Roubini prédit une tempête globalePosté le 9 juillet 2012 par Stéphane WuilleCela faisait un petit temps que notre ami Nouriel Roubini, Cassandre parmi les Cassandre, ne nous avait plus donné l’occasion de voir la vie (économique) en noir et de rire jaune.
Ce professeur d’économie d’une université new-yorkaise sillonne le monde, volant de conférence en allocution en amassant des paquets de dollars depuis sa notoriété acquise pour avoir pressenti la crise des subprimes.
Son fonds de commerce reposant sur l’effondrement économique à court ou moyen terme, il puise régulièrement dans sa boîte à maléfices pour agiter sous nos yeux éberlués (enfin, pour ceux qui lui accordent encore un certain crédit) le chemin de croix qui nous attend.
Cette fois, M. Catastrophe a frappé très fort. Dans une interview accordée à Bloomberg Television, il s’en prend tout d’abord aux banques qui se sont encore illustrées avec le scandale du Libor.
« Les banques sont cupides comme elles le sont depuis des siècles. Il faut séparer leurs activités afin de minimiser les conflits d’intérêt. Sans cela, ces affaires se reproduiront encore et encore. Personne n’a été en prison depuis la crise financière. Les banques font des choses illégales et, au mieux, elles se voient infliger une amende. Pour retenir la leçon, il faudra peut-être envoyer certaines personnes en prison. Ou pendre quelqu’un dans les rues. »
Bon, là, je ne crois pas qu’on puisse lui donner tort. Certains banquiers sont indécrottablement cupides et malhonnêtes au point que le très austère hebdomadaire The Economist a remis au goût du jour cette bonne vieille expression de "banksters". Cela dit, je n'irais pas jusqu'à aider les Robespierre a ériger les gibets.
Concernant le dernier sommet européen le professeur Roubini estime qu’il a été un échec (le contraire m’eut étonné venant de sa part).
« Une semaine après le sommet, la BCE a décidé d’abaisser ses taux, les Bourses ont chuté et le taux espagnol est passé au-dessus de 7%. Il faudrait permettre à la BCE de racheter les dettes pour des montants illimités et tripler ou quadrupler le bazooka du FESF/MSF. Si on ne fait rien, la prochaine crise n’éclatera pas dans six mois mais dans deux semaines ! »
Tel un Nostradamus acariâtre, Roubini prédit l’apocalypse économique. Pas pour dans mille ans. Pour demain. En 2013. Une « global perfect storm », pour reprendre ses termes, prend en effet forme par la conjonction de plusieurs facteurs.
«En 2013, la décomposition de la zone euro pourrait s’accélérer, les USA se trouver confrontés à une récession, la Chine subir un brusque ralentissement de sa croissance tout comme les pays émergents. Avec une bombe à retardement : les USA et Israël pourraient attaquer l’Iran. »
Cette crise sera bien pire que celle de 2008. « Lors de la crise financière, on pouvait baisser les taux de 5 à 6% à 0%. Aujourd’hui, les QE sont de moins en moins efficaces et les gouvernements n’ont plus les moyens de renflouer les banques. Si la machine économique s’effondre, il n’y a plus de filet de sécurité. On a déjà utilisé 95% des minutions ces quatre dernières années… »
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