Dans un document intitulé « l’euro dans la guerre des monnaies », le Conseil d’analyse économique préconise une politique monétaire plus expansionniste pour la Banque centrale européenne (BCE), à l’image de sa consœur américaine. L’étude donne surtout les avantages nuancés d’une dépréciation de l’euro de 10%.
Sans trop se mouiller, le Conseil d’analyse économique (CAE), qui a pour mission d’examiner les questions qui lui sont soumises par le Premier ministre, recommande à la Banque centrale européenne (BCE) d’être plus active, alors que les politiques monétaires de plusieurs pays semblent soutenir la reprise économique et la baisse du chômage.
Dans sa dernière note d’analyse , ce groupe d’économistes en charge d’éclairer les choix du gouvernement incite la BCE à assouplir sa politique monétaire, en intervenant directement sur les marchés des crédits aux PME, en rachetant massivement des actifs et en s’engageant sur des objectifs économiques de long-terme, comme le fait la Réserve fédérale américaine avec l’emploi.
Alors qu’un tel activisme de la BCE « devrait s’accompagner d’un affaiblissement temporaire de l’euro », l’étude met en avant les conséquences sur l'économie française d’une dépréciation de l’euro de 10%. Le principal avantage d’un affaiblissement de la monnaie unique serait « une hausse des exportations hors zone euro de 7 à 8% en valeur ». Un effet significatif alors que les exportations représentent aujourd’hui 11% du PIB européen. Les entreprises exportatrices (dans l’aéronautique par exemple) gagneraient notamment en compétitivité.
En revanche, une baisse de l’euro entraînerait « un renchérissement de l’ordre de 3,5% des importations hors zone euro » et une facture énergétique bien plus élevée (actuellement 1,5% du PIB). Selon le CAE, l’affaiblissement de la monnaie unique provoquerait ainsi « une perte de pouvoir d’achat pour les ménages » et un coût pour les entreprises importatrices.
Au final, la contribution d’une baisse de l’euro serait positive pour l'économie : « 0,6% de croissance supplémentaire après 1 an et 1% après 2 ans. ». Toutefois, les auteurs relativisent la portée de leur analyse en indiquant que l’euro n’est aujourd’hui « pas surévalué » et qu’une baisse, bien que bénéfique, ne serait « pas durable ».
Si, d’après l’étude, une baisse de la monnaie unique « aiderait la zone euro à sortir d’une situation conjoncturelle difficile », les auteurs précisent que « des résultats équivalents peuvent être obtenus par des politiques publiques (charges sociales, taxation, coût de l’énergie) qui peuvent être mises en œuvre au niveau national ». En d'autres termes, le gouvernement a du pain sur la planche.
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