http://www.romandie.com/news/n/FRETS_MA ... 121802.aspFRETS MARITIMES/Trop de navires, moins de demande: les prix en chute libre
Londres (awp/afp) - Minerais, charbon et céréales voyagent désormais à prix cassés: les tarifs du transport maritime se sont littéralement effondrés en janvier, plombés par la surcapacité chronique de la flotte disponible face à une demande au ralenti, un signal inquiétant pour la santé économique mondiale.
L'indice Baltic Dry Index (BDI), moyenne des prix pratiqués sur 24 routes de transport maritime de matières sèches (minerais, charbon, métaux, céréales, etc.), est descendu mardi à 680 points, son plus bas niveau depuis décembre 2008. En l'espace d'un mois, il a lâché plus de 60% de sa valeur.
"La première raison de ce plongeon, c'est la surcapacité chronique de la flotte, alors qu'en face on assiste plutôt à un fléchissement dans la demande mondiale de frets", a expliqué à l'AFP Nneka Chike-Obi, analyste de l'agent maritime ICAP Shipping.
Les commandes de navires ont nettement ralenti à partir de 2008, mais face au dynamisme des pays émergents, elles ne sont pas tout à fait taries: avec des délais de livraison de 2 à 3 ans, les navires neufs ne cessent aujourd'hui de sortir des chantiers navals, venant grossir une flotte marchande déjà surabondante.
NAVIRES DE PLUS EN PLUS GROS
Quelque 1500 navires de transports de matières sèches sont ainsi arrivés sur le marché en 2011, pour une capacité représentant 23% de la flotte mondiale actuelle, selon le dernier rapport de la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED).
Facteur aggravant selon ce rapport, les navires construits sont de plus en plus gros, à l'image des mastodontes des mers mis en service courant 2011 par le géant minier Vale, pouvant transporter 400.000 tonnes de minerai.
La surcapacité est d'ailleurs particulièrement critique pour les "capesize", les navires obligés par leur taille colossale de naviguer au large des caps Horn et de Bonne-Espérance.
Quelque 220 navires de ce type ont été livrés en 2011, soit une hausse de 20% de la capacité mondiale, selon des chiffres de l'agent maritime Braemar Seascope, rapportés par le Financial Times.
DÉSÉQUILIBRE ACCENTUÉ
Or, la demande totale de vrac sec dans le monde est loin de suivre: elle n'a progressé que de 6% en 2011.
Ce déséquilibre s'est récemment accentué: "les livraisons se sont accélérées, avec plus de 35 capesize depuis le début de l'année", a constaté le courtier maritime BRS. En outre, selon lui, les célébrations du Nouvel an lunaire en Asie ont apporté "une pression supplémentaire sur les prix".
"Le mois de janvier est marqué traditionnellement par une baisse de l'activité, et les congés du Nouvel an lunaire, particulièrement précoce cette année (tombé le 23 janvier), ont ralenti encore plus fortement le commerce extérieur de la Chine", a confirmé Mme Chike-Obi.
Et l'environnement économique mondial morose, notamment marqué par la crise européenne -- qui affecte par ricochet les exportations chinoises --, ne soutient guère la demande, a-t-elle fait valoir.
Par ailleurs, "le marché des frets a pâti d'une baisse des cargaisons en provenance du Brésil et d'Australie", les deux plus gros exportateurs de minerai de fer, entravées par des pluies abondantes, ont ajouté les analystes de Deutsche Bank.
Dans ce contexte, la situation des propriétaires est des plus précaires, d'autant que "le fort renchérissement des prix du carburant (+7,5% depuis début janvier) rogne dangereusement leurs marges", a averti Miswin Mahesh, analyste de Barclays Capital.
"Sur un voyage entre le Brésil et la Chine, le carburant absorbe 80% des revenus, contre une moyenne de 40% habituellement", a-t-il souligné.
Si certains propriétaires sont contraints de laisser leurs bateaux à quai, d'autres se résolvent à les faire voyager sans parvenir à couvrir leurs frais de fonctionnement, en espérant une éclaircie des prix.
"Les prix ont tellement baissé qu'un rebond semble presque inéluctable, même s'il est probable qu'il restera modeste", assure M. Mahesh.
rp
(AWP / 01.02.2012 18h01)
