Je te prête 100 avec intérêts.
Tu me prêtes 90 avec intérêts et tu me verses 10 d'intérêts.
Je te prête 100 avec intérêts.
Tu me prêtes 90 avec intérêts et tu me verses 10 d'intérêts.
Je te prête 100 avec intérêts.
Tu me prêtes 90 avec intérêts et tu me verses 10 d'intérêts.
Je te prête 100 avec intérêts.
Tu me prêtes 90 avec intérêts et tu me verses 10 d'intérêts.
Je te prête 100 avec intérêts.
Tu me prêtes 90 avec intérêts et tu me verses 10 d'intérêts.
Je t'ai donc prêté 500 et j'ai dores et déjà perçu 50 d'intérêts avec un capital de départ de 100.
Qui dit mieux ?
Ils ne font pas autre chose.
Qu'est-ce qui peut foirer dans l'histoire ?
Eh bien, si ni toi ni moi n'avons besoin de cet argent, cela peut durer indéfiniment.
Mais ce n'est pas le cas.
Pourquoi font-ils ça ? Pourquoi une telle accélération ? Pourquoi de tels montants ?
Parce qu'ils perdent du capital et qu'ils ont désespérément besoin de maquiller leurs revenus réels.
Alors ils font tourner l'argent entre eux, de plus en plus vite, en échangeant des montants toujours plus monstrueux.
C'est exactement ce qu'avait fait Enron, qui faisait passer la totalité des sommes échangées sur les marchés à terme pour du chiffre d'affaires, ce qui n'avait aucun sens.
Un trader qui gère un portefeuille d'une centaine de millions d'euros ne réalise pas un chiffre d'affaires annuels qui se chiffrerait en centaines de milliards d'euros.
Dans la même veine, il y a les entreprises qui ont des revenus croisés.
Je te file de la bande passante valorisée à tant contre du temps d'utilisation de tes serveurs valorisé du même montant.
Oui mais non, chacune des deux entreprises doit couvrir ses charges, et ces revenus croisés qui sont totalement fictifs ne leur rapportent rien à l'une comme à l'autre.
Le but est ici de gonfler artificiellement ses revenus pour renforcer la confiance des actionnaires et faciliter de nouvelles levées de fonds qui pallieront l'insuffisance de revenus réels.
Mais ce n'est rien comparé à l'arnaque de l'impôt sur le revenu des fonctionnaires et des retraités de la fonction publique.
Et par assimilation, à tous les flux de revenus qui se neutralisent in fine. Remboursements de TVA aux collectivités locales. TVA acquittée sur la consommation des fonctionnaires. Etc etc...
De l'argent qui part d'une poche et qui revient dans l'autre poche, éventuellement en transitant par la poche du banquier.
Je prête à l'Etat qui paie ses fonctionnaires à crédit pour qu'ils puissent me rembourser leurs crédits en cours.
Tous ces flux contribuent à majorer artificiellement les revenus de tout le monde, améliorer tout aussi artificiellement la solvabilité, entretenir la confiance, et assurer une circulation de l'argent aussi fluide que possible. Il est important notamment que ceux qui gagnent davantage qu'ils ne dépensent ou qu'ils ne restituent à celui qui vient de leur donner de l'argent acceptent de confier leur épargne à des institutions financières qui se chargeront de finaliser le recyclage de cet argent.
Lorsque pour une raison ou une autre, le cycle de recyclage se grippe - une flambée du cours des matières premières due à des difficultés persistantes d'approvisionnement peut y contribuer - les acteurs les plus fragiles tombent, et la confiance tend alors à se déliter.
Dans le cas de la Grèce, c'est frappant. En exagérant à peine, les seuls revenus de l'Etat grec, c'étaient les impôts acquittés par les fonctionnaires et les retraités, tout le reste étant couvert par des apports de fonds européens. Tant que personne ne s'inquiétait de sa solvabilité, les salaires et les pensions augmentaient régulièrement, les impôts suivaient, et l'endettement quoique en croissance rapide semblait relativement sous contrôle. Les dernières coupes budgétaires devraient amener une diminution de 60% des traitements des fonctionnaires, et ce ne sera pas beaucoup mieux pour les retraités. Quant aux impôts indirects, inutile de dire qu'il ne rentre plus rien.
Ce n'est pas que l'austérité en tant que telle ne sert à rien et qu'il aurait fallu continuer de prêter aux Grecs à fonds perdus, c'est surtout que l'austérité ne fait que mettre à nu cette escroquerie d'un Etat qui ne tire ses recettes que de ceux dont il contrôle étroitement les revenus. Recettes qui apparaissent alors totalement artificielles. A cet égard, l'impôt sur le revenu est une créature récente - à peine un siècle d'existence ! - et très étrange dont la seule réelle utilité semblerait de majorer artificiellement la solvabilité de tous les états développés et d'entretenir la confiance dans les monnaies fiduciaires, tout en diminuant très nettement le besoin de taxation du capital.
PS : Je pense que nous ne couperons pas au retour des "vieilles" taxes, assises sur la propriété des moyens de production, que ce soit des terres, des bâtiments, ou des machines. Ce sont des impôts qui sanctionnent l'incapacité à produire efficacement, et fixent une limite invisible à l'expansion du capital, en application de la loi des rendements décroissants. On cultive plus efficacement un petit lopin de terre qu'une grande propriété foncière.
