http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt ... 8120091022HONG KONG, 22 octobre (Reuters) - Les Etats-Unis, dont le déficit a atteint un nouveau record ces 12 derniers mois, pourraient perdre leur note souveraine Aaa d'ici trois ou quatre ans s'ils ne parviennent pas à reprendre le contrôle de leurs finances publiques, a déclaré jeudi Moody's Investors Service.
Le déficit du budget américain a atteint 1.417 milliards de dollars (944 milliards d'euros), l'équivalent de 10% du produit intérieur brut (PIB) sur l'exercice clos le 30 septembre, en raison de la récession et du coût des différents plans de sauvetage du secteur financier.
La Maison blanche anticipe des déficits de plus de 1.000 milliards de dollars pour les deux prochains exercices.
"La note Aaa des Etats-Unis n'est pas garantie", a déclaré Steven Hess, chef analyste de Moody's pour les USA, dans un entretien à Reuters Television. "Donc, s'ils ne ramènent pas d'ici trois ou quatre ans leur déficit à un niveau supportable, la note sera menacée."
Moody's a pour l'instant une perspective stable sur la note des Etats-Unis, ce qui sous-entend qu'elle ne prévoit pas de la modifier d'ici 18 mois. Standard & Poor's et Fitch maintiennent eux aussi des perspectives stables.
Il y a quelques mois, les marchés financiers s'étaient inquiétés des risques de voir remise en cause la note "triple A" des Etats-Unis, la plus élevée possible, après la révision à la baisse par Standard & Poor's de sa perspective sur la note du Royaume-Uni.
L'Irlande, de son côté, a été privée cette année de son triple A par les trois principales agences de notation, Moody's, S&P et Fitch Ratings.
Pour Steven Hess, Moody's attend actuellement de voir si gouvernement américain présente ou non des mesures crédibles pour réduire le déficit et, dans cette optique, "le prochain projet de budget sera très important".
L'Etat américain n'éprouve pour l'instant aucune difficulté pour se financer, le statut international de référence de ses emprunts, les "Treasuries", permettant le maintien de taux d'intérêt très bas, a expliqué l'analyste de Moody's. Mais si le dollar perd son propre statut de monnaie de réserve mondiale, les taux remonteront et la note sera menacée, même si cette menace reste lointaine, a-t-il ajouté.
Le risque de voir les Etats-Unis afficher pendant plusieurs années encore un déficit budgétaire énorme a déjà contribué à faire tomber le billet vert à son plus bas niveau depuis 14 mois face à un panier de devises de référence.
Mais pour Brian Coulton, analyste de Fitch, les déficits devront bel et bien être réduits.
"Nous considérons comme inévitable une augmentation de la fiscalité aux Etats-Unis pour stabiliser les ratios d'endettement", a-t-il expliqué. Il a jugé préoccupant le fait que l'administration américaine compte sur un retour à une croissance de 4% à partir de 2011 pour faire remonter les recettes fiscales et réduire le déficit. "Nous pensons que c'est un peu optimiste", a-t-il dit.
Mardi, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a déclaré que la priorité allait au soutien à la reprise de l'économie, ajoutant que l'administration dévoilerait ses projets en matière de réduction du déficit en février, lors de la présentation du projet de budget.
Pour Steven Hess, il sera difficile de réduire le déficit budgétaire américain. "Augmenter les impôts, ce n'est jamais populaire et c'est politiquement difficile, il faudra donc voir si le gouvernement peut le faire, ou bien s'il peut réduire les dépenses", a-t-il dit.
(Umesh Desai et Rafael Nam avec Dena Aubin, version française Marc Angrand)