La demande d'argent devrait continuer à augmenter fortement... C'est mon sentiment !
Le prix de l’argent métal s’est envolé de 25% depuis le début de l’année. Les titres des sociétés minières, en retard sur cette hausse, offrent un fort potentiel de rattrapage.
Pendant que le monde épie quotidiennement le développement du cours de l’or, un autre métal noble n’obtient guère de considération: l’argent. Or, grâce à ce métal, les investisseurs auraient pu engranger ces derniers mois de juteux bénéfices. Car, tandis que le prix de l’or ne croissait que de quelques pour-cent depuis le début de l’année, la valeur de l’once d’argent s’est redressée de manière spectaculaire: +25%, à 14 dollars l’once, depuis le début de l’année.
Parallèlement, les cours des sociétés minières actives dans l’extraction de l’argent évoluent différemment: leur cotation demeure en partie en net retard sur la hausse du prix du métal. De ce fait, de belles opportunités de profit se profilent pour les investisseurs.
Potentiel. Brian Quast, analyste matières premières auprès de la banque d’investissement canadienne CIBC World Markets, confirme: «Entre 2003 et 2008, le prix de l’argent et les cours des producteurs d’argent évoluaient pratiquement en parallèle, en corrélation à 86%. Depuis la fin 2008, le prix de l’argent s’est nettement distancié vers le haut par rapport à l’évolution des titres miniers.» Du coup, les actions de certaines sociétés minières comportent un fort potentiel de rattrapage. C’est notamment le cas de First Majestic Silver. Pour la société minière canadienne, le spread s’est accru sur douze mois, de 30% entre le prix de l’argent et le cours de l’action. Au tournant de l’année, l’écart de performance n’était que de 15%. Du coup, chez First Majestic, l’attractivité croît de manière disproportionnée. «A coûts d’extraction comparables, aux environs de 8 dollars l’once, First Majestic détient un fort levier quand la cote de l’argent augmente», commente Brian Quast. Car, quand la cotation de l’argent dépasse les coûts d’extraction, c’est du bénéfice pour la société.
Différent. «En mai, nous avons élevé notre estimation du prix de l’argent pour 2010 de 11 à 15 dollars l’once et, à long terme, de 10 à 12 dollars», indique l’analyste de CIBC. Si les prix montent, l’extraction devrait également augmenter. Si l’argent était un métal comme les autres, ce serait une conséquence logique. Seulement, il n’est pas comme les autres. Car, à la différence d’autres métaux bruts, le prix de l’argent est peu élastique, ce qui signifie que des prix élevés n’engendrent pas forcément une chute de la demande ou une hausse de la production. Dans le cas de l’argent, il appartient avant tout aux investisseurs de veiller à ce que le prix demeure élevé ou continue à augmenter. L’émergence de véhicules d’investissement, dans lesquels l’argent sert de caution – par exemple les ETF iShares introduits en 2004 par Barclays – avait conduit à un notable accroissement de la demande du précieux métal. Dans son «Silverbook 2008», le prestataire de services financiers Fortis prévoyait une hausse de la demande d’argent due aux ETF de 2147 tonnes pour 2007. Ce qui représentait tout de même 8,4% de la demande industrielle mondiale ou 6,3% de l’offre globale. Innovations. «Nous escomptons que les ETF vont exercer une très grande influence sur le prix de l’argent», affirme l’analyste Brian Quast. Selon les estimations fournies par l’institut de recherche new-yorkais CPM Group , les ETF et leurs semblables ont absorbé ces cinq dernières années quelque 400 millions d’onces d’argent (environ 60% de la production annuelle 2009 attendue). «Certes, compte tenu de la demande industrielle, le marché de l’argent devrait s’équilibrer, mais la caractéristique d’investissement de ce métal pourrait faire augmenter les prix, notamment à travers des achats d’ETF», estime Brian Quast. En plus, les innovations techniques seront certainement aussi demandeuses de ce métal. Exemple, les grands magasins qui équipent de plus en plus d’articles de puces RFID. Leur rôle: communiquer directement à la caisse le prix de l’achat, par ondes radio, ce qui évite le scannage des articles un par un. Quand le client franchit un portique de sortie avec son chariot chargé, le prix de l’ensemble de ses achats s’affiche instantanément. Bonne nouvelle pour les investisseurs: chaque puce RFID contient obligatoirement 0,01 gramme d’argent. L’institut de recherche IdTechex.com prévoit que le nombre de chips en circulation passera de 4,3 à 13,9 milliards entre 2008 et 2013. La consommation annuelle d’argent pour les fabriquer devrait quadrupler à 180 tonnes au fil des cinq prochaines années.
Acquisitions. Tandis que les investisseurs misent à long terme sur une hausse continue des prix du métal (voir tableau ci-dessous) ou utilisent l’argent comme appoint sûr dans un portefeuille diversifié, les actions des compagnies minières offrent également un fort potentiel à court terme. C’est ainsi que CIBC a récemment augmenté l’objectif de cours de Pan American Silver de 21 à 27 dollars, en raison des meilleures perspectives de prix de l’argent. Avec un ratio cours/valeur comptable de 2,0 – la moyenne de la branche est de 3,4 – l’évaluation de l’entreprise est comparativement avantageuse. «Depuis longtemps, Pan American augmente sa production chaque année. Vu son trésor de guerre de 100 millions de dollars, nous prévoyons aussi des acquisitions», commente Brian Quast. Les Canadiens ont First Majestic sur leur radar. La compagnie minière de Vancouver propose un fort levier quand les cours de l’argent sont hauts. Et les experts prévoient un fort potentiel dès mi-2009, avec l’accélération annoncée de l’exploitation de la mine mexicaine La Encantada. Avec un flottant élevé de l’ordre de 90%, First Majestic serait une belle proie pour une reprise. Son retard de cotation par rapport au cours du métal serait alors vite comblé.
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Un produit secondaire
Pour l’or, 95% de la production sont absorbés par l’industrie de la bijouterie et les 5% restants sont affectés à l’usage industriel. Alors que pour l’argent, 90% de la production vont à l’industrie. Et le prix de l’argent n’est pas flexible. Côté demande, il n’est généralement pas possible de remplacer ce métal noble par d’autres matériaux. Et dans beaucoup de produits, la part d’argent est minime. Des facteurs qui font qu’une hausse du prix de l’argent ne diminuera guère la demande. Côté offre, le prix est également inflexible, car 70% de la production sont obtenus en tant que produit secondaire lors de l’extraction d’autres métaux. Ainsi, sa production augmente quand des métaux primaires tels que l’or, le plomb ou le zinc sont chers et donc exploités plus intensivement (Article paru dans PME magazine du 31 juillet 2009)
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