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Tradosaure
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 Sujet du message: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 23 Sep 2009 21:11 
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Inscrit le: 05 Jan 2009 22:27
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Je me permets de reprendre ici un article de Jean Dupont.
Sous ce pseudonyme se cache un des meilleurs contributeurs de forums "macroéconomiques" qu'il m'est arrivé de lire.
J'espère qu'il me pardonnera cet emprunt (je ne peux pas lui demander, mon compte sur le forum où il l'a posté a été récemment désactivé).

Cela pourra vous sembler long, mais cela se lit très vite.

Citer:
Salut à tous,
Le temps est venu de faire une petite synthèse sur l’état actuel du monde et sur la sortie de crise que les gouvernants de tous les pays annoncent depuis quelques jours. Tout d’abord permettez-moi de proposer un petit historique, non exhaustif, mais qui met en perspective mon propos et qui permet un petit éclairage technique :

Le principe de la banque et l’origine de marché de valeurs se sont mis en place au fur et à mesure des siècles. Comme j’aime à le rappeler, Gênes, Venise, Brugge, Amsterdam et quelques autres lieux centraux ont fait l’expérience de ces places de marchés capitalistes et libérales. Au travers d’une étude minutieuse, on peut voir que tout cela est venu progressivement et que les mécanismes ont été permis, appris, régulés et usités. Ces lieux centraux de pouvoirs ont tous fini par décliner, à terme. Qui sait où se trouve Brugge de nos jours ?

Au terme du dernier cycle économique, les contre-mesures prises entre 1929 et le New Deal de 1933 ont instauré un socialisme à l’américaine qui ne disait pas son nom, mais pour ne pas polémiquer appelons cela « un franc libéralisme basé sur la concurrence entre des entreprises ne constituant pas un monopole, et soumis à de nombreux organismes de régulation » .

Je me permets de faire tout de suite un aparté pour dire que nos Sociétés occidentales partent d’un point que je laisse à chacun le soin de nommer – ultra libéralisme, bêtise humaine, ou tout ce qui vous passera par la tête – mais vont assurément se rapprocher d’un tel endroit : ce libéralisme idéal décrit dans les livres.

En 1933, une des étapes importantes du début du supercycle que nous sommes en train de quitter a été l’instauration du Banking Act, également connu sous le terme Glass-Steagall Act. Ce texte de loi américain a pour objectif de
• rendre incompatible les métiers de banque de dépôt (très régulés) et de banque d'investissement (soumises à de moindres exigences).
• créer le système fédéral d'assurance des dépôts bancaires.
• introduire le plafonnement des taux d'intérêt sur les dépôts bancaires.

A partir de 1970, profitant d’un certain nombre de vides juridiques, commence un jeu de montages diverses et variés qui contourne cette loi, permettant un rapprochement entre les banques de dépôt et de banques d'investissement. A partir de ce moment, commence à se créer une opacité entre les flux entrant et les flux sortants des groupes bancaires.

En 1999, le Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act vient officialiser ces comportements. Cette loi rend possible l’émergence de groupes bancaires multi-domaines connues sous les termes « banques universelles ». Elles assurent aussi bien les services d'une banque de dépôt, d'une banque d'investissement et d’une compagnie d'assurance. Disons le tout net, c’est ici que commence une autre histoire : celle de la Banque-Assurance d’outre atlantique. (Son règne sera assez court mais les effets seront grandioses.)

Ainsi naissent des conglomérats importants dont le plus emblématique est probablement CityGroup ou encore une world-company qui se distinguera bien assez tôt : AIG (American International Group).

Après cette prouesse permettant aux banksters de pouvoir placer l’argent des déposants américains à leur guise, permettant de faire tourner l’argent à la vitesse de la lumière dans ces casinos géants, il ne manquait plus que la mondialisation des normes comptables IFRS et des accords de Bale II pour finir le travail de sape de notre économie planétaire.

Précédemment, la valorisation d’un actif au bilan d’une entreprise était faite sous l’égide d’un principe de prudence. En 1889, un célèbre constructeur de pneus acquière une usine pour 400 Francs. Jusqu’à récemment, cette somme était portée au bilan tant qu’une nouvelle transaction n’a pas permis de constater que l’usine valait plus.
Avec les normes IFRS, cette usine est portée au bilan pour plusieurs dizaines de millions d’euros, puisque le marché potentiel de ce genre d’usine constate actuellement des transactions à plusieurs milliers d’euros le m².

Dans le contexte IFRS, au fur et à mesure que les actifs détenus par les banques sont mieux valorisés, on constate que la banque a un meilleur bilan, et puisqu’elle a un meilleur bilan, ces actifs s’en trouvent valorisés, etc… On se croirait en présence d’une bulle de savon qui s’étend à l’infini… c’est magnifique. Il y a là une sorte d’amplificateur de performance, génial, jusqu’à ce qu’un beau matin de 2007, on tire la sonnette d’alarme avec le phénomène des trop nombreuses défaillances des emprunteurs américains connus sous le nom de subprimes. Ce jour là, l’amplification eu lieu dans l’autre sens.

Il faut dire qu’au bon vieux temps la comptabilité servait à constater des valeurs et non pas à les créer.

Alors, peut-on qualifier IFRS de progrès ? Par rapport, à la disparition du principe de prudence, je n’en suis pas vraiment sûr. IFRS est sensée donner une meilleure vision aux investisseurs … et ces investisseurs, c’est vous et c’est moi, puisqu’aujourd’hui on dénombre des montants des transactions financières internationales 80* fois supérieures au montant global des échanges de biens et de service dans le monde. Autrement dit, pour un euro qui vous sert à vivre, 80 euros sont placés dans des actifs financiers. Alors nous dirons qu’IFRS nous donne une meilleure vision bullesque de la bulle. C’est, là aussi, magnifique.

*Source : Banque des Règlements Internationaux (BRI)

Je réponds tout de suite à ceux qui se défendront d’être des investisseurs : Si vous avez quelques économies ou un compte de dépôt, rassurez-vous les banksters se chargent de faire circuler cet argent à la vitesse de la lumière, au dessus de vos têtes, au travers de produits, issus de produits, fusionnés entre produits, issus de Madoff, issus de produits, ….duits, …duits, …ui… (écho lointain)

Ensuite, nous vient Bale II. Il s’agit d’un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender les risques bancaires. Or, l’application stricte du ratio Mc Donough a largement contribué à amplifier la crise. Ce ratio est « fonds propres » sur « risques pondérés ». Comme tout cela est très bien fait, le fait que les risques augmentent et que les fonds propres diminuent simultanément oblige les banques à resserrer les conditions d’octroi du crédit. Autrement dit : la crise engendre la crise, c’est écrit dans Bale II.

Donc, le retour de bâton du couple IFRS/BALE II a été assez grandiose pour nos économies, obligeant Ben Bernanke à rester en vol stationnaire au dessus de la mêlée pendant un bon moment.


Venons en maintenant aux aspects psychologiques de cette affaire :

Il y a quelques années, nous n’étions qu’une poignée à avoir compris le mécanisme de la bulle, bien aidé en cela par notre maitre à tous : Jean Michel Pouré. Je postais des synthèses qui me semblaient tenir la route et qu'énormément de lecteurs voyaient comme des écrits apocalyptiques, voire sectaires. Nous étions à la limite de créer une partie du forum nommée « Apocalypse selon Saint Jean ».

Puis vint la crise des subprimes. Là le ton commença à changer à mon égard, mais aussi le ton de certains opposants devint beaucoup plus agressif. La vérité était devant leurs yeux, mais ils la réfutaient comme si la peur les empêchait de penser de manière rationnelle.

Pendant cette période, la résistance des AI, des institutions et des politiques devint plus grande. Le jeu consistait à passer du « l’immobilier, ça ne peut pas baisser » à « il n’y a pas de bulle » puis à « l’atterrissage en douceur ».

Quand un couple d’investisseur perd une année de salaire par an grâce aux Robien dans lequel ils ont investi une bonne partie de leurs économies, peut-on avoir l’indécence de parler de « douceur » ?

L’étape suivante fut le feu d’artifice américain de la faillite de Lehman Brothers. A cet instant, les économistes – Je suis embêté, je ne parviens pas à faire une contraction entre économiste, incompétent, gangster… je pourrais choisir « éconformiste », ça ferait une contraction entre économistes et conformisme béat, qui ne revêtent aucun intérêt pour la société civile - bref, les économistes nous servent la thèse de la non-propagation des problèmes financiers américains sur le vieux continent. Là, quand on connait la relation entre US/Allemagne/France/japon et Chine, le raisonnement est vraiment d’un niveau d’incompétence rarement atteint pour des professionnels de la profession.

Humour : Savez-vous pourquoi on a inventé la météorologie ?
Pour faire passer l’économie pour une science dure.

Tout ce petit monde suivait ces bergers d’un genre bien connu : ceux qui mènent les moutons au pied de l’abîme.

Peut-on faire une analyse factuelle de la situation et en tirer quelques probabilités pour l’avenir ?

Parlons, par exemple des déficits budgétaires. L’Allemagne vient de voter une loi constitutionnelle qui va les obliger à avoir un déficit nul en 2016, alors qu’à l’instant « T », elle endure une récession sévère.

L’Espagne vient de multiplier son déficit par 5 en un an et elle parvient désormais aux alentours des 10%, alors – est-il besoin de le rappeler – que le critère de Maastrich est de 3% et que l’Espagne était le bon élève de la classe dans les années précédentes. Là aussi, joli retour de bâton !

Mais dites-moi, comment un état qui a un budget de 200-300 mds d’euros fait-il pour attirer les capitaux des épargnants ? Réponse : il est obligé de rémunérer lesdits épargnants avec des forts taux d’intérêt.

Comment un autre état, plus vertueux, fait-il alors pour éviter les fuites massives de capitaux vers cette autre région plus attractive ? Quid de la schizophrénie de la BCE dans ce cas ? Va-t-elle favoriser l’une ou l’autre des parties ? Je n’ai pas encore cité l’Italie ou la Grèce, mais c’est évidemment tous ces partenaires poursuivant des buts différents qui seront les acteurs de ce prochain bras de fer budgeto-monétaire.

En faisant le choix de la rigueur et de l’immobilisme, l’Allemagne se dirige vers un scénario déflationniste à la japonaise, mais c’est oublier un peu tôt que leur premier client s’appelle : Les USA.

Aujourd’hui, il est entendu que le dollar va très mal… voire très très mal, puisque la perte de confiance dans cette monnaie de réserve est quasi générale. Comme il n’y a pas de réelle alternative, c’est plutôt le mécanisme même de monnaie de réserve qui est mis à mal. Reste l’Or et la monnaie universelle dont il sera de plus en plus question tant que cette crise perdurera. (Oui, au fait, la crise n’est pas finie…. En doutiez-vous ?)

Historiquement, l’Allemagne craint le retour de la république de Weimar (Hyperinflation des années 1920) et les US craignent la grande dépression (déflation qui a duré de 1929 à 1941). Alors, faisons un petit zoom prospectif sur ces 2 partenaires. Qu’adviendra-t-il lorsque le dollar aura encore perdu 20, 30, 50% de sa valeur face à l’euro ? Les voitures et les réfrigérateurs américains seront-ils devenus moins chers dans la même proportion : oui, je le crois. Mais à contrario, les positions des usines européennes à capitaux américains seront alors devenues intenables et la zone euro continuera de s’enfoncer dans le chômage à cause des relocalisations américaines.

Plus près de nous, les britanniques et les Suisses auront une meilleure maitrise de leur levier monétaire et de leurs frontières pour pouvoir rester compétitif face au géant américain. Les britanniques suivront bêtement les US dans tous leurs mouvements monétaire. Les Suisses seront probablement pris dans une hésitation entre politique indépendante et imitation du grand frère allemand.

A l’autre bout de la planète, quels seront les mouvements monétaires de la Chine ? Les objets chinois vont-il devenir plus chers pour nos amis américains ? La chine a-t-elle des raisons que sa monnaie suive le plongeon du dollar ?

:arrow: Oui, d’un côté, si le dollar baisse franchement face au Yuan, nous connaitrons la deuxième affaire d’Emprunt Russe en un peu moins d’un siècle. Je rappelle que la Chine possède actuellement l’équivalent de 6 fois le budget de la France placé en diverses valeurs américaines (en $). Est-ce qu’un pays, quel qu’il soit, peut se permettre de lâcher 2, 3 ou 4 fois le budget de la France sans sourciller ? Je n’y crois pas beaucoup. La chine est d’ailleurs en train d’émettre ses propres bons du trésor. L’avenir nous dira si le peuple chinois et les institutions chinoises préféreront leur monnaie nationale à la monnaie d’un autre pays en fort déclin.

:arrow: D’un autre côté, si le Yuan baisse en même temps que le Dollar, le couple sino-américain sera alors toujours en action et le pays qui aura choisi l’orthodoxie monétaire en sera alors pour ses frais (je pense évidemment à l’Allemagne, quand je dis cela). Certes, quand un euro vaudra 4 dollars, un fer à repasser coutera 5 euros, une paire de chaussure 6 euros et une petite voiture coutera 2500 euros, mais avec 25% de chômage et l’impossibilité d’honorer les dépenses de fonctionnement publiques qui y sont liées, je crains que ça ne dure guère longtemps comme cela.

Il faudra donc que la chine opte pour une solution: déflation avec les effets de lourdes pertes que je viens de citer, ou inflation, ce qui lui permettra de rester compétitif face aux USA, leur premier client.

Dans ces temps interventionnistes, où le marché ne se suffit plus à lui-même, le rôle des politiques va aller grandissant pour justement nous rapprocher du « libéralisme juste » tel qu’on le connait dans les livres :

On vient de le voir, les pays devront opérer des choix qui briseront les équilibres actuels. Rappelez-vous les enseignements de la crise de 1929, la force du déclin avait été à la hauteur de l’orthodoxie monétaire. Vu depuis l’intérieur de la crise, on comprend mieux les aspirations de Ben Bernanke à vouloir passer outre les lois et règlement internationaux pour pouvoir appliquer ces mesures non conventionnelles. Une de ces mesures consiste à monétiser directement le gouvernement des Etats-Unis, ce qui revient à prélever un impôt sur tous les porteurs de dollars. Cette monétisation servira à pallier au manque de revenus (moins de perception de taxes) du gouvernement américain en lui permettant d’assurer son fonctionnement quotidien et d’engager une politique de grands travaux sans ponctionner directement ni les classes moyennes, ni la « classe travaillante » dans son ensemble. Nous n’en sommes pas encore tout à fait là, mais n’ayez pas d’illusion, Bernanke et Obama ont déjà leur plan à ce sujet (enfin, si ce sont des gens sérieux, ils l’ont. La reconduction sans condition de Bernanke à la tête de la FED me laisse penser que ces deux là sont liés par un pacte solide).

Un des autres avatars qui attendent les US, c’est une capacité très réduite à faire la guerre à l’étranger. D’ailleurs rappelez-vous le déclin du grand empire Soviétique en Afghanistan… voir les US se prendre le même genre de déconvenue exactement au même endroit serait un pied de nez historique à l’Empire.

Alors évidemment, comme notre ami Kondratieff le disait déjà en 1920, une des solutions à cela est le protectionnisme. Le protectionnisme est éminemment politique. Il s’agit bien d’une des plus hautes prérogatives régaliennes des Etats. Il permet de réaliser un ajustement sur les très fortes distorsions qui naissent des choix monétaires des pays tels que nous venons de les décrire. On devra alors distinguer les pays selon leurs richesses naturelles propres : les matières premières. La richesse du sol sera alors déterminante dans les échanges. Pour les plus vieux d’entre nous, rappelez-vous les cours vous parlant des pays et des matières premières. Ca va sembler étrange aux plus jeunes, mais les matières premières ne sont pas qu’un marché d’échange mondial. Sauf spoliation, elles appartiennent aux pays d’où elles sont extraites… et on verra très vite les effets du protectionnisme sur la disponibilité ou la pénurie de telle ou telle matière première. Vous aviez l’habitude de voir le moindre objet transformé au fil du temps en plastique… Je vous promets bientôt un retour à l’âge des métaux… ressources que nous trouvons encore en abondance dans notre pays. Rappelez-vous de la CECA, du traité de Rome et tout ce qui avait lieu à cette époque. N’était-il pas question de matières premières ?

En matière de politique intérieure, les Etats-Unis et le japon ont déjà fait un certain nombre de choix que l’on peut qualifier de radicaux au regard de leur histoire.

D’autres pays les suivront dans cette voie.

Cette pression des urnes sera déterminante pour la suite des évènements. En 2012, « l’équipe Sarkozy » devra avoir fait des choix importants au risque de voir rétrogradé son chef au rang de maire de Neuilly. Le compte à rebours est lancé et la bataille de la campagne électorale de 2011-2012 sera exceptionnelle. Les projets réformistes émergeront de toutes parts et notamment des ultra-gauche qui sont désormais de plus en plus légitimes, puisque ça fait 30 ans qu’ils souhaitent nous faire réaliser exactement ce que tous les gouvernements de la planète s’apprêtent à faire à partir de maintenant.

Malheureusement, ces réformes structurelles doivent se faire dans un contexte de forte instabilité monétaire entre ceux qui choisiront l’inflation et ceux qui resteront longtemps dans la déflation. C’est dommage d’avoir attendu cette extrémité.

Les USA ont choisi le mode « inflationniste » pour purger la dette. Mais quid du commerce international dans ce contexte ?

L’inflation est pour les USA le moyen le plus naturel de purger leur dette et de pouvoir repartir sur des bases saines. Seulement, qu’adviendra-t-il des échanges mondiaux dans ce contexte?
:arrow: Comment peut-on sérieusement croire que des produits de la Zone Pacifique ou de l’Asie puissent embarquer sur un cargo le 1er janvier avec une cote de 10000 yens (100 dollars) et arriver à Los Angeles avec une cote maintenue à 100 dollars (soit désormais 9500 yens) le 1er février sans que ça ne crée un désordre quelconque ?

:arrow:Et dans l’autre sens comment croire qu’un bien exporté par les USA, par exemple un avion de chasse soit négocié à 500 Millions de dollars (de quoi se payer un centre commercial de 10000 m2 à Los Angeles) le premier janvier et que le premier juin, à sa livraison, ledit avion rapporte à l’avionneur de quoi se payer un centre commercial de 8000 m2. Il va de soit que le loyer de l’argent va se retrouver satellisé avec une telle réalité financière et économique. Les gens qui financeront ces opérations voudront avoir une rémunération solide en retour.

Vous le voyez, cette situation n’est viable qu’à l’intérieur d’un pays. Avec les taux d’inflation auxquels je m’attends, le protectionnisme et le processus de stock existant et d’achat immédiat sont des évidences. Adieu le flux tendu rendu possible par des possibilités de financement stables. Il va désormais être beaucoup plus dur de trouver des financements faciles pour ce genre d’affaires. Qui prendrait de tels risques à l’international ? A moins que…

…et oui, à moins qu’un bloc de pays joue globalement ce jeu. Lors des premiers soubresauts de l’inflation américaine, il y aura encore beaucoup de pays prêt à faire du business avec le premier consommateur mondial. Evidemment, au premier plan, l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) qui tirera probablement une bonne carte à ce moment (proximité géographique et moindre richesse). Mais quid de la Chine, du Viêt-Nam, du Bresil, de l’Indonésie, de l’Allemagne ?

Avec ces collaborations internationales maintenues, la pression sur les banques centrales de ces pays sera très forte pour suivre ce marché d’export. Celui qui réagira le plus vite aura les marchés. Comme je l’ai dit un peu plus haut, l’Allemagne campera un petit moment sur ces positions déflationnistes, mais la sanction sera très rapide. En se prenant -10% de croissance annoncés mensuellement, il est à peu près impossible d’avoir de projets de moyen terme dans la sérénité ou de gagner une élection. Ce dernier point sera probablement déterminant pour la suite des évènements.

Forces inflationnistes & déflationnistes, les jeux sont faits.

Rappelons que les forces déflationnistes sont énormes (immobilier) et que, pour l’instant, nous n’avons pas vu une déflation si importante que ça, et je dirais même que certaines dépenses sont en train de monter en flèche notamment dans les domaines où les acteurs sont institutionnels : abonnements, impôts anciens, impôts nouveaux. Ceci est du au fait que certains acteurs monopolistiques sont en mesure de faire augmenter des appels de cotisation sans que vous ne soyez capables de vous soustraire à leur bon vouloir. On peut citer les récentes augmentations de taxes foncières de 47% à Paris ou encore la volonté du patron d’EDF de procéder à une augmentation de 20% du tarif de base.

Il est probable que dès que l’immobilier aura infléchi sa courbe descendante, nous reviendrons à une inflation à 2 chiffres. Si on en croit l’ami Friggit - que je soupçonne d’avoir les indicateurs avec beaucoup de retard - , on va rejoindre des valeurs dites « normales » dans assez peu de temps. Quelle proportion de non propriétaires sauterait sur des 120 m2 à 140.000 euros ? A mon avis beaucoup. Malheureusement, il faudra composer avec les banques, le ratio McDonough, les taux d’intérêt forcément plus haut dans cette hypothèse, mais l’inflation effacera progressivement le poids de cette dette.
Attention, personne n’a dit que se sera facile, mais au moins l’acquisition d’un bien sera redevenue possible pour toute une tranche de population, ce qui n’est plus le cas depuis quelques années. C’est ce que beaucoup des visiteurs de la bulle attendent. Et bien rassurez vous c’est à quelques encablures d’ici. Encore une fois, même si les biens sont disponibles, il faudra composer avec les conditions d’octroi de crédit et de taux d’intérêt. Vous verrez que beaucoup d’entre vous rateront la fenêtre de tir.

En résumé, pour moi,
:arrow: la locomotive inflationniste c’est l’Oncle Sam.
:arrow: Les entités qui voudront préserver ce client suivront cette politique.
:arrow: Les entités qui souhaiteront entrer dans un cercle réputé vertueux en décrétant l’orthodoxie se verront corrigés et leurs finances intérieures seront mises à mal. (Grands projets suspendus faute de moyens, prestations sociales en berne, délocalisations/relocalisation).
:arrow: Les acteurs monteront des barrières plus ou moins étanches à leur frontière pour réguler les distorsions monétaires.
:arrow: Les USA perdront progressivement leur leadership dans les 15 ou 20 années qui suivront et ils se concentreront à nouveau sur leur marché intérieur. Ceci constituera une sorte de nouvelle « Good Neighbourhood Policy » telle qu’on l’a connu dans les années 30.

Pour finir, je voudrais donner une précision sémantique : on me prête depuis quelques temps la thèse de l’hyperinflation. C’est un vocable que j’ai employé pour illustrer mon propos. En réalité, une inflation « soutenue » de 20% sur 3 ans suffirait à redonner un équilibre certain à aux finances des pays (spoliant au passage les prêteurs, c'est-à-dire en général, les épargnants, mais disons qu’il est moins difficile de prendre de l’argent là où il y en a que d’essayer de le prendre là où il n’y en a déjà plus depuis longtemps – Lapalissade inside).

D’une part, je pense que la période d’inflation à deux chiffres sera plus longue que 3 ans.
D’autre part, il faut tout faire pour que cette machine inflationniste ne s’emballe pas. Mais après les injections massives de liquidités dans le système de 2001, 2008 et 2009, comment pourrait-il en être autrement ?

Demandez au Maire de Paris s’il a ce problème à l’esprit lorsqu’il décrète la hausse spectaculaire de l’impôt foncier

Demandez à Carlos Ghosn lorsqu’il s’apprête à sortir 4 modèles de voitures électriques qui couteront en moyenne 80% plus cher que leur concurrentes thermiques.

Demandez à Daniel Cohn-Bendit quel est son avis quand dans l’émission « à vous de juger » qui a été diffusée le 17 Sept 2009, il fait une bonne dizaine de fois allusion à la création de nouvelles taxes ou à l’augmentation des prélèvements existants.

Demandez à la société de courtage en assurance du crédit agricole lorsque cette année, elle m’envoie un appel de cotisation avec une augmentation de 40%. (J’ai changé d’assurance grâce à la loi Chatel).

Demandez….

A bientôt.

Voila !

La suite de la discussion (avec les contradicteurs qui vont avec) ici : http://www.bulle-immobiliere.org/forum/ ... 97&t=57787

Très bonne lecture à tous, et un très grand merci à JD.

Fred92

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Léonid BREJNEV (humoriste involontaire)


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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 23 Sep 2009 21:20 
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Inscrit le: 05 Déc 2008 07:01
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Citer:
mon compte sur le forum où il l'a posté a été récemment désactivé).

T'aurais pas sortit une de ces conneries deplacees , voire graveleuse, qui ne sont appreciees que sur un forum tres elitiste tel que le notre (excuse moi Dantec pour cette appropriation) ?

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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 11:06 
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Inscrit le: 05 Jan 2009 22:27
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alain a écrit:
Citer:
mon compte sur le forum où il l'a posté a été récemment désactivé).

T'aurais pas sortit une de ces conneries deplacees , voire graveleuse, qui ne sont appreciees que sur un forum tres elitiste tel que le notre (excuse moi Dantec pour cette appropriation) ?

Même pas !
J'ai juste tenté une manip qui aurait du me permettre d'accéder à une partie moins visible du forum.
Pour la petite histoire, ce forum est en train d'imploser en se déchirant dans tous les sens.
J'aurai bien aimé savoir qui était qui et qui voulait quoi car l'opacité y est totale. :evil:

Fred92

NB dois-je me vexer que tu puisse penser que j'eus pu faire du mauvais esprit (moi qui suis d'habitude si fin et délicat) ? :lol:

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Léonid BREJNEV (humoriste involontaire)


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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 12:32 
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Merci pour ce texte.

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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 19:22 
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Inscrit le: 27 Avr 2009 13:29
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Bon... Afin de compléter le contexte, il me semble bien que JD s'est endetté pour de l'immobilier il y a quelques temps (2-3 ans?...).


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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 19:46 
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Inscrit le: 20 Fév 2009 23:48
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Dans les grandes lignes, il y a du bon ; pour le reste c'est une affaire de proximité mais le fond touche à une réalité qui fait froid au dos ! Dommage que l'auteur n'aborde pas les problèmes vitaux (entre nous, je crois que nous sommes beaucoup sur ce forum pour qualifier notre économie et son corollaire financier de "diktats" secondaires), tels que l'eau, l'air, la terre, le "feu" (coucou numerusclausus ;) ) et l'essentiel qu'il ne faut surtout pas oublier, qui est au centre de tout et pourquoi pas le TOUT : l'HOMME ;)

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"Il vaut mieux être plusieurs sur une bonne affaire que seul sur une mauvaise." Coluche


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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 20:38 
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Inscrit le: 08 Jan 2009 18:21
Messages: 915
Merci Fred92,
J'ai bien aimé cet article.
Cordialement
Ecu


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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 22:09 
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Inscrit le: 05 Jan 2009 22:27
Messages: 3884
Agent Dale Cooper a écrit:
Bon... Afin de compléter le contexte, il me semble bien que JD s'est endetté pour de l'immobilier il y a quelques temps (2-3 ans?...).

Effectivement, je crois m'en souvenir.
Mais je ne sais pas dans quelles conditions.

J'invite ceux qui ont apprécié ce texte à lire la file entière. Même si je le trouve très bon (au niveau de son raisonnement), l'avis d'autres contributeurs permet de le nuancer (traduction = finalement, quand j'ai tout lu, je ne sais plus quoi penser !!!!!).

Fred92 :?

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Léonid BREJNEV (humoriste involontaire)


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 Sujet du message: Re: ECONOMIE Septembre 2009 : état des lieux et projections
MessagePublié: 24 Sep 2009 23:37 
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Fred92 a écrit:
J'invite ceux qui ont apprécié ce texte à lire la file entière. Même si je le trouve très bon (au niveau de son raisonnement), l'avis d'autres contributeurs permet de le nuancer (traduction = finalement, quand j'ai tout lu, je ne sais plus quoi penser !!!!!).

Fred92 :?

Comme tout ceux qui n'ont pas d'avis tranché, et ça marche avec n'importe quelle file déflation/inflation. :mrgreen:


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