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C’est désormais officiel : ce mois de novembre finissant aura été un des plus pourris de l’histoire de Dassault. Dix jours à peine après le Scud du prince héritier d’Abu Dhabi sur le Rafale, offre jugée « non compétitive et ne pouvant pas constituer une base de travail », deux jours après le coup du semonce du Sénat qui a coupé les financements du drone israélien Héron TP que l’avionneur devait franciser, c’est la Suisse qui a porté le coup de grâce au constructeur français en choisissant d’acquérir 22 chasseurs Gripen, construits par le suédois Saab, pour remplacer ses antiques Northrop F-5, livrés en 1976 et 1981. « Le Gripen est sensiblement plus avantageux que les deux autres offres, non seulement à l'acquisition mais aussi en ce qui concerne les coûts d'entretien », explique le Conseil Fédéral dans un communiqué.
Pour Dassault, candidat malheureux avec le consortium européen Eurofighter, le coup est d’autant plus dur que le Gripen ne semblait pas jouer dans la même catégorie que le Rafale et le Typhoon. Monomoteur, de conception relativement ancienne, le chasseur souffrait également de la santé précaire du constructeur suédois, qui interroge certains prospects. Pas de quoi effrayer le Conseil fédéral suisse, qui assume le choix d’un matériel technologiquement moins avancé. « Le choix du Conseil fédéral traduit sa volonté d'investir dans la sécurité de notre pays, en restant toutefois raisonnable en terme de politique financière et sans perdre de vue la viabilité du système dans son ensemble, indique le communiqué officiel. Il a sciemment décidé de ne pas positionner la Suisse au plus haut niveau européen s'agissant des performances des nouveaux avions de combat. »
La qualité du Rafale, éprouvée sur le théâtre libyen, n’est pas en cause. Encore une fois, c’est l’argument économique qui a fait mouche. « Entre les pays qui développent leurs propres appareils (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Russie, Chine) et le marché beaucoup plus conséquent de ceux qui se contentent sans problème de monomoteurs plus rustiques, parfois d’occasion (F-16, le chasseur le plus vendu du monde), le marché des bimoteurs type Rafale est réduit à la portion congrue », souligne un ancien dirigeant de groupe aéronautique français. Affirmant même que la poursuite de la production du Mirage 2000, monoréacteur vendu à 286 exemplaires à l’export (Grèce, Brésil, Egypte, Emirats Arabes Unis, Inde, Pérou, Qatar et Taiwan), aurait permis de garder des résultats autrement plus concluants à l’export… Le Gripen affiche en tout cas de biens meilleures performances commerciales que le Rafale : il a déjà été vendu, outre la Suède, à la République Tchèque, à la Hongrie et à l’Afrique du Sud.
Ce nouveau revers, dans un pays où le Rafale avait des chances sérieuses de l’emporter, marque-t-il la fin des espoirs d’export ? Ne crions pas avec les loups : une victoire sur le gigantesque contrat indien (126 appareils, soit six fois la commande suisse…), où le Rafale est en finale face à l’Eurofighter Typhoon, et Dassault serait relancé pour un bout de temps sur un marché où même Boeing lutte pour sa survie. En revanche, un nouveau revers du côté de New Dehli serait une catastrophe, tant les prospects solides se font rares. Outre le point d’interrogation brésilien, il resterait le Koweit, peut-être le Qatar, voire la Malaisie, qui semble plus portée vers l’Eurofighter et le F-18. A moins que là encore, le Gripen ne crée la surprise…
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