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Europe / Eco : les banquiers centraux allemands en colère contre la France ? 31/05/2010 11:19
Un complot français. Selon l'influent magazine allemand 'Der Spiegel', les banquiers centraux allemands suspectent Jean-Claude Trichet d'avoir favorisé les banques commerciales françaises en annonçant il y a plusieurs jours des rachats massifs d'obligations grecques par la Banque Centrale Européenne, alors même que le plan de sauvetage mis en place par la Commission et le FMI est désormais validé. Le magazine souligne que ces achats pourraient donner l'occasion aux banques hexagonales de se débarrasser à des prix avantageux de leurs créances sur la Grèce, elles qui sont les plus exposées au pays. En effet, comme le montre le dernier rapport de l'OCDE, les avoirs des banques françaises en actifs grecs représentaient 78,8 Milliards de Dollars fin 2009, contre 45 Mds$ à l'Allemagne, qui arrive en second position. Les Etats-Unis, qui arrivent au 3ème rang des créanciers, ont une exposition réduite à 16,6 Mds$ aux actifs grecs. Les banques allemandes, elles, ont pris l'engagement moral de ne pas céder d'obligations grecques avant mai 2013. Or à la fin de la semaine dernière, rapporte 'Der Spiegel', la BCE avait déjà racheté plus de 50 Milliards de Dollars d'obligations de pays européens menacés, dont plus de 60% émises par Athènes. Le magazine retourne le couteau dans la plaie en ajoutant qu'avec 27% de la BCE, la Bundesbank a récupéré l'équivalent de 8,4 Milliards de Dollars d'obligations grecques, alors que l'opinion publique allemande était fermement opposée à une politique de soutien. Si l'on ajoute à cela l'opposition farouche au plan Trichet du représentant allemand à la BCE, Axel Weber (qui vient de réaffirmer ce matin qu'il n'approuvait pas les mesures décidées et que les rachats d'obligations devaient être cantonnés dans des limites sévèrement définies), il est facile d'imaginer la colère des milieux d'affaires outre-Rhin, même si la baisse de l'Euro est plutôt une bonne nouvelle pour la machine exportatrice allemande. Dans un récent billet, le cabinet Fival rappelait que les allemands ont "clairement le sentiment de s'être faits rouler" avec la monnaie unique. "Ils ont accepté de sacrifier le mark pour l'euro avec des promesses de convergence de discipline budgétaire de la part de tous les membres de la communauté. Aujourd'hui, ils sont mis à contribution pour renflouer les cancres de la classe", expliquait la société de gestion, qui estime qu'à ce titre, les allemands ont bien le droit de défendre leurs intérêts actuellement. D'ailleurs, Fival parie que le successeur de Jean-Claude Trichet à l'issue de son mandat en 2011 sera allemand...
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