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“Moody’s met en garde contre les politiques de rigueur”, nous apprend Le Monde.
Lundi, l’agence de notation s’est fendue d’une nouvelle déclaration : les mesures de rigueur qui s’imposent progressivement en Europe menaceraient la croissance… et donc la notation des pays européens. “Compte tenu de la nécessité de se tenir à des mesures d’économie strictes pour plusieurs années, Moody’s estime que les craintes sur la croissance économique constituent un risque pour la notation des Etats. Cela est particulièrement vrai en Europe, où la croissance devrait être moins élevée que dans le reste du monde“, rapporte Le Monde.
Ahahahah, quelle bande de petits farceurs chez Moody’s. Vous vous rappelez sûrement de la déclaration faite la semaine précédente par le même Moody’s : les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne et la France risquaient de perdre leur notation AAA, celle qui leur permet d’emprunter au meilleur taux sur les marchés, à cause de leurs excès de déficit.
Et Moody’s de nous conseiller, à demi-mots ; un régime sec.
Une semaine plus tard, l’agence de notation nous recommande exactement le contraire. Alors que faire ?
La conjuration des imbéciles
Nous nous interrogions la semaine dernière sur le rôle des agences de notation, dont l’influence ne cesse de grandir. Nous avons maintenant la réponse : elles ont décidé de rendre fous les gouvernements. Nul doute qu’à ce rythme-là elles vont réussir, et plus vite que prévu.
Plus fondamentalement, ces déclarations contraires de Moody’s illustrent parfaitement le dilemme auquel sont confrontés les Etats. Entre relance et rigueur : difficile de choisir, surtout quand les grands manitous de la notation s’acharnent à donner des avis contradictoires.
Dans une première phase de la crise, personne n’a semblé douter qu’il fallait donner la priorité à la relance et aux plans de soutien… quitte à faire exploser les déficits.
Après la crise grecque, le débat a pris une toute autre tournure et c’est la rigueur qui s’est imposée un peu partout. Inquiets pour leurs notations, les Etats ont mis les finances publiques au régime, selon les désirs des agences de notation.
Aujourd’hui, les déclarations de Moody’s mettent en lumière l’échec des deux politiques. La relance, financée à coup de milliers de milliards de dollars et d’euros, n’a eu que des effets minimes sur les économies européenne et américaine. Plus de deux ans après la crise, elles ne sont même pas entrées dans la phase de rémission.
De l’autre côté, les exemples de l’Argentine au tournant des années 2000 ou de l’Irlande, en ce moment même, laissent penser que la rigueur est loin d’être la solution idéale à la crise. Alors que l’Irlande s’est lancée dans une des politiques de rigueur les plus strictes d’Europe, son déficit ne cesse de se creuser… et son taux de chômage d’augmenter.
Trop de déficits, nous perdrons notre AAA ; trop de rigueur, nous perdrons aussi notre AAA. La conclusion est malheureusement évidente, nous allons perdre la notation maximum.
Nous sommes condamnés à la croissance. Le problème c’est que personne n’a d’idée très claire sur la manière d’y arriver. Peut-être ne sommes-nous plus capables de produire autant de richesses qu’avant. Nous cédons de plus en plus la prééminence économique aux BRIC.
En fait la force de l'Au et de l'Ag c'est qu'il n'y a pas d'agence de notation qui les notent ?