Il y a sans doute des Italiens qui attendaient le dernier moment pour faire l'échange. Ils ont été floués. C'est effectivement un comportement révoltant de la part de l'état italien.
Les sommes concernées sont très loin d'être négligeables, comme le montre l'exemple français :
Pour les billets dont les dates d'échanges ont été dépassées, la Banque de France a publié un passionnant rapport :
http://www.banque-france.fr/fileadmin/u ... _etu_7.pdfLes quantités de billets non échangés avant la fin de la période d'échange sont considérables ! Pour l'avant-dernière série (50 F Montequieu etc.), ce sont : 69% des 50 F, 29 % des 100 F, 12 % des 200 F et 10 % des 500 F (ces pourcentages portent sur les volumes de billets encore en circulation au moment du cours légal). Ca fait des pertes d'argent considérables pour les gens qui n'ont pas échangé ! Et un gain considérable pour l'Etat !
La BDF explique le mécanisme dans les comptes :
"Au-delà de la date de fin d’échange, les billets concernés perdent toute valeur pour leurs détenteurs, mais
n’en restent pas moins inscrits comme ressource au bilan de la Banque de France pour leur valeur faciale
(on parle de « culot d’émission »). Afi n d’annuler cette créance, la valeur des billets non présentés à l’échange est remboursée à l’État, c’est-à-dire à la collectivité. C’est donc une source de revenus pour les finances publiques."
Faisons les comptes, rien que sur l'avant-dernière gamme de billets (graphique du bas de page 74) :
50F Quentin de La Tour : 20 millions de billets non rapportés soit 1 milliard de francs
100 F Delacroix : 25 millions de billets non rapportés soit 2,5 milliards de francs
200 F Montesquieu : 9 millions de billets non rapportés soit 1,8 milliards de francs
500 F Pascal : 4,8 millions de billets non rapportés soit 2,4 milliards de francs
Total : 7,7 milliards de francs soit 1,17 milliards d'euros en pur bénéf dans les caisses de l'état rien que sur une gamme de billets.
D'ailleurs, c'est officiel : l'Etat français a pris en compte dans son budget 2012 une recette de 500 millions d'euros correspondant aux non-retours des billets au 17 février 2012 :
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/0 ... francs.phpSi je compte bien,
sur l'ensemble des 3 gammes de billets, les Français auront donc fait don à l'Etat d'une somme de l'ordre de 3 milliards d'euros. On parle de grand emprunt national, mais là c'est pas un emprunt, c'est un don total et sans contrepartie ! Les Français sont quand même très cons, d'accepter ainsi de payer un impôt supplémentaire ! (EDIT : bon, c'est pas énorme non plus, ça fait de l'ordre de 50 € par français, soit 200 € environ par foyer).
Pour l'Italie, le montant de billets encore en circulation correspond à 2 millards d'euros. Les Italiens sont potentiellement floués de 2 milliards d'euros. Toutefois, on sait qu'une partie n'aurait pas été échangée. L'échange réaliste qui aurait eu lieu, et qui n'aura pas lieu, porte sur quoi ? 500 millions ou 1 milliard d'euros ?
Et puis surtout, c'est extrêmement injuste, car ça frappe au hasard, notamment des personnes âgées. Et comment dire ça à ses descendants ? Pour certaines personnes, ça va être un drame énorme ! D'ailleurs, les gens sont en train de se regrouper pour intenter une action collective contre l'état italien ! (lire les commentaires des articles postés par Dantec).
Enfin,
c'est un signe extrêment grave, qu'un état européen puisse ainsi retirer du jour au lendemain la valeur de sa monnaie papier. Même si les lires n'avaient plus cours légal, elles gardaient une valeur garantie par l'Etat. Et cet Etat décide de retirer du jour au lendamin la valeur de cette monnaie.
En France, des échanges à courte échéance se sont produits en 1945 et 1948 : voir discussion dans cette page
viewtopic.php?f=2&t=6117&st=0&sk=t&sd=a&start=10Ce qui a pu être accepté il y a 60 ans dans un pays qui se relevait à peine de la guerre, détonne beaucoup plus dans un pays riche et moderne ! Surtout qu'en France, les gens avaient pu se précipiter et changer leurs billets (même s'ils n'avaient que quelques jours pour le faire), alors que là, en Italie, publication le 7 décembre pour effet le jour même, c'est trop tard pour se précipiter !