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Tradosaure
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 Sujet du message: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 14:34 
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Source : Daily Telegraph, par Ambrose EVANS PRITCHARD, traduit par
François ASSELINEAU, NewsOfTomorrow

C’est désormais le projet européen en entier qui risque de se
désintégrer, avec des conséquences stratégiques et économiques qui sont
très difficiles à prévoir.

Dans un discours prononcé ce matin, le président de l’Union européenne
Hermann Van Rompuy (par ailleurs poète et versificateur en japonais et
en latin) a mis en garde : si les dirigeants européens ne traitent pas
correctement la crise actuelle et laissent la zone euro se fracturer,
ils détruiront l’Union européenne elle-même.

« Nous sommes dans une crise de survie. Nous devons tous travailler
ensemble pour faire survivre la zone euro, parce que si nous n’arrivons
pas à faire survivre la zone euro, nous n’arriverons pas non plus à
faire survivre l’Union européenne » a-t-il lancé.

Bien, bien. Quoi qu’il s’agisse d’un thème on ne peut plus familier aux
lecteurs du Daily Telegraph, cela n’en fait pas moins un choc que
d’entendre une telle confession, après toutes ces années, dans la bouche
même du président de l’Europe.

Il admet que le pari d’avoir lancé une monnaie prématurée et
dysfonctionnelle, ne disposant ni d’un Trésor centralisé, ni d’une
fusion des dettes nationales, ni d’un gouvernement économique pour la
soutenir, – et d’avoir, qui plus est, opéré ce lancement avant que les
économies, les systèmes légaux, les pratiques de négociation salariales,
la croissance de la productivité, et l’élasticité des économies aux taux
d’intérêt, soient parvenus à un degré de convergence suffisant du nord
au sud de l’Europe – eh bien ce pari est maintenant susceptible de
provoquer un horrible retour de flammes.

Jacques Delors et ses compères fondateurs de l’union économique et
monétaire (UEM) avaient pourtant été mis en garde par des économistes de
la Commission, au début des années 90, que cette aventure insouciante ne
pourrait pas fonctionner et qu’elle mènerait à une crise traumatique.
Ils ont écarté les avertissements.

Ils avaient également été prévenus que les unions monétaires n’éliminent
nullement les risques : elles ne font que les transformer de risques sur
les devises en risques sur les défauts de paiement. C’est pour cette
raison qu’il était de la plus haute importance de disposer, dès le
début, d’un mécanisme en état de fonctionnement pour résoudre les
défauts sur les dettes souveraines ou les coupes obligataires, avec des
règles claires pour établir la tarification appropriée à ce type de risque.

Mais non, les maîtres de l’UE n’ont rien voulu entendre. Ils ont
considéré qu’il ne pourrait y avoir aucun défaut de paiement, et aucune
mesure préparatoire n’a été prise, ni même autorisée, pour traiter une
situation pourtant parfaitement prévisible. À leurs yeux, la foi
politique seule suffisait.

Les investisseurs qui auraient dû être mieux informés sont tombés
directement de plain pied dans le piège, en achetant de la dette
souveraine grecque, portugaise et irlandaise à seulement 25-35 points de
base au-dessus des Bons du Trésor. Au plus haut du boom, les fonds
achetaient des bons espagnols avec un écart d’à peine 4 points de base.
Maintenant, nous voyons ce qu’il se produit quand on introduit un tel
aléa dans le système, et que vous fermez en outre le thermostat d’alerte.

M. Delors avait raconté à ses collègues que n’importe quelle crise
serait une « crise bénéfique », qu’elle permettrait à l’Union européenne
de vaincre la résistance au fédéralisme fiscal et d’accumuler ainsi de
nouveaux pouvoirs. Le but de l’union économique et monétaire était un
but politique et non pas économique, et c’est pourquoi les objections
des économistes pouvaient heureusement être passées par pertes et
profits. Une fois que le monnaie unique existerait, les États membres de
l’Union européenne abandonneraient leur souveraineté nationale pour lui
permettre de fonctionner sur la durée. Elle conduirait ainsi
inéluctablement au rêve de Jean Monnet d’un véritable État fédéral
européen. Faites donc entrer la crise !

Derrière ce pari, bien sûr, il était fait l’hypothèse que n’importe
quelle crise pourrait être contenue à un coût supportable, une fois que
les déséquilibres du système « une même taille qui ne convient à
personne » typique de l’union monétaire européenne aurait déjà atteint
des niveaux catastrophiques, et une fois que les bulles de crédit des
pays du sud de l’Europe [baptisés le « Club Med »] et de l’Irlande se
seraient effondrées. L’hypothèse était faite aussi que l’Allemagne, les
Pays Bas, et la Finlande finiraient – sous l’avalanche des protestations
– à se résoudre à payer la facture pour une « Transferunion ». [Union
européenne fondée sur le transfert des richesses entre États membres].

Il se pourrait bien que nous soyons amenés à vérifier bientôt si ces
deux hypothèses étaient correctes. Loin de lier tous ensemble les pays
d’Europe, l’union monétaire mène à l’acrimonie et aux récriminations
mutuelles. Nous avons assisté à une première éruption en début d’année,
lorsque le vice Premier ministre grec a accusé les Allemands d’avoir
volé l’or grec des chambres fortes de sa banque centrale et d’avoir tué
300.000 personnes sous l’Occupation nazie.

La Grèce est maintenant sous protectorat de l’Union européenne, ou plus
pudiquement de « Mémorandum » puisque c’est ainsi qu’on l’appelle. Ce
qui a donné naissance à des attaques terroristes piqûres d’épingle
contre quiconque est lié de près ou de loin aux pouvoirs européens.
L’Irlande et le Portugal sont un peu plus loin en arrière sur cette
route qui conduit à la servitude mais ils sont déjà confrontés à des
politiques dictées directement depuis Bruxelles et ils seront bientôt
placés à leur tour sous des protectorats formels, et ce dans tous les cas.

L’Espagne a plus ou moins été forcée de réduire les salaires de la
fonction publique de 5% pour se conformer aux exigences de l’Union
européenne faites en mai. Tous doivent se plier au programme européen
d’austérité, sans pouvoir compter sur le soulagement compensateur d’une
dévaluation ou d’une politique monétaire plus accommodante.

Si tout cela continue l’année prochaine, avec un chômage à un niveau
record de dépression ou même continuant à grimper encore plus haut, il
va commencer à devenir important de s’interroger sur qui a la «
propriété » politique sur l’ensemble de ces politiques. Est-ce vraiment
le fruit d’un consentement pleinement démocratique ? Ou bien ces
souffrances sont-elles imposées par des chefs suprêmes étrangers dans un
but purement idéologique ? Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour
prévoir les effets de tout cela sur l’entente en Europe.

Mon opinion personnelle est que l’Union européenne est devenue
illégitime lorsqu’elle a refusé d’accepter le rejet de la Constitution
européenne par les électeurs français et néerlandais en 2005. Il ne peut
y avoir aucune justification pour faire revivre ce texte sous
l’appellation de traité de Lisbonne et le faire adopter de force par une
procédure parlementaire sans référendums, dans ce qui n’était au fond
rien d’autre qu’un putsch autoritaire. (Oui, les parlements nationaux
ont eux-mêmes été élus – il n’est pas utile de m’adresser des
commentaires indignés pour le souligner - ; mais quel fut le motif pour
que les gouvernements français et néerlandais refusent à leurs propres
peuples de revoter dans ce cas précis ? Les chefs élus peuvent aussi
violer la démocratie. Il y avait une fois un caporal autrichien…. mais
n’entrons pas là dedans).

L’Irlande était le seul pays obligé par sa Constitution à organiser un
référendum. Quand cet électorat seul a également voté Non, l’Union
européenne a de nouveau négligé le résultat et a intimidé l’Irlande pour
qu’elle vote une deuxième fois afin d’obtenir le « bon vote ».

C’est le comportement d’une organisation proto-Fasciste. Ainsi, si
l’Irlande maintenant – par une ironie de l’histoire et au nom de
représailles méritées – enclenche la réaction en chaîne qui va détruire
la zone euro et l’Union européenne, il sera difficile de résister à la
tentation d’ouvrir une bouteille de whiskey de Connemara de bouteille et
de savourer le moment. Mais il faudra résister à cette tentation. Car le
cataclysme ne sera pas joli.

Ma pensée personnelle, pour tous ces vieux amis qui travaillent toujours
pour les institutions de l’Union européenne, est de savoir ce qui va
arriver à leurs euro-retraites si ce qu’annonce M. Van Rompuy est exact.

Ambrose EVANS PRITCHARD
Daily Telegraph
16 novembre 2010

_________________
"le magnétisme et magnétiseurs survivront, ainsi que les radiesthésistes et sourciers. Si la science pouvait tout expliquer et la médecine tout guérir, c'en serait fait du magnétisme et des capteurs d'ondes. Mais, tant mieux, ce n'est pas le cas


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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 15:55 
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Inscrit le: 10 Juin 2009 22:04
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Sacré article!

Les politiciens ont toujours eu raison, peu ont avoué s'être trompé (ou éventuellement au crépuscule de leur vie?)

Les anglo-saxons ont constamment affirmé que la création de l'Euro était une hérésie, et ce, depuis ses débuts. Certains diront qu'ils étaient visionnaires mais ce que dit Ambrose EVANS PRITCHARD est le discours tenu depuis tant d'année par les euro septiques. Le contexte actuel permet de mieux cristalliser ses idées, elles sont de circonstance. Il y a 10 ans par contre on s'en foutait tous.

Je crois qu'il faut que l'on prenne beaucoup de recul. Cette crise est longue et bien plus grave que ce que la population générale imagine. Mais c'est parce que tout est fait pour que l'on ne s'inquiète pas. En attendant, le processus suit son cours et rien ne semble pouvoir l'arrêter.

Les gars, tous les ans cela devient plus grave!

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"The only place success comes before work is in the dictionary"
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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 16:57 
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Nonymous a écrit:
Très bon !

Ceci dit, une fois qu'on sera passé à autre chose et que l'euro et l'UE seront enterrés et oubliés, il vaudra mieux vivre dans un pays disposant de l'uto-suffisance alimentaire, cher Ambrose... Quand il n'y aura plus de pétrole dans la mer du nord, il faudra résister à la tentation d'ouvrir un bon bordeaux :roll:


De préférence un pays vaste et peu peuplé comparé à ses voisins ? :roll:


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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 18:11 
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Mais de quel projet européen est-il question ? Celui de Thatcher et de Reagan ? :|


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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 20:17 
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Inscrit le: 15 Mai 2010 11:18
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c'est la réflexion que je me suis faite....ah bon ? on avait un projet européen ?? :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 20:17 
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Inscrit le: 15 Mai 2010 11:18
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c'est la réflexion que je me suis faite....ah bon ? on avait un projet européen ?? :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 20:31 
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Inscrit le: 15 Mai 2010 11:18
Messages: 3535
Le Daily Express devient aujourd’hui le premier quotidien national à
appeler la Grande-Bretagne à quitter l’Union européenne.
"A partir de ce jour, nous utiliserons notre énergie à faire avancer la
cause de ceux qui croient que la Grande-Bretagne a avantage à être en
dehors. » (« Better-Off Out »).

_________________
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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 25 Nov 2010 21:15 
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Inscrit le: 23 Nov 2010 13:33
Messages: 2784
destin a écrit:
Le Daily Express devient aujourd’hui le premier quotidien national à
appeler la Grande-Bretagne à quitter l’Union européenne.
"A partir de ce jour, nous utiliserons notre énergie à faire avancer la
cause de ceux qui croient que la Grande-Bretagne a avantage à être en
dehors. » (« Better-Off Out »).


Oui, enfin... Ils n'ont pas l'euro, donc je ne vois pas trop le souci... Surtout qu'ils appliquent depuis Thatcher la règle 'I want my money back !' ^^


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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 26 Nov 2010 11:41 
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Inscrit le: 18 Oct 2008 13:52
Messages: 17858
Localisation: Alsace
Je me demande combien de temps ça va tenir jusqu'à ce que l'on voit des manifestations de rue contre les gouvernements en Europe, pour le moment ça se cantonne à des revendications salariales, aux retraites, à quelques milliers de personnes en Irlande, ça reste encore bon enfant.
Mais le jour où les gens se rendront compte qu'on va couper les aides sociales à certains, qu'on va taxer encore plus les autres, que l'état reviendra sur les acquis et que les politiques ne pourront rien faire si ce n'est promettre, là, il va y avoir des dégats.
Dans l'inconscient collectif, la crise vient des banques, les mêmes banques qui sont renflouées par les états et qui surtout annoncent des bénéfices records. Et en général l'inconscient collectif ne rentre pas dans les détails, il veut savoir contre qui il doit se révolter.

_________________
Méfiez-vous, on n'est jamais à l'abri de devenir riche.


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 Sujet du message: Re: Risques de désintégration du projet Européen
MessagePublié: 26 Nov 2010 11:43 
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Inscrit le: 12 Mar 2010 18:58
Messages: 1092
En Angleterre ça a déjà commencé apparemment. Et je ne parle pas de la Grèce. En France on a bien saccagé une Préfecture devant les caméras de Télé mais c'était bon enfant... :|

Et nombreux étaient les manifestants "pour les retraites" qui manifestaient en réalité contre le gouvernement.

Mais on n'a certainement rien vu encore, ça c'est sûr. En France, les gens ne se réveillent que lorsque leur assiette est vide. C'est souvent un peu trop tard. :roll:


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