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Ci-dessous un article qui met en avant le coté salvateur d' une sortie de l'euro : parralèle entre la Grece et l'Argentine :
"Au colloque du cercle des économistes, Roberto Alagna a raconté comment son pays, l’Argentine, a failli mourir à cause des politiques « orthodoxes » contre le surendettement. Un parallèle saisisisant avec l’Europe du sud.
Ces jours-ci on parle beaucoup de l’Etat à Aix-en Provence. Pour ses traditionnelles « journées d’économie », le cercle des économistes a choisi un thème d’actualité : « la planète dans tous ses Etats ». Pour tout dire, si le plateau est relevé (Avec entre autres Francis Fukuyama, Mario Draghi, Jacques Attali…), le contenu des interventions est souvent attendues.
Certains invités méritent néanmoins une écoute attentive. Comme Roberto Lavagna, économiste et ancien ministre de l’économie de son pays, l’Argentine. Le pays qui fit défaut sur sa dette à la fin des années 90. Avec une voix douce, dans l’amphi de la faculté de droit d’Aix, Lavagna a raconté une histoire qui nous semble bien actuelle :
« En octobre 1998, face à la montagne de dette accumulée par l’Argentine, on a commencé par retarder le moment d’admettre qu’il y avait vraiment un problème. On a parlé alors de "crise de liquidité". L’Argentine avait juste besoin de temps et tout s’arrangerait. Comme cela ne s’arrange pas, on considère alors que seul le pays endetté est coupable. On oublie les prêts et les conseils du FMI, les prêts des banquiers, qui alimentaient les importations dont profitent les importateurs. Tous ceux qui ont gagné de l’argent avec l’Argentine…
Enfin on annonce un programme d’ajustement fiscal, en prenant garde qu’il convienne d’abord aux agences de notation financière, en transférant les créances des banques privées vers les organismes internationaux comme le FMI. On passe ensuite aux participations « volontaires » des banques, comme le plan Baker en 1995, puis le plan Brady en 1999. On réduit tout : les prestations sociales, les salaires, la production, les investissements. Tout, sauf la dette ! En fait le résultat est celui-ci : les pertes ont été transférées à toute la société.
Qu’est-ce qui ne marche pas dans cette histoire ? Tout simplement qu’on a cherché un programme acceptable par les banques, et pas un programme soutenable par l’économie du pays. »
Contraint par le temps, Roberto Lavagna a conclu poliment : «Le choc a été tel qu’en Amérique latine on appelle cette période la « décennie perdue. Il y a des points communs avec des pays en Europe… »
"Lavagna eut droit à quelques applaudissements. Parler d’un défaut de crédit, c’est comme évoquer la corde dans la maison d’un pendu. Un peu avant Roberto Lavagna, un banquier de taille internationale a prévenu : « les dettes, par principe, ont vocation à être remboursées… » . Devant quelques journalistes, Roberto Lavagna précise : « Nous avions une dette dans huit monnaies différentes et les négociations ont été compliquées de ce fait. Nous étions un pays isolé. La Grèce a la chance d’avoir une dette libellée dans sa monnaie nationale, l’euro, et de faire partie d’une zone puissante. » Diplomate, il n’a pas voulu pousser plus loin le raisonnement…
En 1998, l’Argentine avait fait défaut sur ses emprunts d’Etat. Elle a obtenu de ses créanciers une réduction de 75% de sa dette. Après une période terrible socialement, le pays s’est redressé, notamment grâce à ses exportations agricoles."
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