de la prévision de croissance pour 2012, ramenée de 1,75 % à 1 %. Dévoilé, la semaine dernière, par Nicolas Sarkozy à la télévision, il sera confirmé, demain, lors d’un Conseil des ministres exceptionnel. Rien de dramatique, cependant. « Il y a un Conseil lundi parce qu’il n’y en a pas eu mercredi », s’est agacé le président, à la fin du sommet du G20 à Cannes.
C’est, en fait, la menace d’une dégradation de la note française qui modifie l’équation budgétaire de l’État. L’agence Moody’s dira, en janvier, si elle corrige de « stable » à « négative » sa perspective. « Le triple A de la France, c’est le résultat du travail des Français et des efforts que nous avons engagés », insiste d’ailleurs François Fillon, lui qui, en 2007, n’hésitait pas à avouer qu’il était à la tête d’« un État en situation de faillite ». Or, cette note controversée permet de financer à un coût « relativement faible », pour reprendre les termes du chef du gouvernement, les 1 700 milliards de la dette publique.
Loyer de l’argent en hausse
Mais la confusion économique européenne, loin de se cantonner à Athènes et à Rome, gagne la France. Car le loyer de l’argent a augmenté de 18 % en un mois. L’Agence France Trésor, qui gère la dette publique, a emprunté, le 3 novembre, 6 milliards d’euros à 3,22 % à dix ans pour son adjudication mensuelle. Ce taux était de seulement 2,72 % en octobre.
L’Allemagne, elle, jugée plus sérieuse par les investisseurs, emprunte à 1,8 %. La prodigue Italie à 6 % ! Preuve que, en l’absence de mesures, le service de la dette, qui atteint déjà 45 milliards d’euros, soit davantage que le budget de l’Éducation nationale, pourrait grever plus encore les déficits. Et hypothéquer les rendez-vous électoraux.