La mine d'or grecque qui divise12 avril 2015 La mine de Skouries, près de Megali Panagia, opérée par Hellas Gold, dans le nord de la Grèce.
Une mine générant des centaines d'emplois dans le nord de la Grèce provoque de vio-lents affrontements entre contestataires et partisans du projet. "Les mines d'or sont la malédiction des nations" : sur les maisons du village de Megali Panagia, au nord de la Grèce, des graffiti témoignent de la faille profonde causée dans cette communauté par un projet minier controversé. Depuis trois ans, le projet de Hellas Gold, filiale de l'entre-prise canadienne Eldorado Gold, divise les habitants de la Chalcidique, mettant aux prises les membres de mêmes familles.
Dans Megali Panagia même, cela fait des années que le vandalisme se poursuit métho-diquement contre commerces et véhicules, sur le mode du oeil-pour-oeil, dent-pour-dent entre factions rivales. Jusqu'ici, la plupart des manifestations étaient le fait d'habitants inquiets que le projet ne cause des dommages irréversibles à la jolie péninsule boisée, l'une des régions les plus touristiques de Grèce.
Mais l'arrivée en janvier du gouvernement de gauche radicale, lui-même opposé à cet investissement, a fait passer le mécontentement du côté des employés d'Hellas Gold qui craignent pour leur emploi. C’est une véritable guerre civile et le gouvernement doit faire cesser immédiatement cette situation", explique Yiorgos Kyritsis, le représentant des anti-mine, relatant le cas de poursuites judiciaires en cours entre deux frères qui en sont venus aux mains. Ce mois-ci, la police anti-émeute a dû être envoyée sur place pour séparer les belligérants dans une forêt de chênes, entre les villages de Stratoni, où Hellas Gold est installée, et Ierissos, fief des opposants au projet.
"Il va y avoir des morts"Certains étaient armés de frondes pour tirer des boulons, a assuré le ministre de l'Ordre public Yiannis Panoussis, prévenant du risque "qu'il y ait des morts" si la situation ne s'arrange pas. Le nouveau gouvernement a clairement déclaré son opposition au projet, le ministre de l'Energie et de l'Environnement Panagiotis Lafazanis s'engageant récemment à utiliser "tous les moyens juridiques possibles" pour l'arrêter. M. Lafazanis a même accusé l'entreprise d'agir "comme un Etat dans l'Etat" et d'inciter son personnel à la violence. "Personne ne peut faire chanter le gouvernement ... La Grèce n'est pas une république bananière", a ajouté M. Lafazanis dans un communiqué.
Dans la même veine, le quotidien du parti au pouvoir Syriza, Avgi, a qualifié les mineurs de "mercenaires".
Les employés de la mine, qui projettent une manifestation à Athènes le 16 avril, ré-torquent que ce sont eux les victimes de l'intimidation des défenseurs de l'Environne-ment depuis l'annonce du projet en 2011. A Ierissos, les familles de mineurs qui habitent là vivent "dans la terreur", assure à l'AFP leur représentant syndical Christos Zafeiroudas. "Le danger, c'est que cette haine s'est même étendue aux enfants dans les cours d'école. Peut-être qu'Hellas Gold partira un jour, mais nous, nous serons toujours là avec ça", ajoute-t-il. En 2012, des dizaines de mineurs ont saccagé un poste d'observation des anti-mine. À leur tour, un petit matin de 2013, des militants cagoulés ont lancé des cocktails Molotov sur le chantier, blessant un garde et endommageant les installations. Le poste de police de Ierissos a été saccagé dans la foulée après l'arrestation de deux hommes soupçonnés d'avoir participé à cette action.
Le ministre de l'Intérieur du gouvernement précédent, Nikos Dendias, avait comparé à l'époque les anti-mines au "village gaulois" d'Astérix, "voulant imposer sa propre loi". Hellas Gold a l'intention d'investir 1,3 milliard d'euros au total dans ce projet, et d'extraire 9,6 millions d'onces d'or. La crise a favorisé l'envol des cours de l'or ces dernières années. L'once tourne actuelle-ment autour de 1.200 dollars (1.130 euros) actuellement. Hellas Gold remarque que ses activités ont reçu des autorités tous les feux verts nécessaires. Le précédent gouvernement conservateur avait soutenu l'investissement, notamment en raison des centaines d'emplois à la clé, dans un pays où le taux de chômage dépasse toujours 25%.
Les anti-mine au contraire craignent des dommages irréversibles à l'environnement, la contamination de l'eau par des produits toxiques et des émanations de produits dange-reux comme le plomb, le cadmium, l'arsenic et le mercure.
Source: L'Echo, AFP