"pure propagande"...
La Fraaaaance était en danger, môssieur !
(suite et fin) :
Innombrables sont les types qui, tour à tour, se penchent au guichet national. La dame élégante voisine avec la ménagère. Le boy-scout de treize ans se rencontre avec le vétéran : leur âge, à tous deux, ne leur laisse que cette façon de servir la patrie ! L'uniforme d'un permissionnaire ou d'un convalescent ajoute, çà et là, sa note claire.
Ce parfait gentilhomme s'est fait suivre d'un impeccable valet, porteur d'une petite valise. Le sac de maroquin était bourré d'or. Il n'est pas nécessaire de coltiner soi-même son fardeau !
Toute la bourgeoisie française, économe, réfléchie, sérieuse dans sa bonhomie, ne se reflète-t-elle pas sur cette figure de brave dame vénérable ? Quant à ce paysan, son "bas de laine" était une chaussette de coton à rayures multicolores. Il l'avait nouée d'un cordon de soulier. Quand il la vida, elle contenait quatre mille francs en pièces de dix et de vingt francs...
L'impulsion est à présent donnée. Elle ne s'arrêtera pas en chemin. Depuis un mois plus de deux cents millions d'or sont retournés dans la caisse de l'état. On ne saurait prévoir jusqu'où iront ces remises volontaires.
Peut-être pourrait-on organiser davantage une récolte déjà féconde. Il n'y a guère que les villes qui, jusqu'ici, aient été touchées. La propagande doit atteindre la campagne. C'est là que l'or est le plus récalcitrant et - par la multiplicité des thésauriseurs - le plus abondant. Une croisade intelligente le drainerait. On pourrait utiliser les foires, faire agir les influences locales.
Certains envisagent des mesures légales qui suppléeraient à l'initiative individuelle. Mais ne seraient-elles pas superflues ?
Que le public soit renseigné et comprenne : son patriotisme fera le reste.
Qui se refuserait à un beau geste quand, au demeurant, il est sans risques ?