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Tradosaure
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 Sujet du message: L'or est il un bon investissement en période de déflation
MessagePublié: 17 Déc 2013 19:55 
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Réflexion d'actualité bcp de gens ayant suivi le changement opéré par Pierre Leconte sur le forum économique de Genève.

J'ai pensé qu'un fil dédié, à partir d'une réponse argumenté de S.Wapler était peut etre une bonne idée, comme ça on a une trace et le futur les départagera... !

PS : si un fil existe ailleurs, on peut clore... !

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17 déc 2013 | Simone Wapler


▪ "Pierre Leconte dit ‘blanc’, vous dites ‘noir’ : expliquez-vous, expliquez-nous pourquoi"…

Ces lecteurs me dérangent. Pourquoi suis-je sommée de m’expliquer, moi, et non pas Pierre Leconte ?

L’un de ces lecteurs me précise que Pierre Leconte est "une personne connue, voire reconnue, dans le domaine monétaire". Or M. Leconte dit : déflation, krach des actions et l’or à 700 $ l’once, pas moins.

Ah voilà. Le président-fondateur du Forum Monétaire de Genève pour la paix et le développement et moi-même sommes en désaccord. Très honnêtement quelle est la créature abjecte qui pourrait être pour la guerre et contre le développement ? M’opposer, idéologiquement s’entend, à quelqu’un qui promeut la paix et le développement me rend intellectuellement suspecte.

Soyons humble, je ne prétends pas détenir la vérité, je la cherche en permanence. J’ai appris une chose au fil du temps : Dame Vérité est une allumeuse. Dès qu’on pense qu’on va pouvoir la palper, ne serait-ce que du bout des doigts, elle se dérobe, s’évanouit, disparaît.

Mais le débat, la Raison, l’argumentation sont le propre des êtres civilisés. Essayons donc d’argumenter face à Pierre Leconte.

Tout d’abord, Pierre Leconte tient des analyses très similaires aux miennes concernant la surévaluation des actifs financiers et l’impasse mortelle qui consiste à créer de la monnaie à partir de rien.


Mais nos divergences se situent ici :

La possible déflation

L’évolution de la monnaie

Les conclusions qu’il en tire

"Les plus mauvais investissements en période de déflation sont les métaux précieux, les matières premières et les actions (dans les pays frappés par ladite déflation). Les meilleurs sont le cash et les obligations d’Etat dans la monnaie internationale dominante parce que la plus utilisée (c’est-à-dire en dollars US)", estime Pierre Leconte.

▪ Les fonctions de la monnaie
Les ouvrages sur la monnaie pourraient remplir les plus grandes bibliothèques, Aristote et Platon en débattaient déjà. Je vais essayer d’être rapide et succincte.

Une monnaie a trois fonctions :

Unité d’échange, elle doit être reconnue pour commercer

Unité comptable, elle sert à chiffrer des biens des services

Réserve de valeur, elle doit pouvoir stocker dans le temps de la richesse accumulée qui attend d’être dépensée.

Cette troisième fonction est de nos jours totalement ignorée et bafouée par les marchands de dettes que sont les banquiers et par les Etats-Providence. Les banquiers achètent, produisent et vendent de la dette. Pas de dette, pas de dépôts, pas de banques ; la monnaie marchandise leur retire leur gagne-pain. Les Etats-Providence quant à eux garantissent à leurs citoyens le bonheur et les prennent en main de la crèche à la tombe. Ils ne voient pas du tout l’utilité de l’épargne et ont de bien meilleures idées que vous sur comment dépenser votre argent pour le bien-être général. La fonction réservoir de valeur n’intéresse que les individus et pas ceux qui les gouvernent ni les banquiers.

Les Keynésiens sont une curieuse espèce intellectuelle pour qui la monnaie fait l’économie. Ce n’est pas un outil, c’est la fin et non le moyen. Pour un Keynésien, une crise, c’est "pas assez de monnaie dans le système". On injecte de la monnaie et hop, roule ma poule, ça repart. Tout est dans la masse monétaire.

Grâce aux théories keynésiennes, nous sommes passés d’un régime de monnaie-marchandise, adossée à un actif tangible réservoir de valeur (comme l’or) à de la monnaie-dette. Un billet — ou un compte en banque créditeur — est simplement une preuve que la collectivité a une dette envers vous car vous lui avez fourni à un moment donné quelque chose pour une contrevaleur de X. La monnaie-dette se crée à volonté en fonction des besoins des Etats-Providence et des banques. Les banquiers centraux savent exactement de combien l’économie a besoin de monnaie.

▪ La fin de la déflation ?
La déflation est une baisse des prix généralisée due à la réduction de la masse monétaire. Supposons une île peuplée de 10 personnes dans laquelle tout le monde échange avec des goublos. La masse monétaire est de 100 goublos. Un accident conduit à la destruction de 50 goublos. Tout le monde n’a donc plus que 50 goublos pour échanger mais il y a le même nombre de choses à échanger. Les prix seront donc divisés par deux et le pouvoir d’achat du goublos a fortement augmenté. Toutefois, malheur à celui qui s’était endetté de 1 goublos. Il est dans une très mauvaise situation car il lui faut rendre 1 goublos dont le pouvoir d’achat a fortement augmenté.

La déflation au sens baisse de la masse monétaire n’a strictement aucune chance de se produire avec des planches à billets électroniques. Aujourd’hui nous avons eu une hausse des prix généralisée (inflation) de tous les actifs financiers car c’est à ce niveau qu’est restée logée la masse monétaire créée par les magiciens keynésiens.

Une baisse violente de la valeur de ces actifs financiers (superflus dans la vie courante de l’immense majorité des bipèdes) est très probable.

Si krach il y a, que feront les zinzins, les investisseurs institutionnels qui sont obligés d’être investis (les fonds de retraite, les fonds souverains) ? Ne fuiront-ils pas les actifs financiers pour aller vers des actifs plus tangibles : de l’immobilier, du foncier, des matières premières, de l’or ? N’y aura-t-il pas, du fait de la concurrence, une hausse de ces biens tangibles ? Je ne dis pas que cela se produira, je dis simplement que c’est une possibilité.

La déflation est abominable pour ceux qui sont endettés : les rentrées diminuent puisque les prix et les salaires baissent mais les sorties restent fixes puisque c’est le propre de l’obligation (elle vous oblige à rembourser une somme fixée à l’avance).

En cas de déflation des actifs financiers, la plupart des endettés ne le supporteront pas devront faire défaut. C’est vrai pour les individus, les entreprises, les Etats. Expliquez-moi pourquoi des gens voudraient des obligations en dollars et de la monnaie-dette qui ne pourront jamais être remboursées ?

Quel est l’actif qui ressemble le plus à une monnaie, qui ne soit la dette de personne ? Le bitcoin qui ne peut exister sans informatique ? Non. Le seul actif tangible, monnaie-marchandise, c’est l’or et éventuellement son compère l’argent-métal.

Maintenant, vous avez les éléments en main. Vous pouvez relire les arguments de Pierre Leconte, les confronter aux miens. Puis vous jugerez si vous avez besoin d’or ou non. Vous prendrez votre décision en toute liberté de conscience. Si l’or monte dans les trois prochaines années, vous aurez l’impression d’avoir été le pickpocket de Dame Vérité.

http://la-chronique-agora.com/or-invest ... deflation/


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 Sujet du message: Re: L'or est il un bon investissement en période de déflation
MessagePublié: 22 Déc 2013 21:29 
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La chronique de Simone Wapler sur ses différences de vue avec l’économiste Pierre Leconte a provoqué de nombreuses réactions parmi nos lecteurs — des réactions de très grande qualité, si bien que je vous en livre aujourd’hui deux dans leur intégralité.

(Je vous conseille de commencer par lire l’article d’origine)

Nous commençons avec A.T., qui nous explique que les points de vue ne sont pas si irréconciliables que cela, selon lui :

“Je viens de lire votre réponse à P. Leconte dans La Chronique Agora, ce qui a immédiatement retenu mon attention car il se trouve que je vous lis l’un et l’autre assidûment. Cela ne m’étonne pas que nombre de vos lecteurs ne s’y retrouvent pas tant les sujets monétaires sont rendus complexes (volontairement ?) par les autorités”.

“Je vous ai sentie ‘piquée au vif’ et ‘agacée’ par ce qui a été perçu par vos lecteurs comme une opposition avec les thèses de Leconte et qui à mon avis n’en est pas une. Je m’explique”.

“Comme vous il pense que nous sommes encore en stagflation et que le fait d’imprimer de la monnaie sans création de richesse conduira immanquablement sur le long terme à la destruction de celle-ci et probablement à un nouveau système monétaire. Donc il n’interdit pas l’achat de métaux précieux dans un optique ‘d’assurance’ de long terme. Mais dans le cas de l’or, si on est pas positionné depuis cinq ans (ou plus), il faut supporter la baisse et les moins-values sans broncher (ou couvrir avec des actions américaines… rires…)”.

“Par contre, sur le court et moyen terme, il pense que nous allons passer d’abord par la case déflation, avec son cortège de chutes de tous les actifs réels — dont les métaux précieux. Je le cite : ’il faudra aller au bout de ce processus de destruction des actifs réels jusqu’à atteindre une valeur inférieure ou égale aux coûts de production et la reprise pourra alors s’effectuer in fine automatiquement dans le cadre de pénuries à venir’.”

“Donc sur le court terme, si on fait partie des ‘mains faibles’ il vaut mieux arbitrer ou shorter les métaux précieux pour mieux revenir dessus après. C’est ce qu’explique monsieur Leconte.
Certains de vos lecteurs je crois n’ont pas compris le timing”.

▪ Question de timing, peut-être… mais R.V. n’est pas forcément de cet avis :

“Un grand merci pour votre argumentaire par rapport à Pierre Leconte”, nous écrit-il. “Certes, c’est vous qu’on sollicite pour vous justifier, mais j’y vois surtout de la part de ceux qui vous sollicitent une intuition que c’est bien vous qui avez raison”.

“Vous m’avez dit un jour ‘la déflation n’a pas sa chance’…”

“Dans son grand article sur la déflation, Pierre Leconte a une très bonne analyse de la situation économique, qui subit de fortes pressions déflationnistes. Mais ce qui pèche, ce sont ses prévisions sur les conséquences :

– ces prévisions sont scolaires, et à mon avis hors de propos dans un système monétaire ayant rompu avec le standard or.
– ces prévisions sont auto-centrées sur le monde occidental :
– L’or ? Un rempart contre l’inflation pour des Européens ou des Américains.
– Les économies émergentes ? Une bulle créée par la liquidité du dollar.
– D’après eux le cash en dollars, sous la forme de Treasury Bills, serait le seul investissement sûr”.

“J’ai observé ce trait chez d’autres déflationnistes (Robert Prechter, Harry Dent…) : leurs centres du monde sont New York et Londres”.

“A mon avis, ils omettent plusieurs choses importantes :

– de prendre en compte que nous ne sommes justement plus sous le standard or : ce qu’ils appellent ‘le cash‘ n’est qu’un monceau de dettes dans des banques ou émises par des Etats insolvables.
– d’apprécier correctement le rapport à l’or d’environ trois milliards d’habitants non inféodés à New York et Londres (Chine, Inde, Asie et autres Moyen-Orientaux…).
– de réaliser que la dés-américanisation progressive de l’économie asiatique commencé, ce dont Charles Gave parle très bien dans son dernier article”.

“Mais surtout, ils omettent de considérer que dorénavant, la réaction des autorités sera de plus en plus rapide. Elle anticipera toute circonstance de déflation. Il n’y aura pas de sell-off : on le traque d’avance. A sa moindre manifestation, l’armada de la liquidité sera déployé d’un coup de bouton ‘print‘ dans les rotatives virtuelles des banques centrales”.

Ce paragraphe décrit très exactement l’impasse dans laquelle se trouve l’économie en ce moment : elle veut — il faut — une correction pour revenir à une situation plus saine… mais les autorités sont prêtes à tout pour l’empêcher.

Selon la formule chère à Bill Bonner, elles dissimulent donc le problème sous un tapis de dette et d’argent facile… et tant pis pour la femme de ménage (les générations suivantes) qui devra ramasser tout ça.

Un conseil, cher lecteur : balayez devant votre propre porte avant le grand nettoyage !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora
http://la-chronique-agora.com/pierre-le ... ne-wapler/


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