Le blog à Lupus



Tradosaure
Nous sommes actuellement le 19 Juin 2025 20:29

Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]




Publier un nouveau sujet Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez rédiger ou éditer aucun message.  [ 4819 messages ]  Aller à la page Précédent  1 ... 269, 270, 271, 272, 273, 274, 275 ... 482  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 10:46 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Comment les banques ponctionnent l'argent de leurs clients décédés
Par Eric Leroux

Selon la cour des Comptes, les banques renfermeraient dans leurs livres 1,2 milliard d'euros appartenant à des personnes disparues.

Les assureurs ne sont pas les seuls mauvais élèves en matière de recherche de bénéficiaires des contrats d'assurance-vie en déshérence, c'est-à-dire ces contrats qui n'ont pas été payés au bénéficiaire après le décès d'un assuré.

Selon la Cour des comptes, les banques renfermeraient dans leurs livres 1,2 milliard d'euros appartenant à des personnes disparues (décédées ou ne donnant plus de nouvelles depuis longtemps), pour lesquelles elles ne feraient pas de gros efforts lorsqu'il s'agit de rechercher les ayants droits. Compte bancaire, compte titres, livrets et placements divers sont concernés.

Ce constat a incité Christian Eckert, rapporteur de la commission des finances à l'Assemblée nationale, à déposer une proposition de loi pour mettre un terme à ces pratiques et encadrer le traitement de ces dossiers.

FRAIS POUR COMPTES INACTIFS

C'est une proposition bienvenue, car à l'inverse des dispositions législatives qui pèsent sur les assureurs – qui seraient aussi renforcées par ce texte –, la loi est muette en ce qui concerne les banquiers.

Une seule disposition leur est imposée : ils doivent transférer à l'Etat les sommes déposées sur des comptes sans mouvement depuis trente ans.

Ce délai est mis à profit par les banques pour arrondir leurs fins de mois. "Elles prélèvent sur ces comptes des frais réguliers, qui ont la particularité d'être souvent doublés pour les comptes inactifs", explique Maxime Chipoy, spécialiste des questions d'argent à l'UFC-Que choisir.

"S'agissant généralement de comptes avec des sommes peu importantes, il arrive fréquemment que la totalité des sommes non réclamées partent ainsi en frais", poursuit-il. Une bonne explication au peu d'empressement des établissements bancaires à entamer des recherches d'héritiers.

PROJET DE LOI

Avec le projet de loi, la situation devrait donc évoluer. Tout d'abord, une définition du compte inactif sera intégrée dans le code monétaire et financier.

Puis les banques devront consulter le répertoire national d'identification des personnes physiques de l'Insee pour savoir si les détenteurs de ces comptes sont toujours en vie. Si oui, les frais de gestion seront plafonnés. En revanche, le projet de loi n'impose pas d'obligation de recherche des héritiers.

Dès lors qu'un compte aura été catalogué comme inactif, les banques devront verser les fonds à la Caisse des dépôts au bout de deux ans si le détenteur est décédé, et dix ans dans les autres cas.

Ce sera à la Caisse de faire la publicité sur les encours qu'elle reçoit, afin que des ayants droit puissent y prétendre. Après vingt ou trente ans, les sommes appartiendront à l'Etat. "Ce projet de loi va dans le bon sens", se réjouit Maxime Chipoy.

Autre nouveauté : les notaires auront l'obligation de consulter le Ficoba (Fichier des comptes bancaires) lors du règlement de chaque succession, afin de pouvoir indiquer aux héritiers l'existence de tous les comptes existant au nom du défunt.

Eric Leroux http://www.lemonde.fr/argent/article/20 ... 57007.html


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 10:52 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Ah c'est pour ça qu'on l'aime notre Van Damme ... il est trop fort :lol:
:lol:


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 11:06 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Amendes : le papillon fait place au PV électronique

Deux fois plus d’amendes et moins de risque d’erreurs : la rentabilité des PV électroniques n’est plus à démontrer. Et l’État l’a bien compris, qui compte, dès 2014, généraliser le remplacement des carnets à souches des membres des forces de l’ordre par des PDA (assistants numériques personnels).

Radars + PVe = 1,7 milliard

Pour le moment, seules la gendarmerie et la police nationale sont équipés des fameux PDA. Mais le nombre de PV qu’ils génèrent est déjà supérieur à ceux des 4000 radars automatiques implantés sur nos routes, révèle Auto Plus. Et cela s’explique facilement. Il faut d’une part deux fois moins de temps pour remplir un PV électronique (PVe) qu’un papillon de carnet à souches. D’autre part, le risque d’erreur est plus limité.

Le rendement des PVe se voit donc supérieur de 78 % à l’amende manuscrite, rapporte l’hebdomadaire. 67 % des paiements sont effectués, contre 50 % pour le papillon, le nombre de contestations étant de plus divisé par deux et le coût du traitement réduit. Auto Plus explique ainsi que, entre les PVe et les radars, ce ne sont pas moins de 40 millions d’avis de contravention qui auront été expédiés cette année 2013. Chiffre d’affaire prévu : 1,7 milliard d’euros.

95 % de PV électroniques en 2016

Pour approvisionner toujours plus cette manne, l’État entend inciter les collectivités locales à passer au PVe, notamment en les aidant financièrement. Courant 2014, la vingtaine de communes de plus de 100.000 habitants qui ne se sont pas encore converties devraient le faire (19 sont déjà équipées), ainsi que 700 des villes de 10.000 à 100.000 habitants.

Objectif : 85 % des infractions constatées manuellement devront l’être de manière électronique en 2014, une « proportion qui augmentera encore de 5 points les années suivantes, de manière à atteindre 95 % en 2016 », expliquent nos confrères. Ce qui devrait être facilité par l’arrivée envisagée, dans les années à venir, de PDA plus sophistiqués encore. Côté positif : ces derniers devraient être capables de reconnaître les fausses plaques ou encore les véhicules volés.

Risque de multiplication des PV à la volée

Pas de quoi toutefois éclipser les aspects négatifs. Déjà peu aisée, la contestation d’un PV sera plus compliquée encore. D’autant que contrairement aux amendes matérialisées, le ticket sous l’essuie-glace de la voiture ou sur la selle (derrière la bulle, sur le guidon…) de la moto n’est pas systématique. Ce qui finalement ne changera pas beaucoup les motards qui, verbalisés pour une infraction au stationnement par exemple, ne trouvent pas le papillon qui s’est envolé avec la brise…

Enfin, comme Auto Plus, on peut craindre que la généralisation des amendes électroniques entraîne celle des PV à la volée. Être verbalisé sans être arrêté : une méthode qui n’a aucune valeur pédagogique et qui relève plus de l’abattage que d’une réelle volonté d’améliorer la sécurité routière. Mais après tout, l’avantage perçu des PVe semble bien être l’amélioration de la rentabilité plus qu’autre chose…

Grégoire Acerra http://www.motomag.com/spip.php?page=ar ... icle=17345

-----------------------------------------
Radars vandalisés : ils ne sont pas remplacés !

Entre 40 et 50 radars automatiques fixes semblent avoir fait les frais du mouvement de colère contre l’écotaxe, initié fin octobre par les « Bonnets rouges » en Bretagne, et qui a essaimé ailleurs en France.

« En temps normal, on compte en moyenne dix actes de vandalisme par mois sur les cabines fixes », nous expliquait un employé de Morpho, l’un des fabricants de ces appareils, le 21 novembre au salon Milipol* à Villepinte (93).

La facture devrait être salée pour le contribuable : les cabines détériorées devront être remplacées. À 30.000 euros la neuve, Morpho, qui assure la maintenance des cabines fixes, se frotte les mains : l’affaire rapportera entre 1,2 et 1,5 M€.

Sauf que… « Nous avons procédé au retrait des appareils hors service, poursuit notre interlocuteur. Mais le client (le ministère de l’Intérieur) ne nous a pas donné le feu vert pour les remplacer. » Pour l’instant, plus de boîtier photographique sur les emplacements… Le gouvernement attend peut-être que la colère se calme. Ce serait bête de remplacer un radar qui pourrait ensuite être à nouveau vandalisé…

Mais du point de vue économique, le bilan de ce début novembre reste calamiteux : une facture salée pour le remplacement des radars, et un manque à gagner sur les amendes récoltées d’ordinaire par ces cabines…

(*) Milipol : salon mondial de la sécurité intérieure des États

Nicolas Grumel


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 11:17 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
La Russie sous le choc de la fermeture de Master Bank:

Des clients inquiets massés devant des agences aux portes closes, des millions de cartes bancaires soudainement hors service: la fermeture brutale de Master Bank cette semaine a replongé les Russes dans les heures les plus traumatisantes de la période post-soviétique.

La banque centrale a retiré mercredi, avec effet immédiat, la licence de l'établissement, créé en 1992 et qui compte dans son conseil d'administration Igor Poutine, cousin du président russe.

Le régulateur a expliqué n'avoir pas d'autre choix après avoir constaté des "infractions répétées" à la loi sur le blanchiment d'argent, le ministère de l'Intérieur évaluant les sommes en jeu à plus de 45 millions d'euros.

A première vue, Master Bank, 70e banque russe en termes d'actifs, est un établissement relativement modeste.

Mais "c'est la première fois qu'une banque avec plus de trois millions de clients perd sa licence", a souligné lors d'une conférence de presse Oleg Ivanov, vice-président de l?Association des banques régionales.

Et les conséquences pour le grand public ont été spectaculaires, puisque Master Bank contrôle le troisième réseau de distributeurs automatiques en Russie et occupe la cinquième place en termes de cartes bancaires en circulation.

Soudainement, des millions de Russes se sont retrouvés sans accès à leur compte. D'autres, qui pensaient n'avoir aucun rapport avec Master Bank, ont vu leur carte bancaire cesser de fonctionner: la banque proposait ses services de traitement de données à 200 autres petits établissements.

De très nombreux commerces, hôtels, restaurants, mais aussi le parti politique libéral Iabloko se servaient de ses cartes bancaires pour payer les salaires de leurs employés, qui se retrouvent de fait bloqués.

A la différence notable des retentissantes faillites bancaires des années 1990, la plupart des clients devraient récupérer une grande partie de leurs fonds: depuis 2004, les dépôts sont assurés jusqu'à 700.000 roubles (15.700 euros). Au delà de ce seuil, leurs détenteurs sont prioritaires pour être indemnisés à l'issue de la procédure de faillite.

Les remboursements sont estimés à un niveau record de 30 milliards de roubles (675 millions d'euros).

En revanche, les entreprises, y compris les entrepreneurs individuels, ne sont pas couverts par la garantie des fonds. L'association caritative Docteur Liza a reconnu avoir perdu plus de 50.000 euros qu'elle destinait à un hospice.

"On a retiré du système un maillon faible, ce qui veut dire que le reste du système devient plus fiable, plus transparent, plus stable", a plaidé le vice-président de l?Association des banques régionales.

"Cela ne va pas créer de panique" mais "cela affecte à court terme la confiance de la population", a regretté de son coté Pavel Samiev, de l'agence de notation Expert RA.

La nouvelle a eu un retentissement considérable en Russie, où une partie de la population garde le souvenir douloureux des économies envolées lors de faillites bancaires, notamment pendant la crise financière de 1998, et reste méfiante vis à vis des banques.

D'autant que la présidente de la banque centrale, Elvira Nabioullina, a prévenu: Master Bank ne sera pas la dernière à disparaître.

"C'est une surprise de voir une banque de cette taille avoir sa licence retirée", reconnaît l'économiste Chris Weafer, de la firme de conseil Macro Advisory.

"Cela envoie un message très clair au secteur: personne n'est à l'abri et la banque centrale muscle sa surveillance", estime-t-il, soulignant qu'il existe actuellement "bien trop de banques en Russie".

Plus de 900 banques y sont actuellement en activité et le secteur est divisé entre quelques mastodontes contrôlés par les pouvoirs publics et une myriade de petits établissements à la situation financière fragile et aux pratiques parfois douteuses.

Les autorités russes cherchent depuis des années à réduire ce nombre, hérité de la chute de l'URSS, quand il suffisait de quelques milliers de dollars pour créer une banque et que les entrepreneurs avaient besoin de ces établissements pour leurs sociétés.

Si le nettoyage du secteur a pris du retard, il semble s'être accéléré depuis la prise de fonction cet été de Mme Nabioullina, auparavant conseillère économique au Kremlin: près d'une vingtaine établissements ont perdu leur licence, soit presque autant que sur une année entière habituellement. http://www.boursorama.com/actualites/la ... bc862aa6d9


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 11:19 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
;)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 12:29 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
ATTENTION !!!
Si vous êtes concernés !

France: les pilotes de la compagnie easyJet en grève lundi


Les pilotes français de la compagnie aérienne easyJet seront majoritairement en grève lundi pour protester contre la politique de redistribution des bénéfices de l'entreprise, qu'ils jugent trop faible, a annoncé samedi leur syndicat.

Le taux de grévistes devrait atteindre 80 à 90% et des actions de débrayage sont prévues toute la journée au départ de la France


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 13:56 
Hors-ligne
Administrateur
Avatar de l’utilisateur

Inscrit le: 18 Oct 2008 13:52
Messages: 17858
Localisation: Alsace
Platinium a écrit:
La Russie sous le choc de la fermeture de Master Bank:

le ministère de l'Intérieur évaluant les sommes en jeu à plus de 45 millions d'euros.
Master Bank, 70e banque russe en termes d'actifs, est un établissement relativement modeste.
Mais "c'est la première fois qu'une banque avec plus de trois millions de clients perd sa licence


70e banque russe par rapport à ses actifs, 45 millions d'euros, 3 millions de clients... Il y a quelque chose qui cloche, ou alors le client moyen est vraiment, vraiment pauvre.

_________________
Méfiez-vous, on n'est jamais à l'abri de devenir riche.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 14:35 
Hors-ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscrit le: 12 Jan 2010 18:18
Messages: 7321
Localisation: Poitou
Dantec a écrit:
Platinium a écrit:
La Russie sous le choc de la fermeture de Master Bank:

le ministère de l'Intérieur évaluant les sommes en jeu à plus de 45 millions d'euros.
Master Bank, 70e banque russe en termes d'actifs, est un établissement relativement modeste.
Mais "c'est la première fois qu'une banque avec plus de trois millions de clients perd sa licence


70e banque russe par rapport à ses actifs, 45 millions d'euros, 3 millions de clients... Il y a quelque chose qui cloche, ou alors le client moyen est vraiment, vraiment pauvre.


45 millions, ce ne sont pas les dépôts (plutôt autour de 1 milliard € soit 30 milliards de roubles) mais les pertes, et visiblement un trou de 60 millions d'€ dans le bilan.
Мастер Банк, le patron, c'est accessoirement le cousin de Valodia, Igor... :mrgreen:

http://www.themoscowtimes.com/business/article/1bln-owed-to-depositors-as-master-bank-has-license-revoked/490005.html

_________________
"Les personnes âgées vivent trop longtemps, il y a un risque pour l'économie mondiale. Il faut faire quelque chose, rapidement ! " Christine Lagarde, FMI


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 15:20 
Hors-ligne

Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
L’arbitraire fiscal. L’impôt sous l’Ancien Régime et en 2013
Benoît Malbranque

On connaît tous l’abominable fiscalité de l’Ancien Régime, et l’image d’Épinal qui lui est associée : celle d’un paysan accablé sous le poids de l’impôt. En vérité, pourtant, le travailleur français moyen sous l’Ancien Régime payait l’équivalent de 18 jours de travail en impôts (gabelle, taille, vingtième, etc.). Aujourd’hui, il n’est quitte qu’après … 208 jours, soit dix fois plus. De quoi relativiser l’abomination de l’Ancien Régime, ou la supériorité de notre époque — ou les deux.

La question fiscale n’a, semble-t-il, jamais cessée d’être actuelle. C’est elle qui remue les débats contemporains ; c’est elle aussi, qui les remuait par le passé. Au début du XVIIIe siècle, c’est en adressant cette problématique éminemment importante que l’économie politique française fut fondée et se développa. Un auteur comme le maréchal Vauban consacrait son œuvre à la réforme de l’impôt, et conseillait la création d’une dîme royale (qui est le titre de son livre), c’est-à-dire d’un impôt proportionnel sur le revenu des personnes (flat tax), en remplacement de l’imposante fiscalité de l’époque. Le grand Boisguilbert, à la même époque, proposa une réforme similaire.

Écrivant un demi-siècle plus tard, les physiocrates, réunis autour de François Quesnay, eurent aussi en vue l’arbitraire fiscal de l’Ancien Régime. Ils publièrent leurs œuvres traitant du produit net et autres bizarreries, afin d’analyser les maux de la fiscalité du temps, et de dessiner les contours d’une réforme intelligente.

Ces écrits et ces hommes, si glorieux pour l’histoire de notre science, masquent cependant une réalité : que la fiscalité de l’Ancien Régime avait moins de défauts que la nôtre aujourd’hui. Ce sera le thème de notre article. Confrontant la fiscalité de l’Ancien Régime avec les mythes et les légendes dans lesquels les historiens, consciemment ou inconsciemment, l’ont trop longtemps enfermé, il tâchera de la mettre en balance avec celle de notre époque contemporaine, en prenant des critères d’évaluation les plus objectifs possibles.

Disons d’abord que la complexité du paysage fiscal français n’est pas nouvelle, et elle était en effet une caractéristique de l’économie de l’Ancien Régime. Les économistes libéraux ont bien pointé du doigt ce fait, et même les partisans de l’intervention de l’État dans l’économie se sont bercés de peu d’illusions sous ce rapport. Necker, qui offre le double avantage d’avoir été confronté directement aux finances de la France en tant que ministre, et d’avoir plusieurs fois réclamé l’intervention étatique dans la vie économique, ne ménageait pas la fiscalité française, et écrivait :

« Elle est tellement embrouillée qu’à peine un ou deux hommes par générations viennent à bout d’en posséder la science et qu’on ne peut rien réformer en partant des détails ; il n’y a, si possible, qu’à tout détruire. »

Même habitués à l’arbitraire fiscal et à un montant considérable de prélève-ments, nous ignorons souvent que pendant les siècles précédents, les impôts devaient systématiquement être légitimés, et expliqués, et qu’ils l’étaient en effet sous l’Ancien Régime. Chose étonnante pour nous, citoyens modernes, chaque nouvel impôt, durant l’Ancien Régime, était accompagné d’un édit royal qui en expliquait la finalité, souvent très précise (et souvent cette cause était une guerre).

L’impôt de l’Ancien Régime se fondait donc sur la constatation objective d’un besoin de l’État. La mentalité associée était donc tout à fait particulière, et les révoltes anti-impôts, qui suivront bientôt, s’expliquaient en grande partie par cette disposition. « Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, écrivait bien l’historien François Hincker, a persisté l’opinion que seule la guerre légitime vraiment l’impôt. »

Cette justification est fragile, on s’en doute. Elle sera rapidement balayée. Non pas que les guerres nouvelles aient vu les nouveaux impôts correspondants être attaqués ou refusés violemment par le peuple. Mais la progression du périmètre de l’Etat, et le creusement de ses déficits, aura pour conséquence de multiplier les occasions pour le Roi et les ministres de dire au peuple : Cet impôt, créé pour la guerre, restera valide en temps de paix. Et là naquirent les révoltes, qui fleurirent au XVIIe siècle, pour diminuer en nombre et en portée au cours du XVIIIe siècle.

Voilà un autre point que nous négligeons souvent : les révoltes anti-fiscalité furent des événements assez rares au cours du XVIIIe siècle. Aussi étonnant que cela puisse nous paraître, il est même établi que les impôts liés au système féodal, celui qui nous paraît le plus repoussant, furent dans l’ensemble mieux considérés, et nettement moins l’objet de révoltes, que les impôts royaux. Cela ne peut pas s’expliquer par notre distinction fictive entre impôts locaux et impôts nationaux. Cela provient de la réalité intrinsèque du système féodal. Dans ce système, les percepteurs des impôts jouaient un rôle social important : ou ils assuraient la sécurité de tous, ou ils constituaient un filet de sécurité en cas de mauvaises récoltes et de disette, ou encore, par leurs activités, ils faisaient naître autour d’eux un certain ordre, une certaine stabilité rassurante. Pour cet ordre, pour ce filet de sécurité, pour cette stabilité, le paysan français du Moyen Âge et de l’Ancien Régime semblait assez enclin à payer. Peu fréquentes sont en effet les révoltes qui concernent les tributs à verser aux seigneurs et propriétaires terriens.

La fiscalité d’Ancien Régime avait tout de même, certainement, de nombreux défauts. Nous verrons ce qu’il en est de la pression fiscale par la suite. Com-mençons par étudier les modalités d’organisation du vote et de la perception.

C’est un lieu commun que de dire que les impôts n’étaient pas levés, dans l’Ancien Régime, de façon démocratique : la main de l’Etat était implacable et la sévérité était insupportable. Cet énoncé est clairement excessif. D’abord, il y avait bel et bien des régions où l’impôt, ou du moins certains impôts, étaient votés, et non décidés d’en haut par les intendants et les ministres. La France de l’Ancien Régime se distinguait en effet entre « Pays d’état » et « Pays d’élection ». Comme le terme est très malhabile, précisons que les pays d’élection étaient les régions dans lesquelles l’impôt était décidé par en haut, par l’intendant (c’était le cas dans le Limousin de Turgot, ou dans l’Orléanais), et non par un parlement ou des instances régionales, comme c’était le cas dans les pays d’état (en Bretagne par exemple).

En outre, les quelques intrusions de la « souplesse » tant vantée, ainsi que de l’individualisation de l’imposition, étaient dans l’Ancien Régime des sources infinies d’abus. La taille, notamment, rassemblait toutes les dérives et tous les défauts fondamentaux de ce principe de souplesse. 1 Cet impôt, qu’on nous présente parfois comme le moins pire des impôts de l’Ancien Régime (sans doute parce que notre très actuel Impôt sur le Revenu en est l’héritier direct), laissait beaucoup de place pour la « souplesse », et semble admiré pour cela. Et pourtant, combien peu glorieuse est cette souplesse ! Déterminé subjectivement, le montant à verser par chaque « taillable » motivait les comportements d’esquive. Il fallait se montrer malin, feindre continuellement une incapacité à payer, sans quoi la rigueur du fisc était implacable. L’historien de l’économie Marcel Marion a bien décrit ce fait :

« Le collecteur de la taille était guidé par son sentiment de favoritisme, ou d’antipathie ou de crainte, ou de vengeance, ou plus souvent encore par la prévision de la difficulté plus ou moins grande qu’il trouverait à recouvrer chaque cote. Malheur au taillable dénué de protection, ayant ses biens à jour, ou ayant la déplorable réputation d’être un payeur exact ! C’est pour lui que la répartition de la taille réservait toutes ses rigueurs, alors qu’elle ménageait infiniment le plaideur endurci, le propriétaire influent, ou le contribuable forain. »

Notre TVA, qu’on dit moderne, avait aussi un équivalent à l’époque de l’Ancien Régime, bien que l’on ne s’en souvienne pas, et que peu de livres d’histoire en fassent mention. La gabelle du sel, qu’on présente comme une taxe particulière, levée sur une denrée bien spécifique, avait en réalité un application bien plus large, à peu près comparable à notre TVA. Parce que le sel était utilisé pour la conservation des aliments, en plus de la salaison, les énormes besoins provoquaient des rentrées fiscales considérables. Nous ne serons pas surpris d’apprendre, dans ces conditions, que cet impôt qu’on présente comme limité, rapportait un dixième de toutes les rentrées fiscales juste avant la Révolution. 2 L’impact de cette fiscalité sur le prix du sel n’est pas non plus à sous-estimer. Si nous considérons d’un côté la Bretagne, qui était exempte de la gabelle sur le sel, et de l’autre les régions qui la payaient, la différence de prix, de 5 deniers à 12 sous la livre, est dans un multiple de 1 à 30.

Lorsque nous considérons la fiscalité de l’Ancien Régime, nous sommes aussi obsédés, obnubilés par une disposition certes essentielle, mais qui provoqua très peu d’émeutes fiscales ou de réactions anti-impôt : je veux parler des privilèges, de ceux qui ne payaient pas d’impôts. Il n’est pas question de minimiser la portée des privilèges de la Noblesse ou du Clergé, mais il faut les mettre en perspective, afin d’expliquer pourquoi si peu de révoltes eurent comme motif précis ces inégalités flagrantes et majeures. L’une des réponses tient dans le fait que, compte tenu de l’organisation très lâche et multiforme de la fiscalité dans la France de l’Ancien Régime, le paysan breton, qui ne payait pas la gabelle sur le sel, paraissait tout autant si ce n’est davantage privilégié que le noble propriétaire de la terre, qu’on connaissait, qu’on fréquentait parfois, et qui nous avait peut-être aidé matériellement une fois ou deux.

D’ailleurs, les privilèges n’étaient pas aussi inexcusables qu’on veut bien le croire — du moins ceux de la Noblesse, car ceux du Clergé sont plus difficilement défendables, et furent davantage l’objet de plaintes de la part des paysans. Nous l’avons dit, l’impôt était souvent levé pour des raisons de guerre. Il servait à financer les expéditions militaires. Or, dans ces opérations militaires, si le paysan payait par sa bourse, le noble payait par sa présence au combat, et ce n’était pas un argument si facilement écartable, ni à l’époque, ni même aujourd’hui.

De ce dernier fait découle une caractéristique majeure du système fiscal de l’Ancien Régime, caractéristique que l’on retrouve malheureusement dans notre fiscalité contemporaine : la superposition de minuscules privilèges provoquait une paralysie complète du système, et l’empêchait de se réformer. Chacun ayant conscience d’être un peu privilégié par rapport aux autres sur un point particulier, il en oublie vite tous les autres domaines où il aurait beaucoup à gagner d’une réforme, et se met à refuser énergiquement toute évolution.

Au fond, dirons-nous pour conclure, la fiscalité de l’Ancien Régime n’était pas si atroce qu’on le croit, et, à tout prendre, si nous le croyons, des comparaisons avec notre époque devraient nous faire frémir. Écoutons les mots de François Hinckler, qui nous aide à faire cette comparaison dans son livre sur l’impôt sous l’Ancien Régime : « Utilisons un étalon artificiel mais qui a l’avantage d’être parlant. Les 25 millions d’habitants que compte probablement la France ont donc à payer 470 millions d’impôts, soit chacun entre 18 ou 19 livres. À ce moment le salaire journalier d’un compagnon maçon à Paris se situe à un peu moins d’une livre. Ainsi un salarié moyen travaillerait un peu plus de sept jours pour payer tailles, capitation et vingtièmes, un peu plus de deux pour payer la gabelle, et un peu plus de neuf pour payer les autres impôts indirects. » Dix-huit jours de travail : c’était la contribution que la fiscalité française de l’Ancien Régime réclamait au travailleur. Qu’en est-il aujourd’hui ? Avec un taux moyen d’imposition de 56,9% (chiffre 2013), il faut pas moins de 208 jours de travail pour payer en moyenne ses impôts de l’année. De quoi se demander si la Révolution française a servi à améliorer notre condition, et s’il ne serait pas temps d’en produire une nouvelle.

___________________________
1Son autre inconvénient, et non des moindres, est qu’elle était fixée ou répartie après constatation du montant des besoins de l’Etat : en d’autres termes, on commençait par décider combien on voulait prendre, puis on appliquait le taux d’impôt permettant d’obtenir la somme correspondante. S’il est bien un système qui, assurément, empêche l’Etat de se contenter de ses ressources, c’est bien celui-ci.

2Marcel Marion fournit, pour l’année 1715, les chiffres suivants : Recettes : 180 millions de livres, provenant pour 120 à 125 millions d’impôts directs, dont taille et capitation, et pour 55 à 60 millions d’impôts indirects comme la gabelle. http://www.institutcoppet.org/2013/11/1 ... t-en-2013/


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 24 Nov 2013 15:29 
Hors-ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscrit le: 06 Juil 2011 15:17
Messages: 8517
Localisation: Portugal
Impliquée dans le lavage d'argent sale ...

What A Novel Idea !? Russia SHUTS DOWN Bank Engaged In Money Laundering !
Posted on November 23, 2013 by Stacy Herbert

Stacy Summary: Where large quantities of cash flow, money laundering is bound to happen. This is how it should be dealt with HSBC, Wachovia and others.

Russian Bank Closed Over Alleged Money Laundering


Ms. Nabiullina told the Duma, the lower house of parliament, the bank had a capital shortfall of at least 2 billion rubles ($61 million). “The bank concealed its real condition, submitting substantially false reports,” she said. “The bank was involved in servicing the shadow sector of the economy, illegal transactions and repeated violations of money-laundering laws. We were forced to take this as last-resort measure.”

No one could be reached at Master Bank’s offices which were closed Wednesday. Police said they were searching the bank’s headquarters.

Source

Traduction

_________________
« Si la connaissance crée parfois des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui permet de les résoudre. » (Isaac Asimov)


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages depuis:  Trier par  
Publier un nouveau sujet Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez rédiger ou éditer aucun message.  [ 4819 messages ]  Aller à la page Précédent  1 ... 269, 270, 271, 272, 273, 274, 275 ... 482  Suivant

Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]


Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Duff, Google [Bot], lampador et 41 invités


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Sauter vers:  
Powered by phpBB2007 phpBB Group
Translated by phpBB.fr © 2007, 2008 phpBB.fr



.*.
*

.*.