C'est marrant comme les mêmes choses peuvent donner lieu à une toute autre interprétation.
Ainsi, "si les industriels peuvent se passer un jour de l'argent, ils le feront car il leur coûte cher" ... Pas assez cher visiblement pour avoir la volonté de lui trouver des substituts. Mais aussi "l'argent est de plus en plus rare, difficilement revalorisable, son épuisement sera définitif sous dix ans, vingt ans au mieux".
Je ne voudrais pas dire, mais si je prends l'exemple du caviar, franchement moins indispensable que l'argent, le moins que l'on puisse dire est que sa raréfaction est très loin d'avoir entraîné une chute des cours. Tout au plus pourrait-on supputer que la dernière louche de caviar se vendra une fortune... Et après ? Eh bien après, s'il n'y en a plus, évoquer un prix n'aurait strictement aucun sens.
Ensuite, prenons l'exemple des grands crus. Si on possède une vieille ferme avec une cave voûtée, rien à dire, le vin se conservera dans des conditions optimales pendant des dizaines d'années, à condition toutefois d'avoir été convenablement stocké AVANT d'arriver dans cette cave, à condition également que de vils oenologues ne soient pas passés dans les caves du château hâter le vieillissement du vin, le rendant bien meilleur pour une consommation immédiate, mais le rendant inapte à un vieillissement dans la cave d'un particulier ou d'un restaurateur. Sinon... Et ce serait une très bonne raison de ne pas acheter la moindre bouteille de vin auprès d'un particulier. A moins évidemment qu'il ne fasse visiter sa cave.
Soyons sérieux : acheter un grand cru aujourd'hui c'est jouer à la roulette russe. Bon évidemment, si personne n'a la moindre intention d'ouvrir un jour une bouteille, personne ne saura jamais ce qu'il vaut vraiment. Un peu comme les Panda sous capsule de Lord2laze ? Mais il faut bien se dire que quelqu'un le fera forcément un jour, et donnera son avis.
On continue ? Les saphirs, les rubis, les diamants,... valent des fortunes, et valent d'autant plus cher qu'ils ont un 'pedigree' et qu'ils présentent le moins possible de défauts, mais attention ! S'ils n'ont strictement aucun défaut, on a affaire à des pierres synthétiques, sans valeur. Pourtant, elles sont parfaites, et ont strictement les mêmes propriétés que les 'vraies' pierres, souvent extraites par des gens qui triment dans la boue sous la menace de gardes armés. Pierres qui présentent des pedigree falsifiés et qui en tout état de cause devraient être confisquées en cas de doute sur leur provenance réelle... Ce qui du coup ôterait toute valeur à l'ensemble des pierres précieuses de la planète.
A quoi ça tient la valeur finalement ?
Je ne vais pas m'en cacher, j'ai de l'or. Et j'ai aussi de l'argent. L'or parce qu'on n'est pas obligé de nager à contre-courant si on peut se payer un chouette canot de sauvetage. De l'argent parce que jouer avec des arrangements cristallins est déjà une chose en soi, mais jouer avec la structure atomique en est une autre.
Et aussi parce que le métal blanc possède des propriétés très semblables à l'or : sa rareté (et il devient aussi rare, si ce n'est plus, voire beaucoup plus), son éclat, sa résistance au temps, ses propriétés médicales (même si je suis le premier à sourire des chaussettes farcies d'argent),... et aussi, tout comme l'or, sa ductilité.
Que répondre aux objections sur la place que prend l'argent ? Ah ah ! Je pense que c'est précisément là un des aspects les plus dérangeants quant à un retour en grâce de l'argent (que les asiatiques apprécient davantage que l'or).
Mais on pourrait en dire autant de l'or !
Si on a 10 000 € d'épargne à placer, cela représente 10 kilos d'argent, soit une petite boîte assez lourde, mais qui reste tout de même très facile à transporter. Si on a 50 000 € d'épargne, cela représente 50 kilos d'argent, ou encore 20 kilos d'argent et 1 kilo d'or. 50 kilos d'argent non seulement cela commence à faire lourd, mais en plus c'est une quantité qui devient relativement délicate à rassembler. Encore plus dans un contexte de quasi-panique où on chercherait à convertir le plus rapidement possible son épargne en métal précieux. Si on a 600 000 € d'épargne à convertir en métaux précieux, cela représente 600 kilos d'argent ce qui est beaucoup trop, ou disons plutôt 20 kilos d'or... Mais 20 kilos d'or, cela commence aussi à peser son poids.
On passe le cap des 6 000 000 € ? 200 kilos d'or... Et 60 000 000 € ? 2 tonnes... Le pire étant, si l'on veut, que 2 tonnes d'or, malgré tout, cela ne fait jamais que 100 litres... Bien répartis dans quelques puissantes berlines, cela reste facilement transportable. En fait, plus le patrimoine est important, et plus on se heurte à des difficultés quasi-insurmontables pour pouvoir tout à la fois mettre la main sur les quantités souhaitées de métaux précieux et les sécuriser. En fait, mieux vaut posséder en quantité des biens immeubles (sociétés ayant des actifs réels, terres agricoles, immeubles)... En espérant ne pas se retrouver dépossédé de son patrimoine.
En fait, plus le patrimoine est important, et plus les impératifs de conservation du patrimoine (éventuellement par la force) prennent le pas sur des considérations plus 'spéculatives' dirons-nous telles que les investissements en métaux précieux, tout étant affaire de disponibilités. Si on n'a rien, on n'a rien à perdre. Si on a un patrimoine modeste, on peut prendre quelques 'risques' en investissant dans l'argent. Au delà, et tant que les quantités demeurent 'raisonnables', il faut investir dans l'or (quitte à prendre un peu d'argent, 'pour voir').
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