Le blog à Lupus



Tradosaure
Nous sommes actuellement le 20 Juin 2025 14:47

Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]




Publier un nouveau sujet Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez rédiger ou éditer aucun message.  [ 4819 messages ]  Aller à la page Précédent  1 ... 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251 ... 482  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 11:16 
Hors-ligne

Inscrit le: 19 Sep 2012 20:13
Messages: 3959
Localisation: Paris
Le Shanghai Composite, indice boursier chinois, ne décolle pas des 2000 points depuis 2009
-1,83% ce matin
http://fr.finance.yahoo.com/echarts?s=0 ... undefined;

inquiétant, non ?
si on le compare au S&P ou bien même au Dax de Francfort qui pulvérisent leurs records de jour en jour et ce depuis des mois

il y a des déséquilibres grandissants au niveau du commerce mondial ( dont le centre est Wallstreet)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 11:35 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Exode français : les exilés fiscaux ne sont pas les seuls à quitter le navire, les bac+5 et les entrepreneurs sont les premiers candidats à l'émigration

Plus de 100 000 Français quitteraient le pays chaque année en quête d'un avenir meilleur. La pression fiscale exacerberait depuis peu cette tendance.

Ça s'en va et ça revient... pas

"Bac+5 et entrepreneurs forment la majorité des candidats à l’émigration."

Atlantico : Dans votre dernier livre, Je suis venu te dire que je m'en vais, vous révélez que 100 000 Français quittent le pays chaque année. Les exilés fiscaux, sur lesquels les médias se focalisent, ne représenteraient que 3% des expatriés. Quel est donc le profil type de l'expatrié français ? Quelles sont ses motivations ?

André Bercoff : Il n’y a pas de profil type. Cadre d’entreprise, artisan, restaurateur, jeune diplômé, retraité, chômeur, toutes les catégories tentent leur chance à l’étranger ou rêvent de le faire un jour. Ce qui nous a le plus frappés pendant l’enquête sur ce livre, avec Deborah Kulbach, c’est que nous n’avons pas rencontré une seule personne qui n’ait un parent ou une connaissance déjà établie hors de France ou sur le point de changer d’horizon. Cette envie d’ailleurs est une idée relativement neuve dans le royaume...
Selon les chiffres officiels, 1 600 000 Français sont aujourd'hui inscrits dans les consulats de la centaine de pays d'accueil où ils résident. Une partie d'entre eux devraient revenir. Dans ces conditions, faut-il vraiment parler d'exode comme vous le faites ? Ce phénomène est-il si massif ?

Comme vous le savez, ils sont très nombreux à ne pas signaler leur présence aux autorités consulaires françaises. On estime aujourd’hui à 2 500 000 le nombre de nos concitoyens expatriés à travers le monde. Selon Price Whiterhouse Coopers, ils seront nettement plus de trois millions en 2020. Il ne s’agit évidemment pas d’un exode de masse, mais ce qui est préoccupant, c’est la fuite des cerveaux, sachant que Bac+5 et entrepreneurs forment la majorité des candidats à l’émigration. L’on a d’ailleurs calculé que le départ et l’installation en dehors de France de nos diplômés coûtait à l’Etat environ 1 milliard 500 millions d’euros par an.
Progresse-t-il depuis l'arrivée au pouvoir des socialistes ? Est-ce lié à la hausse de la pression fiscale ?

Le mouvement a évidemment commencé bien avant l’arrivée des socialistes. Il s’est incontestablement accéléré depuis, en raison notamment de la pression fiscale et surtout du manque de perspective d’avenir. Comme le disent plusieurs personnes dans Je suis venu te dire que je m’en vais : "Nous voulons bien payer des impôts, mais si c’est pour entretenir le gouffre sans fond des dépenses publiques et de l’assistanat généralisé, tout en sachant que nous ne toucherons jamais un centime de retraite, pourquoi faire ?". Regard pessimiste peut-être mais dont on ne peut nier la légitimité.
Un sondage de l'Institut Viavoice révèle que 50% des 18-24 ans aimerait quitter la France pour vivre dans un autre pays. Qu'est-ce que cela dit de l'état du pays ? Est-ce préoccupant pour son avenir ?

Qu’une partie de la jeunesse d’un pays songe à s’en aller est, qu’on le veuille ou non, un signe de sous-développement. Pour la première fois depuis plus d’un millénaire, la France va-t-elle être amenée à changer de peuple ? Je provoque, bien sûr, mais il est totalement inadmissible que les générations au pouvoir, qui ont tant profité du système, ferment ainsi les portes à leurs descendants en ne favorisant qu’une minorité de privilégiés par la naissance, les réseaux, la richesse et les relations. Reste que le monde a lui aussi changé et que l’on peut espérer que les Ulysse qui auront fait de beaux voyages reviendront un jour au pays.
Pour ces jeunes, la tentation de l'expatriation a-t-elle remplacée la tentation de la Révolution ?

Il me paraît exagéré de l’affirmer, mais l’on peut dire qu’ils sont désormais des centaines de milliers à voter avec leurs pieds. Un vote blanc de voyage en quelque sorte, ce qui est tout aussi significatif. Ceux qui restent en France y mettront-ils le feu ? A suivre...
Par ailleurs, les candidats au départ ont-ils tendance à en sous-estimer les possibles effets pervers notamment au plan personnel ?

Les personnes que nous avons interrogées sont très lucides quant aux dangers et aux inconvénients d’une installation dans des pays où les différences de langues, de cultures et de mentalités ne sont pas minces. Aujourd’hui, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, tous sont au courant de tout, ou presque. C’est donc en connaissance de cause que les gens partent. Et si ça ne va pas, ils savent qu’ils auront toujours le loisir de revenir. Mais encore une fois, et c’est ce qui est frappant dans le livre, beaucoup affirment qu’ils vivraient ce retour comme un échec.

Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/exod ... rAyKCXa.99


Pièces jointes:
dede.jpg
dede.jpg [ 19.88 Kio | Consulté 8649 fois ]
Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 11:50 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Pay a fee to skip the passport queue, under new Home Office plans

Ministers put forward proposals to extend "premium fast-track processing" for some travellers - at a cost

British holidaymakers and business travellers who pay an extra fee to the Home Office will be allowed to skip the passport queue at the airport, under new plans outlined by the Home Office on Tuesday.

A consultation paper said ministers were drawing up plans to extend “premium fast-track processing” which is currently only available to some first and business class passengers at Heathrow.

The proposal is one of a number of new ideas being floated to cover more of the immigration service’s costs by raising more revenue from passengers.

There was no detail about how much passengers would pay to use the new schemes, but the document said: “We will set fees at a level that reflects the value of the product.”

It added: “We intend to expand the provision of dedicated VIP suites and premium fast-track processing through the border at certain ports, both of which are currently charged at a cost-recovery level.

“As well as expanding the availability of these services, we also want to increase the charges above cost-recovery levels.

“The income will be used to help fund the immigration system, secure the border and invest in improving processes.

“Fees for some premium services will be charged to the airline or port rather than directly to the travellers, although the airline or port may decide to pass on some, or all, of the cost of those services to travellers.”

A Home Office spokesman said fast-track processing, which allows passengers to avoid the arrivals hall queue, would be broadened in scope and extended to other airports.

The consultation paper said a number of services are being planned which would allow the UK Border Force to “charge the customer directly” but the Home Office spokesman denied the proposals would lead to a twin track system at the border.

Although the new schemes would primarily be targeted at wealthy passengers and business travellers, the spokesman refused to rule out that they could be extended to ordinary holidaymakers at a later date.

Members of the public have three weeks to give their views on the new proposals after the launch of the consultation paper this week.

It comes after a “registered traveller” scheme was launched by Mark Harper, the immigration minister, in September which allows citizens of US, Canada, Australia, New Zealand and Japan to use the UK-EU channel at the border rather than the international arrivals queue if they are regular visitors who pass security checks in advance.

They will be required to pay an annual charge when the current pilot scheme becomes permanent in April.

The fast-track scheme for foreign travellers will initially be available at Heathrow and Gatwick airports before being rolled out to others.

The government are spending £1.75 billion on the immigration system this year, of which about half is recovered by fees from visa applications and other services.

The new consultation paper aims to increase the amount of money raised so that less of the cost has to be met through general taxation.

Visa fees for foreigners could also be increased, the paper said.

The Home Office spokeswoman added: “We think it’s right to recover some of costs of running the immigration system and border controls by making sure that those who benefit directly from it, contribute appropriately.

“This consultation is part of an ongoing process to ensure that we can maintain a world class, competitive visa system which serves the ever-changing needs of our customers.”

Passengers at Heathrow and other airports faced lengthy queues in the arrivals hall in 2012 leading to immigration officers being moved from other roles to help cut delays.
http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/ ... plans.html


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 12:05 
Hors-ligne
Administrateur
Avatar de l’utilisateur

Inscrit le: 18 Oct 2008 13:52
Messages: 17858
Localisation: Alsace
En anglais, bakchich se traduit donc par "premium fast-track processing", et en plus on a une facture du gouvernement anglais :)

_________________
Méfiez-vous, on n'est jamais à l'abri de devenir riche.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 12:11 
Hors-ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscrit le: 26 Mar 2010 22:57
Messages: 9767
Image


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 12:19 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Entrée dans l'inconnu : le nouveau visage des ressentiments et des tensions qui bouillonnent au sein de la société française

Les huées visant le président de la République lors des commémorations du 11 novembre témoignent de l'exacerbation des tensions sociales. Radiographie des nouvelles fractures françaises.
Cocotte-minute

"La France est en état de stress et de dépression."

Atlantico : Confronté notamment à la fonde des bonnets rouges, François Hollande a été pris à partie par de nombreux manifestants durant les célébrations du 11 novembre. Une première pour un chef d’État français. Dans une interview avec le New York Times, Barack Obama révélait au printemps dernier son inquiétude quand à l'exacerbation des tensions sociales aux Etats-Unis évoquant même "une lutte des classes moyennes". Quels éléments permettraient de conclure à une montée des tensions entre groupes sociaux en France ?

Christophe Noyé : Les périodes de crises économiques sont propices à l’exacerbation des tensions sociales car les fragilités sociales se développent et menacent des groupes jusqu’alors plus protégés. La crise économique que traverse une partie de l’Europe, dont la France, se déroule dans un contexte de volonté des gouvernements de contenir la dette publique. C’est un facteur d’aggravation des tensions car dans le même temps, la crise provoque une augmentation des besoins sociaux, un recalibrage à la baisse des aides et des publics couverts, et une augmentation de la contribution fiscale des ménages. On peut lire dans certains mécontentements, qui se sont exprimés récemment, la réticence de certaines fractions de la population à poursuivre le financement d’un système dont les bénéfices leurs semblent réservés à une part de plus en plus minoritaire de la population. Il s’agit dans ce cas plus d’une remise en question de la validité du système social dans ses nouvelles modalités que de véritables tensions entre groupes sociaux.

Jean Spiri : Les tensions sociales sont palpables. Vous vous souvenez du récent rapport des préfets sur les angoisses des Français, un constat qui s’amplifie d’année en année depuis que Jean-Paul Delevoye, alors Médiateur de la République, avait tiré la sonnette d’alarme en décrivant une société fracturée et "usée psychologiquement". Je suis élu local, et l'ensemble de mes pairs ressentent les mêmes inquiétudes sur le terrain, quelle que soit d’ailleurs leur terre d’élection : la France est en état de stress et de dépression. La question que nous nous posons avec inquiétude est : qu'est-ce qui peut faire passer le peuple français de la peur de la dégradation et du déclassement, à la colère dans la rue ? Nous voyons des signes inquiétants : les événements du 11 novembre en sont un exemple, le mouvement breton en est un. Quand on rappelle que "la loi est la loi", "la République est intouchable", par exemple sur les réseaux sociaux, les réactions sont de plus en plus violentes, avec comme idée centrale que cette colère doit bien s’exprimer, qu’elle est légitime. Cela veut dire qu’il y a un dysfonctionnement grave dans notre démocratie, une perte de confiance jamais atteinte, et un manque aussi d’autorité. Les responsabilités sont larges : ceux qui feignent de ne pas voir ni entendre, ceux qui oublient que leur rôle est d’appeler au respect de la démocratie et de la République, et non de soutenir des mouvements hors-la-loi. Cependant, je ne crois pas tant qu’il s’agit de tensions entre classes sociales, que de tensions qui parcourt le corps de notre pays, cette classe moyenne majoritaire et de plus en plus fragile. En ce sens oui, c’est plutôt une lutte des classes moyennes, de plus en plus orientée contre un Etat qui est à la fois jugée pas assez protecteur, et en même temps trop étouffant. C’est bien cette demande confuse de nouvelles libertés autant que de nouvelles sécurités que nous sentons monter, et auquel le politique n’apporte pas de réponse. Il est intéressant de voir que l’impôt est devenu le symbole d’une certaine uniformisation des revendications : le ras-le-bol fiscal transcende les clivages sociaux, depuis les entrepreneurs du high-tech jusqu’aux éleveurs bretons, en passant par tous ceux qui payent un peu plus d'impôt sur le revenu, ceux qui ont été aussi soudainement redevables de la taxe d'habitation, ceux enfin qui voient leur épargne menacée rétroactivement de taxes. L’impôt est devenu un symbole non pas seulement par son niveau, mais aussi parce qu’aucune politique qui redonne de l’espoir n’est lisible en face. Alors, pourquoi respecter cet Etat ? C’est le glissement dangereux qui est en train de s’effectuer.

Michel Wieviorka : Il ne faut pas confondre exacerbation des tensions entre groupes sociaux et exacerbation entre certains groupes sociaux et le pouvoir politique. Ce sont deux questions différentes. L'exacerbation des tensions sociales qui mettent en cause le gouvernement sont indubitables. On le voit notamment en Bretagne ou à travers la fronde des patrons et des artisans. A chaque fois, c'est le pouvoir politique qui en est la cible. Entre les groupes sociaux eux-mêmes, il est plus difficile de parler de tensions vives.

Néanmoins on peut affirmer qu'il y a clairement des distances ce qui affaiblit considérablement la thèse de la convergence des luttes qui pourrait déboucher sur une révolte générale. En Bretagne par exemple, il y a d'un côté les bonnets rouges et de l'autre la CGT et le Front de gauche. Même au niveau d'une région, il n'y a pas d'unité des luttes. Il y a des tensions entre certains groupes sociaux et l’État et par ailleurs dans cette société des questions non réglées qui concernent différentes corporations, mais aussi des minorités ou des enjeux religieux.
Dans leur Atlas des nouvelles fractures sociales en France, Christophe Guilluy et Christophe Noyé présentent une France paupérisée dont la classe moyenne est en train de décliner. Quelles sont plus précisément ces nouvelles fractures sociales françaises ? Quelles en sont les manifestations les plus concrètes et comment se sont-elles creusées ces dernières années ?

Christophe Noyé : La classe moyenne est un pur produit des Trente glorieuses. Dans un contexte de fort développement économique, les classes populaires ont connu au cours de cette période une sensible amélioration de leurs conditions de vie avec une augmentation sensibles de leurs niveaux de ressources mais aussi de bénéfices tirés de l’Etat providence : promotion sociale des enfants par l’école, logement social, protection des salariés, … La crise des années 1970 a profondément bouleversé ce système. Les classes populaires ont aujourd’hui des perspectives plus sombres tant considérant leur propre situation que celle de leur enfants ; la situation des salariés s’est fortement dégradée, les opportunités d’évolution positive pour soi ou ses enfants sont menacées par l’évolution de la structure de l’emploi, la mondialisation renforcée de l’économie. Cette fragilisation directement liée à l’évolution économique du pays se double d’une dégradation de certains systèmes de compensation. C’est par exemple le cas du parc social public, autrefois parc de début de parcours résidentiel, tremplin vers l’accession sociale, il se spécialise progressivement dans l’accueil des plus démunis notamment dans certains quartiers qualifiés aujourd’hui de "ghettos". Pour les ménages qui travaillent mais modestes, il faut faire le choix entre accepter de vivre dans un quartier dont l’image est très dégradée ou partir plus loin dans des secteurs financièrement plus accessibles mais qui contraignent à d’importants déplacements car éloignés des pôles d’emploi. Cette population, que l’on pourrait qualifier de "petites classes moyennes", est particulièrement sensible à l’évolution de son environnement, et peut aussi se sentir délaissée par les pouvoirs publics ce qui nourrit l’abstentionnisme et parfois le vote extrême.

Jean Spiri : Oui, la classe moyenne est train de sombrer. Les petites mesures qui lui permettaient de conserver un pouvoir d'achat raisonnable ont été remises en cause : refiscalisation des heures supplémentaires, remise en cause du statut d'auto-entrepreneur, hausse de l'impôt sur le revenu et sur les sociétés. Le chômage ne les épargne pas. On parle des travailleurs pauvres depuis longtemps. Et des zones entières qui sont en périls : les zones rurales les plus isolées et les quartiers en difficulté, mais aussi, comme je le rappelais dans le livre que nous avons écrit avec Elise Vouvet et Alexandre Brugère, la France périurbaine. Cette France est peut-être le symbole de ces nouvelles fractures ; le premier tour de l’élection présidentielle de 2012 avait révélé que cette fracture territoriale était aussi électorale, avec une forte poussée des extrêmes, en particulier du Front national, localisée entre 20 et 80 km autour des villes. Dans une France qui se sent délaissée, qui est passée d’un modèle d’ascension et de réalisation de soi à une peur de voir ses acquis, son patrimoine, ses revenus rognés de jour en jour, dans une France qui, dans beaucoup de régions, comme l’a montré Laurent Davezies, on vit de plus en plus des transferts et de moins en moins de son système productif propre, le malaise est grandissant. Cette fragilité de la société ne peut être séparés de ses causes : nos difficultés économiques, nos faillites éducatives, notre modèle sociale qui n’est plus adapté. Elle est de plus en plus visible dans ses conséquences qui, en sapant ce qui fait notre unité, menace notre capacité commune à imaginer un redressement, par une méfiance croissante envers une démocratie jugée inefficace, et une République jugée faible, ou à géométrie variable. Les élus locaux étaient encore épargnés par cette méfiance. Ils en sont de plus en plus victimes. J’ai été très touché par le témoignage juste et fort de Bernard Reynes, agressé le 11 novembre, et qui disait en substance que les élus faisaient de leur mieux, qu’ils pouvaient se tromper, mais que personne ne pouvait leur retirer cet engagement à essayer de changer encore et encore la vie de nos concitoyens. Même cette évidence, valable pour la très grande majorité des élus locaux, est aujourd’hui la cible de la méfiance voire de la colère. C’est inquiétant.
Le risque de fragmentation de la société française est-il important ? Comment cette fragmentation pourrait-elle se manifester - se manifeste-t-elle d'ailleurs déjà ? Et avec quelles conséquences ?

Christophe Noyé : A priori, on pourrait plutôt considérer que le risque de fragmentation de la société française est moins fort que dans d’autres pays qui ne bénéficient de nos systèmes sociaux redistributifs qui constituent des amortisseurs de crise. Ce qu’il faut peut-être craindre, c’est de voir émerger une remise en question du modèle social français par les populations supposées devoir en bénéficier ; classes populaires et petites classes moyennes.

Jean Spiri : Cette fragmentation est déjà à l’œuvre, et se manifeste peut-être par le refus de plus en plus grand de penser la société dans sa globalité, pour se concentrer sur ses problèmes – l’épisode des bonnets rouges en est un exemple, la réponse particulière d’un "Plan Bretagne" en est malheureusement un autre exemple. Nous ne pouvons plus avoir un gouvernement qui agit au cas par cas, répondant à l’urgence de l’actualité. Nous ne pouvons plus avoir un président de la République qui répond autant à une actualité de plus en plus éphémère. En ces moments de crise au contraire, je crois que les mots ont de l'importance. Que le chef de l'Etat prenne la parole sur des sujets forts. Récemment, la parole politique s'est perdue dans des sujets particuliers qui ne relevaient pas du registre présidentiel : affaire Leonarda, Cahuzac.. Il nous manque une vision. La fragmentation s’accélère par une dissolution des repères politiques, de la parole, et du temps. Nous n’assumons plus rien : qui osera encore vous dire que l’éco-taxe est une bonne mesure dans le fond ? Pas grand monde à part NKM. Parce qu’il y a un ras-le-bol fiscal à traiter urgemment. Mais l’aura-t-on traité ainsi ? Aura-t-on redonné des lignes directrices ? Ce type de réponses, cette absence de courage, ne font qu’accélérer les forces centripètes à l’œuvre dans notre pays.
Dans son interview Barack Obama déclarait que sur fond d'inégalités sociales, les tensions raciales pourraient également resurgir. Alors que certains politiques et sociologues s'inquiètent de la montée des communautarismes, les fractures sociales françaises pourraient-elles dégénérer en tensions ethniques ?

Christophe Noyé : Les situations américaines et françaises sont très différentes et les tensions ne prendraient sans doute pas la forme d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Pour autant, la question de l’immigration, de ses effets sur la société française et, des risques de tensions y compris de nature ethnique doit être posée. L’évolution de certains quartiers des grandes métropoles montrent bien l’existence de mécanismes de ségrégation qui se nourrissent tout autant de la concentration de ménages très modestes issus de l’immigration que du départ de ménages plus solvables issus ou non de l’immigration. Les choix résidentiels des ménages eux-mêmes ne sont étrangers à ces tendances et révèlent certaines réticences au partage de lieux communs. Les sondages montrent bien combien certaines thèses de l’extrême droite se sont largement diffusées dans la société française. Les risques d’exacerbation de ces tendances et de leurs possibles traductions en "tensions ethniques" ne doivent pas être négligés. Mais, pour cela, il faudrait d’abord sortir du débat stérile qui oppose d’un côté, un discours stigmatisant les populations immigrées et, de l’autre, une vision quelque peu angélique et déconnectée de la réalité.

Michel Wieviorka : Pour l'instant, on est loin de ce genre d'affrontements. On est dans une situation d'inquiétude où tout le monde voit monter la colère sociale, mais pas des logiques du type de celles que vous décrivez. Il y a des gens qui luttent sur des enjeux précis et relativement circonscrits.

La société américaine est très différente de la notre. La question raciale y est lancinante depuis sa naissance. La France a certes été une puissance coloniale, mais ce n'est pas comparable. Par ailleurs, aux États-Unis, la radicalisation n'est pas extérieure au système politique comme avec le FN en France, mais elle est intérieure notamment avec le Tea Party chez les Républicains. Le traitement politique d'un certain raidissement est donc très différent.

Jean Spiri : Nous le savons bien, les périodes de crise, de déclassement, sont souvent marqués par le repli, un repli que les populismes ne font qu’encourager. Les fractures territoriales et sociales de notre pays ne sont à l’heure actuelle en rien communautaires. Il existe des tensions, une montée des communautarismes : c’est un sujet que nous devons traiter par un discours fort sur la République, mais c’est un sujet qui est, à mon sens, très loin des fractures et des difficultés que nous évoquions, et qui touchent toutes les communautés. En revanche, c’est le même problème auquel nous sommes confrontés : l’absence d’un discours politique fort, d’une vision, d’un projet qui redonne de l’espoir aux territoires déclassés autant qu’il renforce un idéal national qui dépasse les communautés. C’est donc bien à double travail qu’il faut, en tant que politiques, nous atteler : restaurer la crédibilité de l’action publique, sa lisibilité, son cap ; restaurer la crédibilité du discours national et républicain. Ce travail de Républicain, c'est le travail de Sisyphe ; nous devons perpétuellement le recommencer, perpétuellement rappeler ce qu’il signifie, et dénoncer les moindres dérives. Je suis un élu UMP en désaccord profond avec les orientations économiques de ce gouvernement notamment ; cela ne m’empêche pas de considérer que le président de la République nous représente tous quand il descend les Champs-Elysées le 11 novembre ; cela ne m’empêche pas de penser que les attaques racistes contre la garde des Sceaux sont indignes et dangereuses ; cela ne m’empêche pas de penser que l’on ne s’attaque pas à une politique fiscale par la désobéissance. Sachons reconquérir de part et d’autre les outils du débat démocratique. En arrêtant, à gauche, de ne pas prendre ses responsabilités en renvoyant perpétuellement au quinquennat de Nicolas Sarkozy de façon caricaturale. En arrêtant, à droite, de penser qu’il vaut mieux se taire devant des mouvements d’humeur de plus en plus incontrôlés pour avoir l’espoir de renforcer notre capacité d’opposition. Dans les deux cas, ce sont les mêmes extrêmes que nous faisons monter, des extrêmes qui n’ont aucune solution, la majorité des Français en est convaincue. Mais si nous n’y prenons garde, c’est à la même course à l’abîme que nous risquons tous de travailler.

Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/entr ... Q6LxITz.99

La suite ...
Quelles sont les catégories de population les plus enclines à basculer dans la révolte (et sont-elles assez nombreuses pour que tout pète) ?
Read more at http://www.atlantico.fr/rdv/politico-sc ... yTy3bEK.99


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 12:19 
Hors-ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscrit le: 26 Mar 2010 22:57
Messages: 9767
http://www.latribune.fr/actualites/econ ... bourg.html

Citer:
"Le système bancaire ne fait pas son travail" (Arnaud Montebourg)
Arnaud Montebourg - Redressement productif Arnaud Montebourg veut substituer l'État aux banques car elles ne jouent pas leur rôle de soutien à l'économie, selon lui. (Photo : Reuters)
inShare
Romain Renier | 13/11/2013, 10:07 - 792 mots

"La reprise n'est toujours pas là", a affirmé mercredi Arnaud Montebourg qui demande des comptes à l'Union européenne et aux banques qui, selon lui ne jouent pas leur rôle dans l'effort de redressement. Ces dernières seront convoquées, et l'État se substituera à elles pour aider les entreprises en difficulté là où la BPI est impuissante.


Arnaud Montebourg isolé ? C'est ce que montraient certaines images diffusées la semaine dernière à la télévision. En tout cas, une chose est sûre, son discours a été différent de celui du reste du gouvernement mercredi matin au micro de France Inter. Il est même allé jusqu'à demander des comptes à l'Union européenne, qui doit, selon lui, revoir sa manière de gérer la crise.
Pas de reprise tant qu'il y a l'austérité

Pour lui, certains indicateurs sont certes "encourageants", mais "la reprise n'est toujours pas là. Toutes les autres régions du monde connaissent la reprise, et on voit très bien comment elles font. Le budget et la monnaie sont les deux armes. La zone euro est la seule à ne pas repartir. Nous sommes fondés à demander une réorientation", a analysé le ministre du redressement productif.

En ce sens, il a salué la décision de Mario Draghi, la semaine dernière, de baisser d'un quart de point le principal taux directeur de la Banque centrale européenne même si selon lui, cela ne va pas assez loin. Mais il n'y a pas que sur la question monétaire qu'Arnaud Montebourg veut du changement. "Des prix Nobel l'ont dit, aucune économie n'est revenue à la prospérité par l'austérité", a affirmé le ministre, faisant allusion à une chronique du prix Nobel d'économie Paul Krugman publiée dans le New York Times la semaine dernière.
Le ras le bol fiscal est le fruit de choix européens

A propos des révoltes qui pullulent çà et là dans l'Hexagone, la réponse du ministre est toute trouvée : "l'essentiel des révoltes est lié à des questions fiscales, pourquoi ? Parce que nous avons besoin de recettes supplémentaires", a expliqué Arnaud Montebourg, pour qui la hausse de la fiscalité en France est surtout contrainte par les mauvaises orientations européennes.

En clair, les problèmes des Français viennent de Bruxelles pour le ministre, alors que le gouvernement, lui, travaille d'arrache-pied pour redresser la situation. Et Arnaud Montebourg de défendre son action, dans un contexte qu'il dit être hérité. "Nous avons devant nous des travaux d'Hercule (...), lorsque Lionel Jospin a quitté le pouvoir, le commerce extérieur de la France était excédentaire, voilà ce que dix ans de droite nous a laissé", s'est-il justifié, évoquant la vague de plans sociaux qui s'abat actuellement sur la France.
L'État va se substituer à des banques défaillantes dans leur rôle de soutien à l'économie

L'occasion d'ailleurs pour lui de dévoiler sa nouvelle arme secrète pour sauver les entreprises en faillite, après sa tentative avortée de nationaliser les sites rentables suite à l'affaire Florange : faire jouer à l'État le rôle de banque là où la BPI est impuissante.

Et sur ce point, la rhétorique est mieux huilée qu'un an auparavant : "puisque le système bancaire ne fait pas son travail et que nous avons face à nous des entreprises qui peuvent être rentables, l'État va emprunter pour leur prêter," a expliqué le ministre. Une mesure exceptionnelle qui devrait opérer chaque fois que les entreprises concernées seront trop grosses pour la Banque publique d'investissement, qui elle est à destination des PME.

"Fagor Brandt est exactement dans la cible," a précisé le ministre. "Nous avons des repreneurs, mais nous avons besoin que le secteur bancaire accompagne, donc nous allons accorder un soutien temporaire de l'État. Mais il ne s'agit pas de faire le métier d'entrepreneur, que nous ne savons pas faire", a immédiatement tempéré Arnaud Montebourg, tout en précisant toutefois que des contreparties seraient exigées au niveau de la stratégie adoptée par l'entreprise.
380 millions d'euros sur la table

Pour ce faire, l'État utilisera le Fonds de développement économique et social (FDES), un fonds créé en 1948 qui permet à l'État de consentir des prêts à des entreprises à des taux inférieurs au marché afin de favoriser le développement économique et social d'une aire géographique, dans le cadre de l'aménagement du territoire. "Il est aujourd'hui doté de 380 millions d'euros", selon Arnaud Montebourg.

Les banques seront par ailleurs convoquées afin d'expliquer pourquoi elles opèrent d'un côté un resserrement du crédit alors qu'elles augmentent de l'autre leurs dividendes.
Le besoin d 'un "choc de simplification" se fait toujours sentir

Enfin, répondant à un auditeur qui affirmait que "l'administration est là pour tuer les entreprises", Arnaud Montebourg a reconnu "une application tatillone de règles qui se sont multipliées sur le terrain". Des discussions ont lieu actuellement pour supprimer un certain nombre de ces règles qui "empoisonnent la vie des entreprises".


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 13:38 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
LES SACRIFIES

Les Sacrifiés - Film de soutien aux entreprises de proximité


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 13:45 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
;)


Pièces jointes:
1297_le_manifeste_de_la_police-300x225.jpg
1297_le_manifeste_de_la_police-300x225.jpg [ 28.2 Kio | Consulté 8744 fois ]
Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 13 Nov 2013 13:48 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages depuis:  Trier par  
Publier un nouveau sujet Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez rédiger ou éditer aucun message.  [ 4819 messages ]  Aller à la page Précédent  1 ... 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251 ... 482  Suivant

Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]


Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Google [Bot] et 35 invités


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Sauter vers:  
Powered by phpBB2007 phpBB Group
Translated by phpBB.fr © 2007, 2008 phpBB.fr



.*.
*

.*.