Dantec a écrit:
Au niveau de la taxation, CPR voudrait via un amendement d'un parlementaire, faire en sorte de baisser ou supprimer la taxe pendant une certaine période afin qu'une partie des français possédant de l'or puisse le vendre à des pros sans se soucier de la fiscalité. J'imagine que c'était le but de l'étude qu'ils ont publié sur les français et l'or il y a quelques jours.
3.000 tonnes de bas de laine pour les français, 5% qui serait vendu, ça représenterait 150 tonnes, soit 4.500 millions d'euros, ce qui donnerait 900 millions d'euros en TVA si cette somme était injectée dans l'économie. Une somme bien supérieure à ce que rapporte annuellement la TMP.
C'est le boss de CPR qui parlait de cela sur BFM business il y a quelques jours.
Bonsoir Dantec,
Pour faire une pause je vais laisser pour un instant le sujet fiscal et donner mon avis sur cette proposition de CPoR. Je reprends pour ça un commentaire (complété) que j'avais posté ailleurs.
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Décidément CPoR ne cesse de m'étonner.
Comment peut-on écrire : "
La détention d’or sous forme de pièces et de lingots par les particuliers représente une réserve financière de 90 milliards d’euros". Cette affirmation montre que CPoR n'a pas compris que l'or était un actif sans contre-partie.
Pour le comprendre il suffit de prendre cet exemple très simple :
- monsieur Dupont détient sur son compte épargne 10.000€ en liquidités.
- madame Durant détient dans son coffre à la banque 10.000€ d'or sous la forme de pièces diverses.
Madame Durant souhaite s'en séparer.
Monsieur Dupont recherche à acquérir de l'or pour diversifier son épargne.
Ils se rencontrent et font affaire.
Après la transaction la situation est la suivante :
- Monsieur Dupont a fait un virement de 10.000€ à Madame Durant. Son compte épargne est à 0 mais il est désormais propriétaire de 10.000€ d'or sous la forme de pièces diverses.
- Madame Durant n'a plus ses pièces mais son propre compte épargne s'est accru de 10.000€ de liquidités.
Au final 10.000€ de crédit d'un côté et 10.000€ de débit d'un autre côté. Il ne s'est absolument rien passé; la masse monétaire en circulation n'a pas varié d'un pouce. Ainsi dire que la "libération" de 5% de l'or détenu par les Français (qui n'est pas de 3000 tonnes comme prétendu sans cesse) serait un facteur d'accroissement de la masse monétaire et participerait d'une relance en injectant de l'épargne dans l'économie est une affirmation absurde. La seule conséquence qu'aurait cette "libération" serait d'enrichir les commerçants en métaux précieux qui prélèvent au passage une commission sur les ventes et les achats. Les 10.000€ initialement « figés » dans le bas de laine de madame Durant sont toujours figés mais chez monsieur Dupont. En échange l'or est passé d'un côté à l'autre.
Certes certains diront que dès lors madame Durant va pouvoir faire des achats ou investir en Bourse. Lorsqu'on achète des actions il y a un vendeur en face de l'acheteur, encore une fois il n'y a aucune génération spontanée de monnaie. Les achats que madame Durant va réaliser vont lui permettre de transférer ses 10.000€ en échange de nouveaux biens tangibles ou de services. C'est le seul espoir que cette transaction peut encore susciter, celui de voir transformer ces 10.000€ en biens à valeur ajoutée. Mais ceci suggère que monsieur Dupont n'a rien changé à son mode de vie et qu'il a découvert la génération spontanée de monnaie (un prêt?) pour continuer à consommer à l'instar de madame Durant.
Dans tous les cas de figure il n'est pas possible d'en déduire que cette transaction puisse « relancer l'économie », expression magique à la mode. Pour toute transaction, en face d'un vendeur il faut un acheteur. Seul l'emprunt, sur le modèle de l'achat sur marge en Bourse est susceptible de créer un « effet de richesse » du fait d'une création spontanée de monnaie. Nous en avons de magnifiques exemples en ce moment.
Pour résumer, pousser les Français à vendre leur or ne bénéficierait réellement qu'à deux institutions :
- l’État d'une part, avec la perception des taxes sur les cessions, lorsqu'elles sont dues, ce qui est loin d'être le cas à chaque fois (comme vous le savez désormais);
- et, d'autre part, les commerçants servant d'intermédiaire dans les transactions, pour lesquelles ils perçoivent une commission, et plus particulièrement CPoR qui assume un véritable monopole sur les transactions hexagonales et persiste encore aujourd'hui à laisser croire aux épargnants mal renseignés qu'un marché organisé existerait toujours malgré l'arrêt officiel des cotations de l'or par Euronext en septembre 2004.