On parle de plus en plus de faire sortir la Grèce de l'euro, mais dans les faits, comment cela peut-il se passer ?

Il est évident qu'un retour à une monnaie nationale signifie que celle-ci sera automatiquement dévaluée. Alors dans ce cas que se passera-t-il ?

Pour le passage franc/euro, on a simplement fait une division sur les comptes bancaires, et on a eu un certain temps pour échanger nos pièces et nos billets avec cette même division.
Mais si demain on annonce aux grecs que leur euro vaudra 1 nouveau drachme, et que ce dernier ne vaudra plus que 0,9 ou 0,8 dans les prochaines semaines (quand le nouveau drachme sera coté par rapport à toutes les autres devises.
Tous les grecs vont donc vider tous leurs comptes bancaires pour récupérer des billets avant le passage à la nouvelle drachme pour pouvoir convertir leurs billets par la suite.

D'où ces questions:
- La nouvelle devise aura t-elle un cours fixe (et ajustable) par rapport à l'euro ou un cours libre et flottant ?
- Le passage à la nouvelle monnaie se fera t-elle de façon automatique ou les grecs pourront avoir un compte euro et un compte en nouvelle devise ?
- Les banques grecques pourront-elles survivre à des retraits bancaires de plus de 80% si le passage à la nouvelle devise se fait automatiquement ? Autrement on peut s'attendre à un blocage des comptes.
- L'euro sera-t-il toujours autorisé comme moyen de paiement en Grèce ou seule la nouvelle devise aura cours légal ?
- Les billets d'euros grecs (ceux avec la lettre Y) vaudront-ils toujours leur valeur faciale, seront-ils retirés de la circulation ?

L'exemple argentin peut être intéressant à étudier, et répondre sans doute à une partie de tes questions.

Le mot Corralito est très instructif :http://fr.wikipedia.org/wiki/Corralito

Je passe aupres de beaucoup de mes amis pour un illuminé en disant que tout le problème c'est que la monnaie "commune" a été imposée comme monnaie "unique".
Il suffirait qu'elle reste "commune" en n'étant plus "unique" ; le taux de change redevient variable, comme au bon vieux temps; les Grecs devront débourser bcp plus de drachmes qu'avant l'entrée dans l'euro pour avoir la même quantité d'euros, épicétou!
Cà peut s'appliquer à n'importe quel Pig

Mais parait que je délire....

Salut Grand Chef.

C'est exactement le mm schéma que ce qui était arrivé aux Argentins dans les années 80. Pareil.

Ils ont mis plus de dix ans pour s'en relever.

A la différence de l'Argentine, c'est qu'aujourd"hui, et au moins jusqu'au 4 décembre, les grecs peuvent vider leur compte, donc pas d'effet surprise.
Et autre différence essentielle avec l'Argentine, c'est que le pesos argentin n'avait cours qu'en Argentine. L'euro (grec ou non) a et aura encore cours dans 16 autre pays, donc impossible de décreter que l'euro ne vaudra que 1$ à partir de telle date.

Rassures-toi, on est "2" à présent

Cela dit, la trouille des soi-disant grands manitous de l'€uroland est tellement forte qu'ils n'oseront pas mettre la Grèce hors €. Mettre les Grecs hors € = disparition de l'€ en moins d'un mois. Ils veulent mordicus que l'€ reste. Dans ce cas, il n'y a pas d'autre solution que d'éponger 100% des dettes grecques par la magie de la planche à billet. Itou pour Italie, Espagne, Portugal, Irlande, France. C'est la solution unique. Hors de ça, c'est le plongeon dans les abysses de la dépression, des émeutes, des révolutions, de la montée irrésistible des fachos de tt poil. L'€ Unie, dont l'argument de base de la construction a été la radiation de la guerre entre les européens, va aboutir dans ce cas exactement à l'effet inverse.

Incurie, corruption, et trahison contre les peuples, voilà le descriptif rapide de ce qu'est devenu l'€uroland.

Je me demande surtout pourquoi les billets en euros ont ces lettre nationales. Si le but était de controler la somme que chaque pays à émis en euros, ils auraient pu faire cela avec le numéro de série, avec un listing donné à chaque officine qui en a besoin pour le controle. La lettre associé à un pays permet à tout le monde de savoir à quel pays appartient ce billet (c'est à dire cette reconnaissance de dette). Il y abien une idée la derrière.
Je n'ai aucune certitude, c'est juste une question que je me pose.
Quoi qu'il en soit, si j'étais grec avec un peu d'epargne mais pas assez pour le planquer à l'étranger, je viderais l'intégralité de mes comptes et j'essaierai de ne plus avoir de billets Y. C'est une assurance/protection qui ne coute rien, sauf du temps. Au pire, si la dette est effacée de 100% dans 3 mois, je rédépose l'argent sur mon compte.

Je ne vois pas d'autre solution qu'un blocage des comptes le temps que la transition se fasse, à l'argentine. Et le blocage se fera au plus tard en même temps que l'annonce, pour éviter les retraits massifs. Évidemment que les gens *pourraient* aller vider leurs comptes en attendant (d'ailleurs certains le font), mais il n'y a pas forcément de raison de bloquer les retraits tant qu'il n'y a pas de réel mouvement de panique (ce serait rajouter de l'huile sur un feu qui se porte déjà bien).

Bon, le problème c'est que la situation est un peu plus complexe que le cas argentin, vu que la monnaie a cours dans d'autres pays. Je ne sais pas comment ça peut se passer, par exemple, pour les entreprises grecques qui exportent à l'international : si mon entreprise vend en Italie ou en Allemagne, que deviennent les € que je reçois ? Ils sont convertis défavorablement en drachmes ? Alors que si je fais affaire avec le RU ou la Suisse, je conserve sans problème les sommes engrangées en £ ou en CHF ?

Pour l'histoire des billets (ou des pièces) en € grecques qui ne vaudraient plus rien, j'ai du mal à l'envisager. Ça voudrait dire que les billets que j'ai chez moi, et qu'on m'a dit tous équivalents, ne le seraient en fait pas ? Ça veut dire qu'il y a des bons et des mauvais euros, et qu'ils sont quasi-indiscernables ? Ce serait le meilleur moyen de rendre définitivement les gens méfiants vis à vis de l'euro dans toute la zone, où chacun regarderait d'où vient le billet qu'on lui tend ("non, je ne prends que des euros allemands, merci"), voire rejetterait les paiements en euros pour une autre monnaie ($, £, CHF, or, ...) Ça conjugué à l'habituelle planche à billets, dans le genre politique hyperinflationniste, difficile de faire mieux.

Finalement, j'aurai du collectionner les euros grecs, moi...