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Tradosaure
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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 01 Juin 2015 08:56 
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silvercoulous a écrit:
http://institutdeslibertes.org/ne-jamais-croire-un-grec-surtout-sil-tamene-un-present/


remarquable !

Citer:
« Ne jamais croire un Grec, surtout s’il t’amène un présent »
Economie, Non classé 3 comments
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“TIMEO DANAOS ET DONA FERENTES “

Laocoon, dans l’Énéide de Virgile, qui voulait refuser l’entrée du cheval à Troie

La tragédie Grecque continue à faire la première page des journaux un peu partout, les journalistes nous expliquant que le gouvernement Grec est d’une incompétence inimaginable et que le pire est à venir pour la population. Plus le temps passe, moins j’en suis sur. Réfléchissons deux minutes.

Imaginons par exemple que le gouvernement grec ait parfaitement compris qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir et que la seule solution était pour la Grèce de faire faillite.

Dans la première crise Grecque en 2011, la dette était détenue en quasi-totalité par des banques étrangères (Françaises, Italiennes…) installées en Grèce et qui avaient fait preuve de beaucoup de légèreté dans les crédits qu’elles avaient octroyées à des emprunteurs Grecs. C’est un principe du droit commercial qu’accorder des crédits à des gens qui ne pourront jamais les rembourser est une faute lourde. De ce fait, ne pas rembourser des banques étrangères est historiquement une pratique assez courante. Logiquement donc, les banques étrangères auraient du s’assoir avec leurs débiteurs Grecs et négocier avec eux les pertes qu’elles allaient devoir prendre.

Hélas, nous sommes dans un monde gouverné par des banquiers, au profit des banquiers. Le but essentiel de la première négociation fut donc non pas de permettre à la Grèce d’assainir une fois pour toutes ses finances, mais de protéger les intérêts des banquiers qui avaient commis une énorme boulette et monsieur Sarkozy se distingua particulièrement dans cette tache.

Papandreou, le premier ministre de l’époque, qui voulait organiser un referendum sur le sujet fut remplacé assez rapidement par le Quisling de service, Lucas Papademos, ancien de la BCE (!) qui négocia un remarquable accord, extrêmement favorable aux banques étrangères et désastreux pour la Grèce, en substituant des organisations internationales aux banques étrangères. Les banques étrangères furent donc sorties sans trop de dégâts du trou dans lequel elles s’étaient mises et remplacées par la BCE, le FMI etc.…

L’ennui est que la dette Grecque est maintenant due à des organisations internationales et qu’il est impossible juridiquement de renégocier avec ces organisations des remises de dettes, sauf à perdre pour un grand moment tout crédit auprès d’elles. Voila qui parait être une situation sans issue. La Grèce et son gouvernement sont coincés et bien coincés, du moins en apparence.

Et c’est la qu’entre en jeu monsieur Yanis Varoufakis, bon spécialiste de la théorie des jeux puisqu’il l’enseignait à l’Université du Texas.

Les lignes qui vont suivre ne sont bien sur qu’une tentative pour expliquer que tant que la Grèce reste dans le cadre légal que lui impose l’Euro, elle n’a aucune chance de s’en sortir. Par contre, si elle prend le risque de sortir, alors, elle a beaucoup plus de cartes en main qu’on veut nous le faire croire. Inutile de dire que je n’ai aucune information spéciale, n’étant pas dans le secret des Dieux.

Pour comprendre ce qu’est peut être la stratégie du gouvernement Grec, il faut se rappeler une boutade célèbre : Si vous devez 100.000 euro à votre banquier, vous avez un problème. Si vous lui devez 300 milliards, il a un problème Donc soyons clairs, ce sont la BCE, le FMI etc. qui ont un problème, pas la Grèce.

Or le gouvernement Grec sait très bien que dés qu’il aura fait faillite, ce qui est inévitable, il n’aura plus accès à aucun financement et ce pendant un grand moment. Il lui faut donc se constituer un trésor de guerre, que les autorités internationales ne pourront pas saisir. Logiquement, il aurait du installer comme à Chypre, des contrôles des changes, des contrôles des capitaux et que sais je encore, pour garder le peu de devises qu’il avait. Or qu’est que je constate? Les déposants Grecs peuvent librement transférer de l’argent de leur compte en Grèce à n’importe quel compte étranger (à leurs cousins en Australie, en Allemagne ou aux USA…), ou, s’ils n’ont pas de cousins, ils peuvent transformer leurs dépôts en billets de banque et les mettre dans un coffre chez eux.

La masse monétaire Grecque s’effondre donc, puisqu’elle est en train de se déverser aux USA, en Allemagne ou en Australie. Dans une situation « normale », le taux de change de la monnaie Grecque devrait s’effondrer, mais il n’en est rien puisque ces transferts sont financés par …la BCE.

Explication.

La banque commerciale Grecque de base n’a plus de dépôts et donc plus de cash, mais elle a en réserve d’importantes quantités de bons du Trésor Grecs, émis pour financer le déficit budgétaire Grec par le passé. Notre banque commerciale présente donc ces bons à la banque centrale Grecque, pour réescompte. Laquelle les présente à la BCE, pour avoir du cash. Et les transmet à la banque commerciale Grecque qui peut financer les retraits. Et ce cash se retrouve dans les poches …des citoyens Grecs.

Le trésor de guerre est dans les mains des citoyens Grecs et ces sommes resurgiront des que la Drachme sera recréée. On parle déjà de plus de 100 milliards d’Euro avancés par la BCE à la banque centrale de Grèce. .

Ce petit jeu durera aussi longtemps que la BCE escomptera et donc le gouvernement Grec a tout intérêt à faire ses échéances aussi longtemps qu’il le peut puisque tant qu’il paye 500 millions, les citoyens Grecs peuvent tirer 5 milliards. Le but du gouvernement Grec est à l’évidence de faire trainer les choses le plus longtemps possibles en espérant que la BCE ne va pas siffler la fin de la partie, ce qui la forcerait à prendre ses pertes immédiatement. La BCE est donc dans une situation ou si elle arrête les financements, elle perd puisque cela forcerait la Grece a sortir et si elle ne les arrête pas, elle perd aussi .

Monsieur Tsipras est dans le rôle du bon flic tandis que monsieur Varoufakis joue le méchant.

C’est là où le cheval de Troie revient en mémoire, et peut être la BCE aurait du se poser des questions sur ces paiements mais nos banquiers centraux sont non seulement incompétents mais incultes.

Quand la musique s’arrêtera, l’Etat Grec fera défaut sur 300 milliards, ces 300 milliards étant en grande partie dans les comptes de citoyens Grecs en dehors de Grèce, ou en billets de banque en Euro, qui resteront parfaitement valables. Quand la Grèce sortira de l’Euro, les citoyens Grecs auront donc une forte hausse de la valeur de leur épargne, ce qui leur permettra de consommer à nouveau. Quand la Drachme sera réintroduite, elle baissera de 50 % ou plus, ce qui permettra à l’économie Grecque de repartir comme une fusée. Je viens de passer quatre jours à Rhodes, où 80 % de l’activité provient du tourisme. Question : Qui ira en Espagne, en Italie ou en France pour payer deux fois plus cher qu’en Grèce? Réponse, personne.

En Grèce, les transactions domestiques habituelles pour acheter la feta, les olives, ou pour payer les salariés de l’hôtel se passeront évidemment en monnaie locale, mais si vous voulez vous acheter une maison à Patmos, il faudra le faire en dollar ou en Euro.

Parallèlement, le gouvernement Grec, qui sera toujours dans l’Union Européenne, commencera à ouvrir des négociations avec la Russie par exemple, pour louer à cet autre paria une grande base maritime proche de la Turquie, et ce ne sont pas les ports qui manquent en Grèce. Et la Russie se retrouverait pour la première fois de son histoire avec un port de l’autre coté du Bosphore, ce qui serait bien pratique pour contrôler la première armée Sunnite du monde, l’armée Turque et pour surveiller les flottes Américaines ou Turques. Monsieur Erdogan risque de tousser un peu, mais ce grand démocrate demandera aux USA que faire et j’attends avec impatience la réponse de ce génie de la politique étrangère qu’est monsieur Obama.

Voila qui pose la question à terme du maintien de la Grèce dans l’Otan, mais en virer la Grèce ne sera pas facile. Autrefois, les USA auraient demandé à l’armée Grecque de faire un coup d’Etat, mais il parait que cela n’est plus de mode, sauf en Ukraine bien sur. Avec le brillant résultat que tout un chacun peut constater.

Peut être le gouvernement Grec, s’il a le sens de l’humour, ira-t-il jusqu’à solliciter des crédits aux nouvelles institutions financières qui viennent de voir le jour en Chine, pour financer un gazoduc qui irait de la Russie a l’Autriche, en passant par le Grèce. Ou bien demanderont ils de l’argent pour financer le développement du port d’Athènes, qui après tout, appartient aujourd’hui aux Chinois.

Et donc, contrairement à ce que vous lisez dans tous vos journaux, la Grèce a beaucoup de cartes en main et l’Europe beaucoup moins que l’on essaie de nous en convaincre.

La seule solution pour les puissants esprits qui ont créé l’Euro serait d’annuler totalement la dette grecque, mais l’Italie, l’Espagne et le Portugal demanderaient immédiatement la même chose, ce qui mettrait le système financier Allemand en faillite puisque les balances « target » qui ne sont que la somme des excédents des comptes courants allemands contre le reste de l’Europe depuis les débuts de l’Euro sont aux alentours de 1000 milliards d’euro. Et ces mille milliards qui n’en vaudront que 500 à tout casser dans le cas de remises des dettes généralisées sont dans l’actif des institutions financières Allemandes tandis que les fonds propres de ce système financier Allemand sont de 350 milliards. Prendre une perte de 500 milliards avec des fonds propres de 350 milliards n’est pas chose facile .Et l’électeur de Madame Merkel n’apprécierait sans doute pas.

Bref, l’Euro n’était pas une bonne idée, y faire rentrer la Grèce et l’Italie une imbécillité. Merci Goldman Sachs qui n’a jamais été poursuivi pour avoir tripatouillé les comptes de ces deux pays, ce qui est bien normal puisque celui qui a négocié avec Goldman pour maquiller les comptes de l’Italie n’était autre que monsieur Draghi.

Conclusion:

Surtout, surtout, ne croyez pas un mot de ce que vous disent les médias. Que le gouvernement Allemand fasse tout ce qui est en son pouvoir pour protéger son système financier est bien normal. Que le gouvernement Grec en fasse autant est plus douteux. Les Grecs ne sont pas des Irlandais. L’Allemagne a déjà subi une défaite gigantesque avec la victoire de Cameron, la sortie de la Grèce constituerait un vrai cataclysme pour nos voisins, et sans doute pour nous. La bonne nouvelle est que nous avançons vers le dénouement car nous commençons à entrevoir la fin du Frankenstein financier qui plombe l’Europe depuis 15 ans, et cela me rend plutôt content.

” Il vaut mieux la fin de l’horreur qui horreur sans fin” (proverbe Allemand)


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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 01 Juin 2015 11:03 
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Grèce: Varoufakis veut racheter les obligations de la BCE
31 mai 2015

Le rachat par Athènes des obligations grecques détenues par la BCE, faciliterait le retour du pays sur les marchés internationaux d’emprunt, a estimé le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis dans un entretien paru samedi dans la presse.

Dans le cadre d’une aide aux pays les plus touchés par la crise de la dette, la Banque centrale européenne (BCE) avait décidé en 2010 de racheter des obligations souveraines grecques d’une valeur nominale de 27 milliards d’euros.

« Ces obligations créent un double problème aux finances grecques: d’une part l’arrivée à échéance d’une partie de ces obligations en été [l’Etat grec doit rembourser 6,7 milliards à la BCE (en juillet et août)], crée un gap budgétaire important, d’autre part leur détention par la BCE empêche Athènes de participer au vaste programme du rachat des dettes des pays (« QE ») lancé par la BCE« , explique Yanis Varoufakis dans un entretien au quotidien Avghi (gauche).

Selon le ministre, la solution à ces problèmes « serait un prêt du MES (Mécanisme européen de stabilité, ndrl) à la Grèce avec un taux bas de 1,5% afin que le pays puisse racheter les obligations détenues par la BCE; cela permettrait le transfert de la dette de la BCE au MES ainsi que la participation du pays au programme QE, qui attirerait des investisseurs et marquerait le retour du pays sur les marchés« .

Ce retour, « qui requiert également une restructuration de la dette publique, pourrait couvrir une grande partie de nos dettes au FMI, soit 19,9 milliards d’euros, grâce à l’émission de nouvelles obligations« , ajoute-t-il.

Les investisseurs rechignent actuellement à acheter la dette du pays car Athènes et ses créanciers, l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire européen (FMI), peinent toujours à arriver à un accord sur l’avenir financier du pays. Le gouvernement de la gauche radicale Syriza souhaite alléger la politique d’austérité tandis que les créanciers veulent leur imposer de poursuivre le plan d’aide en vigueur depuis cinq ans.

En raison des difficultés financières et du manque de confiance des investisseurs dans le gouvernement de gauche, la Grèce peine à revenir sur les marchés obligataires d’emprunt de moyen et long terme après son premier retour il y a un an pour se financer. Malgré certains progrès enregistrés récemment dans les négociations entre Athènes et ses créanciers, ces derniers ont indiqué qu’il faudra encore de temps pour conclure un accord.

A Athènes, le Premier ministre Alexis Tsipras a présidé samedi après-midi une réunion-marathon de plus de huit heures, samedi, avec des ministres chargés de la négociation avec les créanciers. Parallèlement, à Bruxelles « d’intenses discussions » ont lieu samedi entre les experts grecs et ceux des créanciers, visant à arriver à un accord, selon l’Agence de presse grecque (Ana, semi-officielle). Elles doivent se poursuivre dimanche, selon la même source. Le patron du MES, l’Allemand Klaus Regling, a appelé de nouveau samedi le gouvernement grec à poursuivre les réformes pour éviter des conséquences négatives sur l’avenir du pays.

Source

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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 01 Juin 2015 22:40 
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La Grèce se couche, et un accord paraît de plus en plus plausible. Comme prévu.

http://www.zerohedge.com/news/2015-06-01/greece-abandons-red-lines-troika-meets-berlin-craft-deal

Tsipras joue un double jeu : il balance sur les institutions dans les merdias... et négocie en privé. "The unexpected development came after Greek Prime Minister Alexis Tsipras fired a broadside at international creditors that officials said bore little resemblance to his private talks with EU leaders."


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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 02 Juin 2015 06:26 
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La Grèce se couche: avec quoi? En attendant, il lui faut 7 milliards sur un mois. Elle ne les a pas. Couchée ou pas.

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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 02 Juin 2015 08:20 
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On va les lui filer, via l'ELA ou tout autre programme de sauvetage. Tsipras est en train de lâcher sur l'augmentation de la TVA, la baisse des pensions de retraite et d'autres "lignes rouges" qu'il ne voulait pas franchir. Faut lire l'article de ZH.


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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 02 Juin 2015 18:16 
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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 02 Juin 2015 19:20 
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France 2 à l'instant. "Depuis le début de l'année, c'est 35 millions d'euros qui sont sorti de Grèce vers l'étranger."
Ben oui, 35 millions pour 10 millions de grecs ça fait 3,50 euros par habitant...On remplace milliards par millions, ça évite de faire peur aux gens.

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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 02 Juin 2015 21:47 
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Citer:
L’épisode en cours n’est pas encore terminé, mais déjà la suite s’annonce sans tarder. Si le déblocage de la dernière tranche du plan de sauvetage qui se termine fin juin intervient – probablement en totalité – les échéances immédiates de remboursement du FMI pourront être honorées, mais déjà les suivantes auprès de la BCE arrivent !
Et les négociations à venir vont enfin aborder le gros du morceau : la restructuration de la dette dans un contexte économique détérioré de retour à la récession. Car la Grèce ne sera toujours pas placée sur une trajectoire soutenable, comme les hautes autorités européennes prétendent y parvenir tout en aboutissant à son contraire.
En adoptant une ligne dure, le FMI joue de son côté une carte dans le but de se dédouaner politiquement.

http://www.pauljorion.com/blog/2015/06/ ... more-75637


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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 03 Juin 2015 21:13 
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L’heure des choix
3 juin 2015 - Par Jacques Sapir

Alexis Tsipras a rédigé une tribune dans le journal Le Monde[1] ; ce texte vient s’ajouter aux déclarations qu’il a faites ces derniers jours devant les responsables de son parti, SYRIZA. Le ton du dernier article, mesuré mais ferme, prenant à témoin l’opinion publique pourrait cependant bien annoncer la décision politique du gouvernement grec de faire défaut sur sa dette. Ce texte, qui se présente comme un « programme » vient cependant trop tardivement pour en constituer un. Si Tsipras avait cru possible un accord avec l’Eurogroupe et les gouvernements de l’UE, il aurait dû publier ce texte en février ou mars. En réalité, on peut penser que la fonction de ce texte est de préciser les responsabilités dans la rupture qui s’annonce entre la Grèce et ses créanciers.

La négociation de la « dernière chance » ?

En réaction à ce texte, les dirigeants de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, avec M. Mario Draghi pour la BCE et Mme Christine Lagarde pour le FMI, se sont réunis lundi soir à Berlin. La seule chose qui en soit sorti fut une déclaration pour continuer à négocier avec « encore plus d’intensité ». Mais, en réalité, la négociation est politique et non technique. Cela, Alexis Tsipras l’a clairement indiqué dans son texte. Il faut lire avec attention ce dernier. Tsipras décrit la volonté de la Grèce d’aboutir à un accord globale et la situation qui a résulté de la mise en place des mesures d’austérité imposées par la « Troïka », c’est à dire l’Union européenne, le FMI et la BCE : « Le 25 janvier 2015, le peuple grec a pris une décision courageuse. Il a osé contester la voie à sens unique de l’austérité rigoureuse du Mémorandum afin de revendiquer un nouvel accord. Un nouvel accord qui permette à la Grèce de retrouver le chemin de la croissance dans l’euro avec un programme économique viable et sans renouveler les erreurs du passé. Ces erreurs ont été payées cher par le peuple grec. En cinq ans, le chômage a grimpé à 28 % (60 % pour les jeunes) et le revenu moyen a diminué de 40 %, tandis que la Grèce, conformément aux statistiques d’Eurostat, est devenue l’Etat de l’Union européenne (UE) ayant l’indicateur d’inégalité sociale le plus élevé. Pis encore, malgré les coups durs qui ont été portés au tissu social, ce programme n’a pas réussi à redonner à l’économie grecque sa compétitivité. La dette publique a flambé de 124 % à 180 % du PIB. L’économie grecque, malgré les grands sacrifices de son peuple, est toujours piégée dans un climat d’incertitude continue engendrée par les objectifs non réalisables de la doctrine de l’équilibre financier qui l’astreignent à rester dans un cercle vicieux d’austérité et de récession ».

L’analyse est claire. La Grèce souhaite rester dans l’Euro mais ne peut supporter les mesures d’austérité qui lui ont été imposées et qui se sont révélées largement inefficace. Il souligne le fait que le gouvernement grec a pris des mesures et fait des propositions pour un changement de politique depuis le 25 janvier. Une autre politique économique doit être mise en place et d’ailleurs de nombreux économistes, de Paul Krugman à Joseph Stiglitz, ci-devant prix Nobel et qui ne sont pas connus pour leurs positions extrémistes, ne disent pas autre chose. Tsipras rappelle d’ailleurs la responsabilité de la Troïka dans le chaos fiscal qui régnait jusqu’à présent en Grèce : « Un autre élément d’une importance toute aussi grande de nos propositions est l’engagement à accroître les recettes publiques par le biais de la redistribution des charges à partir des citoyens à revenus moyens et faibles vers ceux qui ont des revenus élevés et qui jusqu’à présent s’abstiennent de payer leur part pour affronter la crise, étant donné que dans mon pays ils étaient protégés très efficacement tant par l’élite politique que par la troïka qui fermait les yeux ».

L’avertissement est ici très clair. La Troïka a couvert des actes répréhensibles en Grèce ; le gouvernement allemand, qui aime bien se couvrir du manteau de parangon de la vertu, se refuse d’ailleurs à extrader vers la Grèce l’un des responsables de la firme SIEMENS, au cœur d’un immense scandale de corruption.

Rappelant les efforts déjà réalisés par le peuple grec, mais aussi les engagements pris par le nouveau gouvernement, il en vient alors à l’essentiel. Deux stratégies divisent l’Europe écrit-il : « La première vise l’approfondissement de l’intégration européenne dans un contexte d’égalité et de solidarité entre ses peuples et ses citoyens. (…)La deuxième stratégie conduit à la rupture et à la division de la zone euro et de ce fait de l’UE. Le premier pas dans cette direction serait la formation d’une zone euro à deux vitesses où le noyau central imposerait les règles dures d’austérité et d’ajustement. Ce noyau central imposerait aussi un superministre des finances pour la zone euro qui jouirait d’un pouvoir immense avec le droit de refuser des budgets nationaux même des Etats souverains qui ne seraient pas conformes aux doctrines du néolibéralisme extrême ». Tout est dit.

On oublie souvent, par ignorance ou par malice, que SYRIZA est un parti profondément européen. On a expliqué dans un texte publié en février dernier les raisons de l’attachement à l’Europe. Mais on oublie aussi que SYRIZA est un parti profondément attaché à la souveraineté du peuple grec et à la démocratie. Il ne peut accepter une Europe qui foule aux pieds et la souveraineté et la démocratie, ce qui est la logique des institutions européennes depuis maintenant 10 ans.

Il en découle que ce que demande SYRIZA c’est bien un retour de l’Europe vers son projet démocratique et respectant la souveraineté des peuples. Si cela devait s’avérer impossible, l’Europe ne serait plus l’Europe et SYRIZA ne se sentirait plus tenue de respecter les règles d’une Europe anti-démocratique. Cela signifie que la négociation porte en réalité sur des principes politiques et non sur des données techniques comme le montant supposé de l’excédent budgétaire primaire ou le montant des retraites. Non que ces données techniques ne soient pas importantes ; elles le sont incontestablement pour une large part de la population grecque. Mais, la négociation ne porte qu’indirectement sur ces points. L’Europe est-elle prête à appliquer à la Grèce un traitement identique à celui qui fut réservé à l’Allemagne en 1953 ou préfèrera-t-elle se crisper dans l’austérité et camper sur ses procédures antidémocratiques ?

L’aveuglement des pays européens.

La nature du problème posé était claire depuis le 25 janvier. Quand SYRIZA a préféré s’allier avec les « Grecs Indépendants » plutôt qu’avec le pseudopode européiste « La Rivière » (To Potami) il est devenu évident pour tout observateur raisonnable que la question posée à l’Europe serait politique et non technique.

Mais, l’Eurogroupe et l’UE ont préféré ne pas voir cette réalité, très certainement parce qu’elle mettait en cause l’architecture même qui avait été construite par l’Allemagne avec la complicité des gouvernements français, mais aussi espagnols et italiens. On ne dira jamais assez la responsabilité considérable qui fut celle d’un Nicolas Sarkozy et d’un François Hollande quand ils préférèrent s’aligner sur les propositions de Mme Merkel plutôt que de provoquer une crise salutaire qui aurait mis fin à cette dérive antidémocratique de l’Europe. Si le débat sur les règles de gouvernance et sur les logiques de l’austérité avait eu lieu entre 2010 et 2013, il est possible que l’on eut pu trouver des solutions pérennes à la crise tant économique que politique que traversait la zone Euro. Mais, le refus d’ouvrir cette crise, au nom d’une « préservation de l’Euro » risque fort d’aboutir à son contraire : une crise, issue de la Grèce et s’étendant progressivement à l’ensemble des pays, qui finisse par emporter non seulement l’Euro, ce qui ne sera pas une grande perte, mais aussi l’ensemble de la construction européenne. L’aveuglement politique des dirigeants européens, leur obstination à pousser de l’avant des politiques dont les principes étaient à l’évidence nocifs et les résultats funestes, aura des conséquences considérables sur l’Europe. L’Histoire dira que les véritables fossoyeurs du projet européen se sont appelés Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avec l’aide de MM. Rajoy et Renzi.

Pris dans cet aveuglement, ces dirigeants ont voulu croire que la Grèce ne voulait que renégocier le carcan de servitude dans laquelle elle est enfermée. Mais ce que voulait, et veut toujours, la Grèce c’est la fin de ce carcan et non le changement des cadenas qui le verrouillent. Aussi a-t-on vu se développer une incompréhension fondamentale entre Athènes et les autres pays. Là où les créanciers proposaient des concessions de pure forme en échange de nouveau prêts, les dirigeant grecs proposaient des concessions importantes, et que l’on peut trouver excessives comme sur les privatisations et la suspension de certaines mesures sociales, mais en échange d’un traitement global de la question de la dette, traitement qui passe à l’évidence par une annulation d’une partie de cette dette et une restructuration d’une autre partie, transformée en dette à 50 ans.

L’incompréhension des eurocrates devant les demandes de la Grèce s’enracine dans l’aveuglement que l’on a évoqué. Mais, dans le cas de l’Allemagne, il s’enracine aussi dans la compréhension que la question de la dette ne pourra pas être cantonnée à la Grèce. Que l’Allemagne cède, ce qui n’est pas totalement exclu dans les jours à venir compte tenu de l’ampleur des pressions américaines sur Berlin, et c’est toute la politique d’austérité qui partira en morceaux. D’ores et déjà le Premier-ministre espagnol, qui s’était fait le meilleur allié de Berlin en février et mars, annonce un changement important d’attitude. Il réclame désormais la création d’euro-obligations pour alimenter la croissance dans les pays de l’Europe du Sud. Le message pour Mme Merkel ne saurait être plus clair : céder sur la Grèce, c’est se préparer à voir tous les pays de l’Europe du Sud remettre en cause le dogme de l’austérité et chercher à s’engouffrer dans la brèche ouverte par Athènes.

On s’aperçoit ici que la politique mise en place par le compromis entre Mme Merkel et Nicolas Sarkozy au printemps 2010 a enfermé les dirigeants européistes dans une situation dont ils ne peuvent sortir que par des décisions qui se révèleront désastreuses pour eux. L’intransigeance provoquera le défaut de la Grèce et à court terme sa sortie de la zone Euro, entamant ainsi le détricotage de cette dernières. Mais, accepter la demande d’Athènes provoquera une implosion de la politique d’austérité, des demandes répétées se concentrant sur l’Allemagne, ce qui aboutira à rendre la situation insupportable pour ce pays. A refuser de voir la réalité des problèmes ces dirigeants se sont mis d’eux-mêmes dans une situation dont ils ne pourront sortir qu’à un coût, politique comme économique, considérable.

Une fin abominable ou une abomination sans fin ?

Dès lors, et parce que l’Europe – et c’est ici que l’on diverge avec les espoirs de Tsipras – ne peut pas se réformer, elle n’a d’autres choix que d’accepter une fin abominable (le défaut) ou une abomination sans fin du point de vue de la logique austéritaire, c’est à dire la remise en cause rapide de tous les traités signés depuis 1999. On peut se demander si l’Allemagne n’a pas déjà choisi la fin abominable. La réponse à cette question ne saurait désormais tarder.

[1] Tsipras A., « L’Europe est à la croisée des chemins », in Le Monde, 31/05/2015, http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

Source

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 Sujet du message: Re: Grèce : crise, notation, banqueroute, manif, FMI, UE, 2eme
MessagePublié: 04 Juin 2015 07:13 
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Excellent billet d'O.B

1000 [Idée reçue] Les États ne font jamais défaut…
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