Le blog à Lupus



Tradosaure
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 Sujet du message: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 12:07 
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Inscrit le: 23 Nov 2010 13:33
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Excellent éditorial paru vendredi soir dans l'édition hebdomadaire de La Tribune, signé par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction. :)

http://www.latribune.fr/opinions/editos ... eval-.html

Citer:
Vous reprendrez bien un peu de cheval !

Dans cette affaire assez « abominable » et « dégueulasse », dixit Laurent Fabius, de lasagnes « pur bœuf » mais surtout pur canasson, on ne peut s’empêcher de penser aux subprimes, ces crédits toxiques à l’origine de la crise financière.

Dans les deux cas, il s’agit en effet d’une crise de confiance causée par une tromperie sur la marchandise. Comme les acheteurs de barquettes de lasagnes, les investisseurs du monde entier qui ont investi dans les conduits de titrisation bourrés de crédits toxiques ont tous cru, de bonne foi, acheter un produit sûr et à l’origine contrôlée. Notés « Triple A » par les agences de notation financière, ces produits étaient en réalité des mille-feuilles composés de tranches superposées mélangeant de façon invisible de bons crédits et de très mauvais crédits. Une fois le pot aux roses découvert, on a su que les fameux subprimes étaient des prêts immobiliers accordés à des ménages pauvres dans des conditions telles qu’il était certain que la plupart d’entre eux ne pourraient pas les rembourser.

Le parallèle fonctionne aussi parfaitement s’agissant du mécanisme de la fraude. Pour les subprimes, comme pour les lasagnes surgelées, une multitude d’intermédiaires se sont interposés entre l’épargnant-consommateur et le producteur. On le sait peu, mais les crédits subprimes n’ont pas été accordés aux États-Unis par des banques, mais par des courtiers spécialisés dans l’immobilier, plus ou moins véreux, et en tout cas insensibles au sort futur des emprunteurs. Ce sont les banques qui ont ensuite repackagé ces crédits et s’en sont débarrassées en les revendant comme produits financiers.


Dans le circuit complexe et opaque qui a conduit de la viande de cheval roumain dans l’assiette de lasagnes des Anglais, on trouve six pays, un trader chypriote, un autre aux Pays-Bas, des donneurs d’ordres en France et une usine au Luxembourg. Comment s’étonner que le régulateur alimentaire s’y perde. Certes, on finira bien par savoir par qui, quand et où a été trafiquée l’étiquette, et des sanctions financières et pénales seront sans doute prononcées. Mais peut-on compter seulement sur la peur du gendarme pour nous prémunir de la malbouffe ?

Aux États-Unis, l’affaire des subprimes est encore loin d’être terminée. Des banques, comme Goldman Sachs, ont été mise en cause en raison des conflits d’intérêt où elles ont pataugé
.[Note : on pourrait aussi ajouter la JP Morgan, propriétaire de Findus, ce qui achèverait de boucler la boucle] Washington est aussi en train d’envoyer une note salée aux agences de notation, à commencer par Standard & Poor’s, à laquelle l’État fédéral réclame 5 milliards de dollars à cause des notations inadéquates accordées aux conduits de titrisation. Les banques et les agences ne sont pourtant pas les seuls coupables. Personne n’est à ce jour allé chercher en responsabilité le pouvoir politique qui, de Bill Clinton à George W. Bush, a cru bien faire en faisant du « tous propriétaires » le cœur de sa politique du logement, ouvrant la porte à l’imagination financière débridée du secteur privé. Le régulateur américain aussi est coupable de n’avoir rien vu et en tout cas pas su arrêter cette folie à temps.

Dans notre « ChevalGate » européen, des décisions publiques sont en partie à l’origine de la crise : le gouvernement roumain, massivement aidé par l’Europe pour moderniser son agriculture, a créé une surproduction de viande chevaline en interdisant la circulation des charrettes et autres roulottes. Comme quoi un battement d’ailes de papillon à Bucarest peut provoquer un tremblement de terre à Londres ou à Paris. Enfin, de même que le virus des subprimes s’est propagé à la vitesse d’un cheval au galop sur toute la planète, jusqu’à provoquer l’infarctus de la finance en 2008, la crise de confiance alimentaire est en train de se disséminer partout, des lasagnes au chili con carne jusqu’au steak haché.

Le consommateur est floué et, même si rien ne prouve encore à ce jour que ce mélange de pasta aux subprimes présente un danger pour la santé humaine (ce qui n’est pas à exclure, en raison des médicaments utilisés pour soigner les chevaux), il sera long et difficile de rétablir la confiance, malgré les sanctions exemplaires promises aux responsables de cette fraude. La crise financière a de fait été suivie d’un tour de vis réglementaire peut-être excessif et négatif pour la croissance et la distribution de crédit, mais indispensable pour rétablir la confiance dans les banques. Il faudra sans doute en passer par là dans le domaine alimentaire. Car si, comme l’a dit le ministre délégué à la Consommation, on ne peut pas « mettre un fonctionnaire derrière chaque pain de viande », et si l’on ne peut demander aux producteurs de contrôler chaque ingrédient, il y a cependant de sérieuses questions à se poser pour simplifier la chaîne de valeur dans le commerce alimentaire, raccourcir les circuits de production et améliorer la traçabilité des produits. Au prix peut-être d'une hausse des prix pour le consommateur final. Car ce dont il s'agit ici, c'est de combattre les mafias de la viande qui profitent des failles de l’Europe pour s’engraisser.


Remarque sur le paragraphe final : le problème, c'est que rien n'a été fait. La seule agence de notation à se retrouver poursuivie, c'est Standard & Poors, la seule à avoir dégradé la note des Etats-Unis, de AAA (aucun défaut) à AA (excellente qualité). Et la confiance des investisseurs n'est jamais revenue. En particulier celle des grands pays créanciers du monde occidental, à commencer par la Russie et la Chine, cette dernière parlant ouvertement de comportement de voyous.

PS : El-Erian, l'un des deux co-dirigeants de Pimco, le plus grand fonds de placement de la planète, vient d'annoncer qu'il était temps de prendre ses bénéfices, les cours des marchés financiers étant artificiellement hauts. ;)

http://www.zerohedge.com/news/2013-02-1 ... ke-profits


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 13:36 
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Très bon article, merci Matthias !

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« Si la connaissance crée parfois des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui permet de les résoudre. » (Isaac Asimov)


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 15:31 
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Inscrit le: 05 Jan 2009 22:27
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Je vais faire court: dans "industrie agroalimentaire", il y a le mot industrie.

Est-il besoin d'en dire plus?

Pour ceux qui ne soupçonnent pas complètement les implications, ça veut dire: acheter les matières premières aux prix les plus bas possible, mettre la pression sur les sous-traitants, compresser les coûts de production...
Exactement comme dans n'importe quelle autre industrie.
Point.

Si mes souvenirs sont bons, il y avait un reportage intéressant sur le sujet dans un numéro d'"envoyé spécial" sur la 2.
Le passage sur l'élaboration des nuggets de poulet était magnifique.
Tout d'abord, une sorte de pâte faite de broya de carcasse de poulet (les blancs et autres morceaux de valeur ayant déjà été récupérés), une sorte de "minerai" de poulet (pour faire le parallèle avec la viande de cheval) à laquelle on ajout des protéines d'origine végétale (beaucoup moins chères que celles d'origine animale), beaucoup de chapelure, des additifs (texture, arôme, couleur...) et hop, à la friture !
Miam !!!

Fred92

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Chez nous, il n’y a pas de parti d’opposition parce que nous pensons qu’une opposition pourrait troubler les rapports affectueux qui unissent le gouvernement au peuple.

Léonid BREJNEV (humoriste involontaire)


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 15:53 
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Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Fred92 a écrit:
Je vais faire court: dans "industrie agroalimentaire", il y a le mot industrie.
Est-il besoin d'en dire plus?
Pour ceux qui ne soupçonnent pas complètement les implications, ça veut dire: acheter les matières premières aux prix les plus bas possible, mettre la pression sur les sous-traitants, compresser les coûts de production...
Exactement comme dans n'importe quelle autre industrie.
Point.
Fred92

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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 16:03 
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Inscrit le: 30 Déc 2010 23:28
Messages: 7687
Que préconisez-vous pour désindustrialiser l'alimentation sans qu'elle remonte comme autrefois à un % effarant des salaires ?


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 16:25 
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Inscrit le: 18 Oct 2008 13:52
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Fred92 a écrit:
Je vais faire court: dans "industrie agroalimentaire", il y a le mot industrie.

Est-il besoin d'en dire plus?


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 16:37 
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Inscrit le: 21 Juin 2011 13:19
Messages: 227
Circuit court.
Moins d'intermédiaire, la "traçabilité" s'en retrouverait facilité, moyen de dénicher de la bonne viande...
Me dis pas qu'il n'y a pas de quoi nourrir la population en Limousin !!!
Ah non, la bonne viande part à l'export ou les restos chic de la capitale...
Bon je sais, je résume trop facilement :mrgreen:


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 16:49 
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Inscrit le: 21 Oct 2008 21:44
Messages: 14514
Localisation: ----
Excellent! :lol:

Milogram a écrit:
Que préconisez-vous pour désindustrialiser l'alimentation sans qu'elle remonte comme autrefois à un % effarant des salaires ?

Manger, c'est cher; et faire la soupe, ça prend du temps.
Quant à bêcher, c'est épuisant. Planter, semer, arroser, sarcler, repiquer (pas dans le sens de la banlieue), ça fatigue. Mais tes légumes bio, à la cave, ils se conservent parfaitement pendant 4 à 6 mois..
Les olives mettent toujours le même temps pour mûrir, au temps des avions, rappelait Saint-Exupéry, dans sa "Lettre au Général X".

Si on est pressé, et qu'on préfère mettre son pognon dans la TV, le home cinéma et les tél portables, on bouffe de la merde, et on est content.
Manger, ça coûte.
La plupart des "pauvres" en France ont la télé et un ou plusieurs ordinateurs, et un portable par personne; mais ils veulent bouffer de la merde; c'est leur choix, non?
C'est un peu facho de vouloir leur retirer leurs carcasses de chevaux hachés, et pour leur donner quoi?

J'avais jadis dirigé des CVL, et j'étais un trentenaire prétentieux alors; j'ai voulu des menus de qualité: le premier jour, salade composée avec magrets, cerneaux de noix, oeuf poché, roquefort & Co. Les 9/10° ont fini à la poubelle. Hurlements indignés des boutonneux! Relayés par leurs géniteurs et matrices vociférants (appels indignés des parents suffoqués! prêts à porter plainte: des magrets, je sais pas c'est quoi, mais ça doit pas t-être bon!)
Le lendemain retour aux steaks hachés congelés + frites ou dauphine congelées, bien gras, bien dégueu. Les boutonneux se sont goinfrés. Satisfaction générale. Et ça coûte moins cher. Et moins de boulot à préparer.
QUE DEMANDE LE PEUPLE?

De la m...!

De quoi s'indigne-t-on alors?


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 17:00 
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Inscrit le: 21 Oct 2008 21:44
Messages: 14514
Localisation: ----
Des déchets de cheval au lieu de déchets de boeuf... même pas drôle.

Tandis que si ç'avait été ... au lieu de ... si vous voyez ce que je veux dire, là, on se serait vraiment marré!^^
Et j'te dis pô les cris d'orfraie des bien-pensants! :lol:


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 Sujet du message: Re: Des subprime à la viande de cheval (La Tribune)
MessagePublié: 16 Fév 2013 17:28 
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Inscrit le: 15 Mai 2010 11:18
Messages: 3535
Industries de la bouffe, des médocs synthétiques, de l'énergie, de l'immo, etc.....= lobbies : la messe est dite. Ceux qui l'ont compris sont sortis du circuit pour autant que cela soit vraiment possible et en tous cas, font tout pour ne pas participer à ces arnaques à grande échelle.

_________________
"le magnétisme et magnétiseurs survivront, ainsi que les radiesthésistes et sourciers. Si la science pouvait tout expliquer et la médecine tout guérir, c'en serait fait du magnétisme et des capteurs d'ondes. Mais, tant mieux, ce n'est pas le cas


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