Euroclear : La ligne que l'Europe ne peut franchir sans rompre la confiance mondialeMercredi 17 décembre 2025 - par Thomas KolbeEuroclear et la rupture de confiance imminenteL'alliance finançant la guerre en Ukraine est confrontée à un nouveau problème. Sept États membres de l'Union européenne souhaitent bloquer l'expropriation des actifs de la banque centrale russe détenus chez Euroclear. Cette situation compromet la poursuite du financement de la guerre. Parallèlement, le spectre d'une crise financière plane, une crise qui, une fois de plus, ferait payer la facture aux contribuables.
Le marathon de négociations entre les représentants de l'Ukraine, de l'UE et du Royaume-Uni, sous la médiation d'une délégation américaine, se poursuit à Berlin. Comme d'habitude, il s'accompagne de formules convenues sur les « progrès » accomplis sur la voie de la paix et d'assurances selon lesquelles près de 90% de l'objectif aurait déjà été atteint.
L'importance réelle de ce résultat provisoire se précisera dans les prochains jours. Il faut s'attendre à une intensification frénétique de la propagande, au survol des aéroports (et de la résidence de Wolfram Weimer) par des drones, et à une pression croissante sur le président américain Donald Trump. La situation militaire précaire des forces armées ukrainiennes se conjugue désormais à une situation financière tout aussi dramatique pour les créanciers de Kiev.
Tout indique que la pression s'accentue pour trancher le nœud gordien — au plus vite — car les coûts de la guerre des deux côtés menacent de devenir incontrôlables.
Cela remet sur le devant de la scène les derniers développements du débat sur l'expropriation de la banque centrale russe et de ses actifs déposés chez Euroclear.
Une ligne de démarcation critiqueEuroclear pourrait bien se transformer en Waterloo personnel pour la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle met tout en œuvre pour tirer profit de la crise actuelle et accroître considérablement le pouvoir de Bruxelles, et par conséquent celui de sa Commission.
La Hongrie, la Slovaquie et la Belgique, déjà farouchement opposées à l'expropriation des avoirs russes, sont désormais rejointes par l'Italie, la Bulgarie, Malte et Chypre. La résistance à l'escalade menée par Bruxelles s'accroît de jour en jour.
Il est à noter que cette résistance coïncide avec un net changement de calendrier. Depuis le retrait effectif des États-Unis du financement de l'Ukraine, la réalité financière de l'Europe apparaît au grand jour, sans artifice. Sans accès aux quelque 210 milliards d'euros d'actifs russes – dont environ 25 milliards sont répartis dans divers États membres de l'UE – la poursuite du financement de cette guerre d'usure semble à peine envisageable.
Tous les principaux créanciers — l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni — ont depuis longtemps dépassé leurs limites budgétaires et affichent des niveaux d’endettement compris entre 4 et 6 %. Le projet ukrainien est au bord de l’effondrement financier.
L'illusion de l'expropriation comme bouée de sauvetageCe qui se trame est aussi simple que dangereux. Ces actifs — en partie des obligations d'État, en partie des obligations arrivées à échéance en devises étrangères — doivent servir de garantie pour de nouveaux prêts. L'Europe est déjà prise au piège d'une spirale de la dette et puise dans toutes les sources de financement qui lui restent. Même l'ennemi n'est plus à l'abri pour le tandem Londres-Bruxelles.
Dès avril 2022, des observateurs attentifs aux subtilités du langage politique et à la grandiloquence avaient perçu le scénario qui se tramait : dans un excès de confiance euphorique, les décideurs avaient commis une erreur de calcul catastrophique et construit un scénario où une Russie vaincue serait contrainte de financer l’intégralité de la guerre. Cela aurait permis à l’Europe de se soustraire habilement à ses propres banques, profondément impliquées dans le financement de l’Ukraine.
L'histoire nous offre un schéma récurrent : banquiers et politiciens de mèche, cette fois à Kiev. Nombreux étaient ceux qui anticipaient déjà la soumission de Poutine, suivie d'un changement de régime à Moscou et du lancement d'une exploitation à grande échelle des immenses richesses en matières premières de la Russie. Le système bancaire européen aurait été recapitalisé à outrance et le problème énergétique résolu une fois pour toutes.
Ce calcul s'est manifestement révélé erroné. Ce sont donc les contribuables qui supporteront les pertes.
L'Ukraine comme risque systémiqueSans garanties de crédit, l'Ukraine serait déjà insolvable. Un effondrement chaotique de l'État frapperait le système bancaire européen comme une explosion nucléaire. Il n'existe aucune solution réaliste pour éviter que le secteur public n'absorbe à terme ces dettes colossales.
Cela ramène inévitablement sur le devant de la scène le débat sur l'expansion des euro-obligations — formellement interdites par le droit de l'UE —, potentiellement réintroduites purement et simplement sous la forme d'obligations de guerre européennes.
Avec le programme « NextGenerationEU », cette pratique, censée être interdite, est déjà devenue une réalité de facto. Bruxelles a levé 800 milliards d'euros sur les marchés financiers grâce à ce mécanisme. Ces fonds alimentent le système de subventions hypertrophié de l'UE et sont désormais structurellement ancrés dans son architecture de pouvoir, toujours garantis par la BCE.
Bruxelles agit déjà comme émetteur d'obligations souveraines à part entière, ce qui accroît encore l'exposition et le niveau d'endettement des États membres. L'Europe s'est ainsi retrouvée dans une impasse géopolitique et financière, une situation prévisible depuis des années.
Euroclear et la rupture de confiance imminenteLe déni chronique de la réalité et l'incompétence systémique des dirigeants politiques européens et britanniques défient toute explication rationnelle. La résistance croissante autour d'Euroclear est d'autant plus frappante, alors même que Bruxelles cherche des moyens d'imposer sa décision à la majorité simple si nécessaire.
Il y a lieu d'être prudemment optimiste quant à la compréhension, par des pays comme l'Italie, des conséquences qu'aurait pour la stabilité financière de la zone euro l'expropriation des actifs de la banque centrale russe chez Euroclear. L'initiative du Premier ministre italien, Giorgia Meloni, de protéger discrètement les réserves d'or de la banque centrale italienne contre un éventuel accès à la BCE souligne que Rome est pleinement consciente des enjeux. L'Italie serait ainsi bien placée pour une éventuelle relance de sa monnaie nationale.
L’expropriation des actifs russes causerait des dommages considérables : un système financier ultra-compétitif, une perte totale de crédibilité et des principes du droit commercial indispensables aux opérations bancaires et internationales. L’ensemble du système financier mondial – règlement des transactions et conservation des actifs – repose sur la confiance : sur la stabilité absolue de ses piliers fondamentaux.
Des institutions comme Euroclear figurent parmi ces piliers. Elles ne se contentent pas de sécuriser les flux de transactions internationales ; elles les rendent possibles. Dès lors que ce socle est fragilisé, c’est bien plus qu’un simple signal politique qui est en jeu. C’est la stabilité de l’ensemble du système qui est menacée.
https://www.zerohedge.com/markets/euroclear-line-europe-cant-cross-without-breaking-global-trust