Nous sommes nombreux à considérer que la monnaie papier n'est adossée à rien, qu'elle ne fonctionne que grâce à la confiance collective qu'on lui accorde, ce qui constitue un système bien fragile.
Mais le système métallique (qu'il soit mono- ou bi-métallique) est fragile aussi. Voici quelques élements historiques sur les problèmes rencontrés :
http://sceco.univ-poitiers.fr/hfranc/bim%E9talUL.htmTransposé à l'échelle moderne (internet etc.), et vu les très fortes variations des cours des métaux précieux, on voit l'ampleur du problème :
-si la valeur faciale dépasse la valeur métal : il y aura des faux monnayeurs, qui transformeront du métal précieux (qui vaut moins) en pièces à valeur faciale (qui valent plus) ; accessoirement, il y aura une défiance du public, qui dira que le métal précieux contenu dans la pièce ne correspond pas à la valeur de la pièce (comme les euros argent de la monnaie de Paris en ce moment)
- si la valeur métal dépasse la valeur faciale : il y aura plein de gens qui thésauriseront, et un nombre plus réduit mais très actif de gens qui fondront les pièces en lingots (puisque le métal précieux vaut plus que la valeur d'échange de la pièce). Résultat : les pièces ne circulent plus et ne permettent pas les échanges.
Et cela, indépendament des autres énormes problèmes que poseraient un retour au métallisme, à commencer par l'énorme dévaluation nécessaire des devises, compte tenu de l'énorme masse monétaire mondiale en circulation alors que la masse de métaux précieux disponibles pour frapper des pièces est faible en comparaison.
Bref, la monnaie papier c'est pas bon, mais le retour aux métaux précieux comme monnaie circulante semble absolument impossible et intenable.
La seule chose envisageable, c'est ce qu'on fait tous plus ou moins déjà ici : les métaux précieux comme réserve de valeur, la monnaie papier ou électronique comme monnaie qui circule. Ce n'est pas fondamentalement différent de ce qui se passait à l'époque du bimétallisme, et notamment pendant le premier quart du XXe siècle en France : C'est bien parce que les pièces en métal précieux étaient thésaurisées et ne circulaient pas assez qu'il y a eu autant de pièces et billets émis par les chambres de commerce, les municipalités, mais aussi les billets de la Banque de France : la monnaie en métal précieux avait tellement bien sa fonction de réserve de valeur qu'elle n'avait plus celle d'éspèces circulantes !