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Tradosaure
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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 10:50 
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Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
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« L’Europe a faim !… »
Charles SANNAT

Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

L’Europe a faim… Nous allons longuement revenir dans cet édito sur cette nouvelle réalité, hélas, dramatique. Je peux être libéral mais s’il y a bien une chose que je considère comme insupportable, ce sont les gamelles vides et sur ce point précis, je suis particulièrement socialiste ! L’Europe aura également sans doute bientôt froid… et souffre d’une véritable pénurie de médicaments !

La famine touche l’Europe

C’est un article du Matin en Suisse qui est un journal tout à fait sérieux et reconnu.

« L’Europe a faim. C’est une enquête réalisée en Grande-Bretagne qui vient rappeler que la crise est toujours bien présente dans de nombreux pays. Une lettre envoyée la semaine dernière au British Medical Journal par une association de médecins fait état de l’accroissement alarmant du nombre de personnes hospitalisées pour malnutrition : elles étaient 5 400 l’an dernier, soit presque deux fois plus qu’en 2008 quand la crise des subprimes a frappé le Royaume-Uni et ses 53 millions de sujets. »

« Pour ces médecins, ces chiffres ne sont qu’indicatifs. La véritable mesure de la pauvreté se fait par le recensement des personnes ayant besoin d’une aide alimentaire. Elles ont été plus de 347 000 en 2012, contre 26 000 en 2008 (les chiffres de l’année actuelle ne sont pas encore connus). La faute en incombe à la crise, certes. Mais la politique de rigueur budgétaire qui l’accompagne est tout autant responsable de la hausse du chômage et de la baisse des revenus. »

Étant trop fatigué en raison de ma nuit blanche (et non je ne suis pas allé danser), je m’épargne le calcul d’augmentation en pourcentage. Mais passer de 26 000 à 347 000 c’est juste beaucoup plus que 10 fois plus… donc c’est une augmentation énorme et alarmante. À côté de ça, on vous vante le miracle de la reprise au royaume de sa très gracieuse majesté… Vous avez le droit de rester sceptiques.
Les magasins sont pleins mais les gens ont faim !

Et là, Matin se lance après dans un recensement de la carte de la famine en Europe. Pourtant, pour l’alimentation, ce n’est pas encore comme pour les médicaments. Il n’y a pas de pénurie ou de rupture d’approvisionnement. Les magasins sont pleins… mais les gens ne peuvent pas acheter à manger.

Je me souviens encore des promesses de l’Europe, vous savez, celles où on nous vantait le développement économique, la richesse, la prospérité et la paix, raison pour laquelle il fallait absolument signer le traité de Maastricht sans quoi notre avenir serait noir.

20 ans après (le temps passe vite), cette Europe des peuples affame ses peuples, ses femmes, ses hommes et ses enfants sans que cela ne pose de véritable problème d’ordre démocratique (pour le moment).

Grèce, le pays le plus touché

« La Fédération internationale des Croix-Rouge rappelle dans une étude publiée en novembre que la Grèce a été le pays le plus touché par la crise dans l’Union européenne. L’insécurité alimentaire dans certaines régions dépasse 60 % de la population. » 60 % de la population… la majorité des Grecs ont faim, raison d’ailleurs pour laquelle plus de 60 % des Grecs des villes souhaitent repartir aux champs. La misère est plus facilement supportable à la campagne, surtout si vous avez un potager, et comme vous n’avez pas de travail… vous avez du temps pour bêcher !

Je vous indique également en annexe un lien vers le site politique actu concernant la situation en Grèce.

« Jeudi, une scène insolite s’est déroulée au cœur d’Athènes, sur la place Syntagma, juste en face du Parlement : des agriculteurs venus de Thèbes, à 83 km de la capitale, distribuent 50 tonnes de patates et d’oignons gratuitement. Annoncée à la télévision, la distribution tourne vite à l’émeute. Tout le monde se précipite sur les étals. À nouveau des disputes, des cris. «On n’avait pas vu ça depuis l’Occupation», peste Andreas qui observe le spectacle à distance. L’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale avait provoqué une terrible famine qui reste dans toutes les mémoires. »

« Mais si le mot revient si souvent pour décrire le retour de la faim qui frappe les classes moyennes, c’est aussi en référence aux diktats de Bruxelles, et plus encore de Berlin. »

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en Grèce les pauvres ne sont pas les « zautres ». C’est vous. Les affamés ce ne sont plus les SDF ou les marginaux. C’est vous. Les classes moyennes.

Espagne, cantines scolaires ouvertes même pendant les vacances !

On y apprend plein de choses « rassurantes » du type :
« En Espagne, près de 22 % des 47 millions d’habitants vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. »
Ou encore « dans un rapport, l’association caritative catholique Caritas précise avoir nourri, l’année passée, près d’un million d’Espagnols affamés, soit deux fois plus qu’en 2008, quant à la Croix-Rouge, elle révèle avoir distribué de l’aide alimentaire à 1,2 million d’habitants en 2012 contre 0,5 million en 2009. » Là aussi, je vous épargne le calcul de l’augmentation en pourcentage… ce serait trop déprimant.

« Les gens qui fouillent les poubelles sont tellement nombreux que celles de certains supermarchés sont fermées à clé pour éviter que les déchets soient ensuite éparpillés. » C’est vrai ça, nous devrions même mettre en prison ces dangereux pauvres, et je compte sur le bon sens de notre garde des sottes pour pénaliser, dans sa future réforme pénale, la récupération de bananes et dépénaliser la fumette de cannabis.

Enfin, on se rend compte également que « le pays a aussi été choqué d’apprendre que des dizaines d’écoles sont restées ouvertes durant les vacances d’été afin que des milliers d’enfants puissent recevoir au moins un repas complet quotidiennement à la cantine scolaire… » Comme quoi, de l’instruction publique il est facile de passer à l’alimentation publique… sauf qu’en arriver à ce point-là de déliquescence sans que l’on se pose les véritables questions sur notre descentes aux enfers collective ne cesse de me laisser pantois.

Italie, la Croix-Rouge sur les dents

Tout pareil, et ce n’est pas bon du tout. L’Italien a faim. Pizza ou spaghettis sont manquants dans les assiettes de nos copains transalpins.

Autriche, des migrants affamés

Passage assez « drôle » concernant l’Autriche : « L’Autriche, où la Croix-Rouge a alimenté 150 000 personnes l’an dernier, contre 7 500 en 2009. Ce ne sont toutefois pas les Autrichiens qui forment la majorité des démunis du pays, mais les migrants qui y viennent dans l’espoir de trouver un emploi… » Ben si ce sont des migrants, c’est nettement moins grave…

France, Les Restos du Cœur

Pensez à donner pour ceux qui le font car les Restos du Cœur sont l’une de nos associations les mieux gérées et pour info, l’État français, dans sa grande générosité, donne environ 5 millions par an aux Restos du Cœur sur les 30 milliards dépensés dans le financement des boulistes de Tulles et des joueurs de ping-pong de Corrèze.
« En France, plus de 9 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté dont 4 millions viennent chercher de l’aide auprès des associations d’aide alimentaire, parmi lesquelles les Restos du Cœur. »
Heureusement, quelques milliers d’enfoirés français donnent plus de 150 millions d’euros par an, sans doute des gens qui ont un peu de sous, qui sont excédés par les impôts (comme moi) et très socialistes pour la gamelle (comme moi).

N’imaginez pas que la France sera épargnée.
N’imaginez pas que les Grecs, qui ont vécu au-dessus de leurs moyens, ne préfigurent pas ce qui va nous arriver.
N’imaginez pas que vous ne devrez pas passer à la caisse et qu’à un moment, il va falloir tailler dans les dépenses en France. Que cela vous plaise ou non… il va falloir vous débrouiller.
N’imaginez pas que ce qui se passe en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal et déjà un peu chez nous, en fait de plus en plus et les statistiques des Restos du Cœur sont les meilleures, ne va pas s’empirer.

La situation s’aggrave. Notre pouvoir politique est impuissant et dépassé par une situation de crise sans précédent, sans imagination et sans courage.

Alors, stockez. Stockez vos médicaments, stockez vos spaghettis et vos raviolis. Achetez votre lopin de terre à la campagne. Apprenez à faire un potager. Assurez le tout avec un peu d’or et d’argent. Car l’Europe a faim, et l’on peut se protéger de la faim. Encore faut-il laisser tomber à temps le superflu comme l’aïe-Phone et les tablettes aïe-Pad pour se préparer à des moments difficiles. Encore faut-il prendre conscience que nous ne sommes pas invulnérables et que ce qui se passe est un mouvement gigantesque de paupérisation mondiale. À tous ceux qui attendent avec des sous à la banque en espérant que les prix de l’immobilier baisse dans les grandes villes, envisagez d’acheter votre maison à la campagne pour le prix d’un studio à Paris et encore… avant négociation ! Pour les autres, renforcez chaque mois vos PEBC (épargne boîte de conserve), coupez dans toutes vos charges, réduisez vos dépenses, et n’achetez rien ou presque à Noël car c’est avant tout de l’argent foutu en l’air dans des tonnes de cadeaux qui ne font même plus plaisir, y compris à nos enfants blazés d’une telle profusion de plasturgie chinoise. Achetez en brocantes, sur le bon ou le mauvais coin… bref, redevenez paysan, car les temps qui arrivent seront difficiles, mais personne ne vous le dira, car ce n’est pas vendeur, ce n’est pas optimiste, ce n’est pas positif…

Préparez-vous à avoir faim, car l’Europe a déjà faim !

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez-bien !!

Charles SANNAT http://www.lecontrarien.com/leurope-a-f ... 2013-edito


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 11:05 
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Et comme c'est bien connu:
"Qui veut la faim veut les moyens",
donc son "plan epargne-bouffe" n'est pas franchement une mauvaise idée
2014 et 2015 vont être terribles!!

_________________
"Y a quelque chose qui cloche là-dedans, j'y retourne immédiatement!"
Boris VIAN


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 12:56 
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Hélas, sur les boîtes de conserve que j'ai achetées ce matin, la date de péremption imprimée est le 31/10/2016 !
Inutile d'avoir un stock que la police antisurvivaliste qui sera créée d'ici là confisquera "pour votre sécurité", afin que vous n'allassiez point intoxiquer vos enfants le 01/11/2016 !
Et qu'elle confisquera même avant, ne vous autorisant qu'une semaine de provisions, "pour votre sécurité", afin que vous ne soyez pas attaqués par des affamés !


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 13:05 
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C'est pour ça qu'il faut faire des stocks de sardines à l'huile, surtout des millésimées. Il est bien marqué dessus "ces sardines peuvent se conserver pendant 10 ans".


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 13:18 
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Pour ceux qui l'avait loupée ... ci-dessous la première partie
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La crise financière n'était pas un accident, 2ème partie
Marc Faber



- Comme je le disais vendredi, les crises financières n'arrivent pas par hasard. En voici un nouvel exemple.

En 1994, la Fed a augmenté le taux des fonds fédéraux de 3% à près de 6%, provoquant une débâcle du marché obligataire. Les bons du Trésor US à 10 ans ont grimpé de moins de 5,5% fin 1993 à plus de 8% en novembre 1994. A leur tour, les marchés actions et obligations des émergents se sont effondrés. En 1994, il était devenu évident que les économies émergentes perdaient de leur dynamisme et que le monde se dirigeait vers un important ralentissement économique, voire une récession.

Mais lorsque le président Clinton décida de renflouer le Mexique, passant outre l'opposition du Congrès US mais avec le soutien des leaders républicains Newt Gingrich et Bob Dole, et exploita un obscur fonds du Trésor pour prêter au Mexique plus de 20 milliards de dollars, les marchés se stabilisèrent. Les prêts accordés par le Trésor américain, le Fonds monétaire international et la Banque des règlements internationaux se sont élevés au total à près de 50 milliards de dollars.

Ce sauvetage a été beaucoup critiqué, cependant. L'ancien co-président de Goldman Sachs, le secrétaire au Trésor Robert Rubin, a utilisé les fonds pour renflouer les obligations mexicaines assurées par Goldman Sachs et dans lesquelles l'entreprise possédait des positions d'une valeur d'environ cinq milliards de dollars.

Ce n'est pas mon sujet ici de discuter des mérites et des échecs du sauvetage du Mexique en 1994. (Mes lecteurs réguliers savent à quel point je suis critique devant toute forme de renflouage.) Toutefois, ses conséquences ont été que les obligations et les actions ont grimpé en flèche. En particulier après 1994, les obligations et les crédits des marchés émergents ont excellemment performé -- c'est-à-dire jusqu'à la crise asiatique en 1997. Clairement, il y avait sur le coût de l'économie mondiale une sorte d'aléa moral parce que les investisseurs, enhardis par le renflouage, se sont rués sur les crédits des marchés émergents, même de moindre qualité.

Plus haut, j'ai mentionné que, en 1994, il était devenu évident que les économies émergentes avaient renversé la vapeur et que le monde se dirigeait vers un magnifique ralentissement économique sinon une récession. Mais le renflouage du Mexique a prolongé le développement économique des économies émergentes en rendant disponible les capitaux étrangers avec lesquels financer leur commerce et leurs déficits courants. En même temps, il a conduit à une crise bien plus grave en Asie en 1997, puis en Russie et aux Etats-Unis (LTCM) en 1998.

La leçon que j'ai donc tirée de la crise asiatique est qu'elle a été dévastatrice parce que, étant donné le cycle économique naturel, l'Asie aurait déjà dû ralentir en 1994. Mais du fait du renflouage du Mexique, l'expansion asiatique a été prolongée grâce à la disponibilité des crédits étrangers.

- Les disparités s'élargissent
Ce financement de la dette en devises étrangères a créé une énorme disparité des actifs et des dettes. Les actifs qui ont servi comme nantissement de prêts étaient libellés en devises locales tandis que les dettes l'étaient en devises étrangères. Cette dissonance a exacerbé la crise asiatique lorsque les monnaies ont commencé à faiblir, parce qu'elle incitait les entreprises locales à convertir les monnaies locales en dollars aussi vite que possible dans le but de couvrir les risques de change.

Marc FABER pour La Chronique Agora

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La crise financière n'était pas un accident
Marc Faber


- Observateur éloigné mais néanmoins intéressé par l'histoire et les marchés d'investissement, je suis fasciné par la façon dont les grands événements qui trouvent leur origine dans des tendances long terme sont souvent expliqués par des causes court terme.

On explique ainsi la Première Guerre mondiale comme étant une conséquence de l'assassinat de l'archiduc Franz Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois ; on explique la Crise de 1929 comme étant le résultat de la rigueur des politiques monétaires de la Fed ; on explique que Hitler est la cause de la Seconde Guerre mondiale ; et que la guerre du Vietnam est le résultat de la menace communiste.

De même, on attribue la désinflation qui a suivi l'année 1980 aux politiques monétaires restrictives de Paul Volcker. Le krach boursier de 1987 est de la faute des assurances de portefeuilles. Et la crise asiatique et le krach boursier de 1997 sont attribués aux étrangers ayant attaqué le baht (la monnaie thaïlandaise). Toutefois, si l'on regarde de plus près tous ces événements, on voit que leur cause était bien plus complexe et qu'un caractère inévitable entrait toujours en jeu.

- Complexe et inévitable

Prenons par exemple le krach boursier de 1987. A l'été 1987, le marché boursier était devenu extrêmement suracheté et une correction était inévitable, peu importe à quel point l'avenir semblait prometteur. Entre le plus haut d'août 1987 et le plus bas d'octobre 1987, le Dow Jones a dévissé de 41%. Comme nous le savons tous, le Dow n'a cessé de monter les 20 années suivantes, pour atteindre un plus haut en octobre 2007 à 14 198.

Ces variations nous rappellent que nous pouvons subir de fortes corrections à l'intérieur même de tendances long terme. La crise asiatique de 1997-1998 est également intéressante parce qu'elle a eu lieu bien après que les fondamentaux macroéconomiques asiatiques aient commencé à se dégrader. Sans surprise, les analystes, gestionnaires de fonds et stratégistes asiatiques, en éternels optimistes, sont restés positifs sur les marchés asiatiques jusqu'à ce qu'éclate la catastrophe en 1997.

Mais même pour l'observateur le plus candide, il aurait dû être évident que quelque chose n'allait pas. L'indice Nikkei et le marché boursier taïwanais avaient atteint un sommet en 1990 et ont eu tendance à baisser ou à stagner par la suite, alors que la plupart des autres bourses en Asie ont culminé en 1994. En fait, l'indice Thailand-SET avait déjà dévissé de 60% par rapport à son plus haut de 1994 lorsque la crise financière asiatique a fait chuter le baht de 50% en quelques mois. Cet événement a sorti les analystes et les médias continuellement optimistes de leur léthargique contentement de soi.

Je suis d'accord avec le regretté Charles Kindleberger, qui avait déclaré que "les crises financières sont associées aux pics des cycles économiques", et qu'elles "sont le point culminant d'une période d'expansion et précèdent une phase descendante". Toutefois, je suis également d'accord avec J.R. Hicks, qui affirmait qu'une "crise réellement catastrophique" a toutes les chances d'avoir lieu "lorsqu'il y a une profonde instabilité monétaire -- lorsque le pourrissement touche au plus profond le système monétaire".

- Il n'y a pas de hasard

En résumé, une crise financière n'arrive pas par hasard mais après une longue période d'excès (politiques monétaires expansionnistes et/ou politiques budgétaires conduisant à une croissance excessive du crédit et à une spéculation excessive). Le problème réside dans l'établissement du moment de début de la crise. En général, comme c'était le cas en Asie dans les années 1990, les conditions macro-économiques se dégradent bien avant le début de la crise. Toutefois, les politiques monétaires expansionnistes et une croissance excessive de la dette peuvent allonger la durée du développement économique pendant une très longue période.

Dans le cas de l'Asie, les conditions macro-économiques ont commencé à se dégrader en 1988 lorsque le commerce des pays asiatiques et les excédents de balance courante ont chuté. Ils sont par la suite devenus négatifs en 1990. Toutefois, le développement économique a continué -- largement financé par des emprunts étrangers excessifs. Résultat : à la fin des années 1990, juste avant la crise de 1997-1998, les baissiers asiatiques étaient totalement discrédités par le grand nombre de haussiers et leur point de vue était largement ignoré.

Même si les Asiatiques n'étaient pas si naïfs et n'allaient pas jusqu'à croire que "le niveau global d'endettement n'a pas d'importance... le passif de l'un est l'actif de l'autre" (comme le disait Paul Krugman), ils ont avancé plusieurs autres arguments en faveur de l'expansion économique continue de l'Asie et pour expliquer pourquoi l'Asie ne connaîtrait jamais le genre de "crise tequila" que le Mexique avait traversé à la fin de 1994, lorsque le peso mexicain s'est effondré de plus de 50% en quelques mois.

Nous verrons la suite dès lundi. La Chronique AGORA


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 13:33 
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La peur s'empare des marchés actions
Eberhardt Unger pour La Chronique Agora

Pris dans leur globalité, les marchés actions ont atteint un niveau record. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, la moyenne des dix-sept principaux indices, avec une pondération de 41% pour Wall Street, n'a jamais été aussi élevée.

Pièce jointe:
131209_indices.gif
131209_indices.gif [ 68.19 Kio | Consulté 5683 fois ]



Pourtant, ce nouveau record n'a déclenché aucun enthousiasme particulier, tempéré qu'il est par la forte crainte d'une prochaine et probable baisse des marchés.

Quand les cours des actions montent, c'est normalement que les marchés anticipent une amélioration de la conjoncture économique -- ce qui est loin d'être le cas actuellement, et pour cause !

Une certaine reprise en 2014 peut être espérée, mais ce ne sera qu'en raison des gigantesques plans de relance mis en place et ce ne sera certainement pas une reprise autonome. Le surendettement mondial ne permet d'anticiper qu'une faible croissance du PIB nominal, par ailleurs qualifiée "d'extrêmement fragile" par l'OCDE.

Les modestes perspectives de bénéfices des entreprises indiquent un potentiel limité de hausse du cours des actions, dont la hausse actuelle n'est que le résultat de la politique monétaire ultra-expansive des banques centrales. Taux d'intérêt zéro et QE ont été les moteurs de la hausse des cours jusqu'aux niveaux fondamentalement non justifiés d'aujourd'hui.

Mais les mesures de relance monétaires ne suffisent pas, à elles seules, à provoquer la hausse durable du cours des actions (voir Japon). A moyen terme, la réduction du quantitative easing par la Fed ne pourra pas être évitée à cause des dangers d'inflation. Cette dernière ne se traduira pas forcément par une augmentation rapide des prix à la consommation, mais une bulle peut, par exemple, se former sur les actions ou les obligations, ce qui donne alors une impression de richesse (factice) mais peut déboucher sur une catastrophe mondiale, comme on a pu le voir lors de l'éclatement de la bulle sur le marché immobilier américain en 2007.

Conclusion : Les PER moyens -- de 15 environ pour CAC en 2013 et de 13 attendus en 2014, identiques pour l'Euro Stoxx 50 et de 20% plus élevés pour le S&P 500 -- indiquent que les actions ne sont plus bon marché. Le choix des titres doit se faire après une étude attentive des données fondamentales de l'entreprise concernée et se concentrer, en particulier, sur les actions à forts dividendes et qui offrent un réel potentiel de croissance.
[Des marchés au plus haut n'ont pas empêché Mathieu Lebrun de réaliser de très belles performances la semaine dernière : mardi dernier, il a ainsi permis à ses lecteurs d'engranger 100% en moins de 24 heures en vendant le CAC 40... Et mercredi, c'est de nouveau 100% de performance qu'il a réalisé... en moins de 2 heures cette fois.


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 14:00 
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Pfff ... pas doués ces bretons :lol: ils n'ont même pas su vendre le concept !!! les royalties ... ya que ça de vrai :lol:
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Bonnets Rouges : et maintenant, la Belgique !
Pièce jointe:
bonnet-rouge-belgique.jpg
bonnet-rouge-belgique.jpg [ 27.56 Kio | Consulté 5645 fois ]


Les Bonnets Rouges accostent à Charleroi !

Par Alexis Grabinszky depuis la Belgique.

Ville naguère industrielle et florissante mais désormais ruinée, défigurée et déshonorée par les socialistes, Charleroi incarne pour de nombreux Belges l’exemple parfait des méfaits de l’étatisme. C’est sans doute pourquoi l’endroit a été choisi pour démarrer l’expression d’un ras-le-bol citoyen face à l’avalanche d’impôts, de règlements et de chicanes administratives qu’ils subissent.

Inspirés par le mouvement anti-fiscal breton, l’initiative démarre sur Facebook et génère plus de 2000 like en quelques jours. Voilà de quoi gonfler les cœurs et se lancer dans une première manifestation ! La mobilisation est au rendez-vous puisque les organisateurs (armés d’un compteur homologué par les fédérations syndicales) dénombrent 234.456 manifestants. La police et les médias parlent quant à eux d’une petite centaine. Au programme, blocage symbolique du périphérique surplombant la ville de Charleroi, sensibilisation des automobilistes à un rond-point du centre ville et distribution de flyers au marché dominical.

La convivialité a dominé la manifestation et le besoin de liberté s’est admirablement exprimé. Un grand nombre de citoyens vaquant à leurs achats ont été enthousiasmé par la contagion de ce mouvement né en Bretagne. De nombreuses marques de soutien nous sont adressées et des échanges sympathiques ont lieu sur le marché entourant le bâtiment de l’administration communale. Au son de « marre des taxes ! marre des magouilles ! Bienvenue à Charleroi ! », le cortège poursuivit sa rencontre avec de nouveaux ralliements.

Que retenir de cette journée du 8 décembre 2013 ? Elle fut intéressante d’un point de vue humain et démontre la plus-value des réseaux sociaux dans notre monde tant décrié pour son individualisme et le repli sur soi. Le ras-le-bol fiscal, l’intrusion du politique dans les choix des citoyens, le copinage et le clientélisme entraînent la destruction des valeurs, tant morales qu’économiques, la dépression, l’exil fiscal et l’abandon de tout esprit d’entreprise !

Des nouveau rassemblements sont à l’étude selon le gestionnaire de la page Facebook contacté, et diverses villes de Wallonie seront visitées dans la bonne humeur, comme tient à le préciser l’initiateur de Bonnet rouge Belgique. source


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 14:40 
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Platinium a écrit:
Pfff ... pas doués ces bretons :lol: ils n'ont même pas su vendre le concept !!! les royalties ... ya que ça de vrai :lol:

Et il y a les Bonnets Blancs aussi en Bretagne ... :lol:

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« Si la connaissance crée parfois des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui permet de les résoudre. » (Isaac Asimov)


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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 15:32 
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Ne vendez pas votre or !
09 déc 2013 - Philippe Béchade

Après une entame de mois de décembre laborieuse, Wall Street a fini la semaine en beauté. Les marchés américains sont ainsi parvenus à effacer en quelques heures les pertes des quatre séances précédentes.

Loin de s’aligner sur les lourds dégâts subis par les places européennes, les scores hebdomadaires sur les indices US s’avèrent proches l’équilibre. Le Dow Jones (+1,25%) renoue avec les 16 000 points à 16 020 points, soit -0,4% hebdo ; de son côté, le S&P 500 (+1,12%) repasse au-dessus des 1 800 à 1 805 points, soit un score global de -0,04%.

A noter que le Nasdaq gagnait 0,75% à 4 065 points. Il parvient ainsi à aligner une neuvième semaine de hausse consécutive (+0,1%).

Les opérateurs ont manifestement accordé davantage d’attention à l’aspect favorable des statistiques de l’emploi américain qu’au risque de voir la Fed réduire le rythme d’injection des liquidités avant fin 2013.

Charles Plosser, le patron de la Fed de Philadelphie, a été le premier à réagir sur les chiffres de l’emploi publiés vendredi à 14h30. Il juge les statistiques de novembre encourageantes mais se garderait bien de les considérer comme un élément suffisant pour considérer que la reprise du marché du travail est définitivement sur de bons rails.

Il convient cependant qu’il est possible d’envisager une réduction en douceur — et avec l’approbation du marché — du montant des rachats mensuels de la Fed (85 milliards de dollars actuellement).

Les statistiques publiées depuis mardi dernier militent en effet pour une lecture optimiste de la situation macro-économique aux Etats-Unis.

En marge des chiffres de l’emploi, le département du Commerce US a publié vendredi une hausse de 0,3% des dépenses des ménages en octobre, après une augmentation de 0,2% en septembre, alors que le consensus tablait sur une hausse de 0,2%.

La surprise provient du recul de 0,1% des revenus des ménages (+0,3% anticipé) alors qu’ils avaient progressé de 0,5% le mois précédent.

En ce qui concerne le rapport mensuel sur l’emploi publié vendredi par le département du Travail, l’économie américaine a créé 203 000 postes non-agricoles au mois de novembre (dont 176 000 dans le secteur privé). Un niveau supérieur aux attentes des économistes, qui tournaient autour de 180 000. De plus, le taux de chômage a diminué de 0,3 point à 7% de la population active au mois de novembre, alors que les économistes n’attendaient qu’un recul de -0,1% à 7,2%.

Charles Plosser explique toutefois qu’il s’agit d’un effet mécanique de la pyramide des âges et d’une accélération du taux de départs à la retraite… Un simple effet générationnel, pas la preuve suffisante d’un retour inexorable vers le plein emploi

Une embellie est en revanche incontestable du côté de la confiance des consommateurs. L’enquête de l’Université du Michigan pour décembre est ressortie à 82,5, en forte hausse par rapport à la précédente enquête qui avait traduit une dégradation à 75,1 (c’était juste après le shutdown).

▪ Qu’en disent les devises ?

L’essentiel de la réflexion des marchés va se tourner maintenant vers l’estimation du rythme de décrue des injections de liquidités. La probabilité d’un tapering dès le mois de décembre est maintenant évaluée à 50/50 — contre 75/25 en faveur de mars en début de semaine, mais Goldman Sachs continue de privilégier l’hypothèse du mois de mars.

La semaine passée restera également marquée par le puissant rebond du baril de pétrole sur le NYMEX (+0,5% à 97,8 $ et +6% sur la semaine écoulée) dans le sillage de bonnes statistiques ISM et de confiance des consommateurs.

Bien que cela soit très contre-intuitif de notre point de vue d’Européens, le dollar n’a pas connu de variations très tranchées face aux autres devises. Cependant, il a perdu près de 1,25% face à l’euro (à 1,3705), lequel a gagné le titre de monnaie la plus bullish de la semaine.

Nous accordons pour une fois un certain crédit à ceux qui soulignent que le raffermissement de l’euro — correspondant à autant de gain sur son portefeuille du point de vue d’un gérant américain — a certainement pesé pour moitié dans le recul de 3,5% en moyenne des indices de l’Eurozone. Les ventes de lassitude ont fait le reste après six semaines de plafonnement, soit le plus long épisode de ce genre en ce qui concerne le CAC 40.

La rechute de l’or dans la zone des 1 215/1 225 $ l’once semble attester la montée en puissance d’un consensus privilégiant le scénario d’un scénario potentiellement déflationniste à moyen terme. Cela renforce les dégagements liés aux anticipations de tension des taux longs en cas de tapering de la Fed. Mais hausse des rendements obligataires et scénario déflationniste sont la pire combinaison imaginable pour les actions.

Et si la bourse et les marchés obligataires chutent… où ira l’argent ?
Ne vendez pas votre or !

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 Sujet du message: Re: REVUE DE PRESSE 2
MessagePublié: 09 Déc 2013 16:10 
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Fonction publique: six mesures choc pour "dégraisser le mammouth"
Par Emilie Lévêque

Baisser le nombre de fonctionnaire, les faire travailler plus, s'attaquer à leur statut, privatiser des services... Les coûts de nos services publics pourraient être réduits. A condition de briser des tabous et de prendre des décisions politiques courageuses.

Six Français sur dix estiment qu'il y a trop de fonctionnaires en France. De fait, l'emploi public représente 20% de l'emploi total en France, contre 15,5% en moyenne dans l'ensemble des pays de l'OCDE (voir encadré). "Le service public français a un problème de productivité. Or ce n'est pas avec plus de moyens que l'on améliore la qualité du service rendu. Le service public peut et doit être producteur d'externalité positive, mais à condition de se réorganiser et se réformer en profondeur, estime Eric Verhaeghe, ancien haut fonctionnaire, ancien président de l'Apec, fondateur de Parménide, cabinet de conseil en innovation sociale.

Chiffres-clés
5,4 millions d'agents travaillent dans la fonction publique + 134.500 bénéficiaires de contrats aidés, 6 millions de fonctionnaires au sens large, si l'on inclut les agents des organismes privés à financement public. 45% appartiennent à la fonction publique de l'État, 34% à la fonction publique territoriale et 21% à la fonction publique hospitalière. La fonction publique représente 20% de l'emploi en France contre 15,5% en moyenne dans l'OCDE. La France compte 90 emplois publics pour 1000 habitants, l'Allemagne 50 pour 1000.

"Nous avons un nombre de services publics très larges mais ils ne sont pas tellement meilleurs qu'ailleurs ; ils ne légitiment en tout cas pas que nous surpayons ces services. Nos services publics nous coûtent 11% de plus à produire par rapport aux pays de l'OCDE : la France y consacre 27% de son PIB contre 24,8% en moyenne au sein de l'Union européenne. Ce surcoût équivaut à 60 milliards d'euros par an!", s'exaspère Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'iFRAP, think tank qui fustige le gaspillage des deniers publics. Selon elle, ces coût de production de nos services publics pourraient être réduits. A condition de briser des tabous et de prendre des décision politiques courageuses. Voici six pistes pour optimiser les dépenses, la productivité et la qualité du service public français.
Faire la transparence sur les coût de l'administration

"Combien coûte ma place en crèche ? Combien coûte ma cantine, mon maire, mon président de région ? A l'heure où l'on nous demande de payer plus d'impôt, les Français ont le droit d'avoir des réponses à ces questions, estime Agnès Verdier-Molinié. L'opacité actuelle des données publiques est un frein à des économies de dépenses. Si les citoyens se rendent compte que la gestion des déchets coûte moins cher dans la commune voisine, ils demanderons des comptes à leur maire." "La priorité numéro un, c'est la transparence, et notamment de la commande publique et des appels d'offres, renchérit Eric Verhaege, afin de s'assurer que l'administration optimise ses dépenses".

Exemple concret du manque de transparence en France, cité dans le rapport publié cette semaine par l'ONG Transparency International, qui classe la France 22e sur 177 pays : le maire de Chatillon a été condamné en septembre dernier à un an de prison avec sursis, 10.000 euros d'amende et un an d'inéligibilité pour favoritisme et prise illégale d'intérêts. Il avait favorisé son beau-frère, gérant d'un cabinet d'architectes, dans l'obtention de deux marchés publics pour un montant total de 110.000 euros.

"La transparence administrative est devenue dans plusieurs pays un important levier de la réforme de l'Etat, poursuivant, à la faveur des NTIC, l'objectif d'une meilleure compréhension par les citoyens de l'utilisation des crédits publics", écrit l'IGF (l'inspection générale des finances) dans un rapport de 2011 sur les stratégies de réforme de l'Etat à l'étranger. C'est l'une des réformes les moins douloureuses et les moins coûteuses à mettre en place. Mais elle nécessite une volonté politique pour changer les mentalités, tant l'administration est opaque, et ce à tous les échelons. Il faut aussi définir les limites à ne pas franchir de cette transparence. L'Italie a été très loin en la matière : les citoyens ont accès non seulement à l'organigramme, au nom et au taux d'absentéisme des agents, mais aussi à leur salaire, CV et numéros de téléphone...

Clarifier les missions et supprimer des échelons

"La première chose à faire, c'est de dire qui fait quoi et qui paie pour quoi. Aujourd'hui, il y a des doublons de compétence à tous les échelons administratifs, chacun s'occupe un peu de tout. Cela génère des postes et du temps de travail inutiles et coûteux", critique Agnès Verdier-Mollinié. Formation professionnelle, culture, enseignement, tourisme, aides aux entreprises, environnement, transports... dans la plupart des grandes missions de service public, l'Etat, les régions, les départements et les communes interviennent à divers échelons.

Exemple concret: le créateur d'entreprise est confronté à une multitude de dispositifs d'aide (plus d'un millier), proposés à la fois par les communes, les départements et les régions, par les directions centrales de l'Etat et les organismes publics nationaux tels la BPI et Oseo. Autre chevauchement de compétences: la gestion (construction, entretien, rénovation) des écoles publiques maternelles et élémentaires relève de la commune, celle des collèges du département et celle des lycées de la région ; mais c'est l'Etat qui paie le salaire de tous les enseignants de premier et second degré.

Un acte politique fort serait donc de décentraliser les compétences en généralisant le principe de compétences exclusives et de supprimer les financements croisés. L'Etat pourrait aussi se désengager du financement d'un certain nombre de missions telles le tourisme, très bien assuré par le niveau régional, ou encore la culture. Clarifier le qui fait quoi dans le mille-feuille administratif permettrait d'économiser 11,6 milliards d'euros par an, selon les estimation de l'iFRAP. La question récurrente, mais toujours éludée, de la suppression de certains échelons administratifs peut une nouvelle fois se poser. L'OCDE recommande par exemple de fusionner les petites communes de moins de 5.000 habitants et de supprimer les départements.

Baisser le nombre de fonctionnaires

La réforme de l'Etat canadien dans les années 1990 est érigée en modèle. Entre 1993 et 1999, le gouvernement libéral dirigé par Jean Chrétien a supprimé environ 20% des effectifs fédéraux. "Tous les ministères ont dû diminuer leurs dépenses de 25%, explique Jean-François Savard, professeur à l'École nationale d'administration publique du Québec (Enap). Les suppressions de postes ont été indolores à l'époque parce qu'un grand nombre de fonctionnaires âgés ont bénéficié d'un plan de pré-retraite ; les plus jeunes ont bénéficié d'une année de salaire pour trouver un autre poste au sein de la fonction publique ou pour migrer vers le privé". Le bilan de cette réforme est aujourd'hui mitigé.

>> En savoir plus: Pourquoi la réforme de l'Etat au Canada n'est pas si exemplaire

Il n'est pas possible d'appliquer cette recette en France, d'autant que mettre les fonctionnaires à la retraite ne ferait que gonfler la masse salariale de l'Etat qui paie les retraites de ses agents, alors qu'au Canada, les retraites des fonctionnaires sont versées par une caisse privée. Toutefois, il est possible de mettre fin à l'inflation des effectifs. Entre 2000 et 2011, l'emploi public en France a augmenté de 11% (il a baissé de 6,8% dans la fonction publique d'Etat mais a augmenté de 37,9% dans la territoriale et de 21,4% dans l'hospitalière). La droite au pouvoir a lancé en 2007 la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui prévoyait notamment le non-remplacement d'un fonctionnaire partant en retraite sur deux, uniquement au niveau de l'Etat. La gauche au pouvoir depuis mai 2012 a mis fin à cette règle et a promis, non pas de baisser, mais de stabiliser les effectifs de l'Etat. La pression sur les effectifs des hôpitaux publics et des collectivités est moins directe : les premiers devront faire un effort d'économies de 440 millions d'euros en 2014 et les secondes verront leurs dotations de l'Etat baisser de 1,5 milliard.

L'UMP propose de remettre à l'ordre du jour le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Pour Agnès Verdier-Molinié, il faut aller beaucoup plus loin : "Il faut geler toutes les embauches, c'est-à-dire ne remplacer aucun des fonctionnaires partant à la retraite, et imposer cette règle aux trois fonctions publiques". L'iFrap chiffre à 700.000 le nombre de postes de fonctionnaires que cette règle permettrait de supprimer d'ici à 2021. Un objectif très ambitieux qui ne serait pas atteint sans douleur : des services devraient être supprimés, et dans le contexte actuel de morosité économique, une forte hausse du chômage pourrait en découler.

Les faire travailler plus

"Quand un pays est en très grande difficulté, on ne peut pas dire qu'on va s'en sortir sans demander d'efforts autres que celui d'augmenter les impôts. Par exemple demander aux fonctionnaires de l'Etat et des collectivités territoriales de travailler un peu plus pour permettre d'assumer les missions qui sont celles de l'Etat. C'est une nécessité absolue", a déclaré mardi 3 décembre sur RTL l'ancien Premier ministre UMP François Fillon.

Selon un rapport de l'OCDE (Panorama des administrations publiques 2011), le nombre annuel moyen d'heures de travail pour les fonctionnaires des pays de l'OCDE est de 1742 heures, variant entre plus de 2000 heures au Chili et un peu plus de 1500 heures au Portugal et en... France. Avec 35 heures, la France et le Portugal ont la durée légale de travail hebdomadaire pour les fonctionnaires la plus basse de l'OCDE. Toujours selon ce rapport, le nombre annuel moyen de jours de travail pendant lesquels les fonctionnaires sont en congé maladie est de 10,5 en moyenne dans l'OCDE ; il est de 13 jours en France.

"Avoir appliqué les 35 heures à la fonction publique a été une erreur, cela a augmenté la sous-productivité des agents", estime Agnès Verdier-Molinié. Selon la directrice de l'iFRAP, supprimer les RTT des fonctionnaires serait un important levier d'économies. Selon ses estimation, rétablir le jour de carence en cas d'arrêt maladie - pendant une journée, les fonctionnaires n'étaient pas indemnisés par l'assurance-maladie, une mesure mise en place par la précédente majorité de droite fin 2011 et supprimée dans le budget 2014 -, permettrait d'avoir 4.000 personnes de plus à un instant T. Autre calcul : augmenter de deux heures le nombre d'heures d'obligation de cours par semaine des enseignants, de 18 à 20 heures pour un certifié et de 15 à 17 heures pour un agrégé, permettrait d'économiser 40.000 postes équivalents temps plein.

S'attaquer à leur statut

"Le statut protégé de la fonction publique - l'emploi à vie et un calcul des retraites plus avantageux - est un boulet qui coûte 18 milliards d'euros par an à l'Etat", affirme Agnès Verdier-Molinié. Selon elle, on ne peut pas agir sur le stock actuel mais sur le flux de nouveaux entrants : toutes les futures embauches dans la fonction publique, après la période de gel de cinq ans, devraient se faire sous le régime de droit privé, avec la possibilité de licencier et un calcul de la retraite sur les 25 meilleures années de carrière contre les dix dernières actuellement.

Eric Verhaeghe propose d'aller plus vite : "Les directeurs d'administrations centrales et de services déconcentrés ne sont jugés que sur leur capacité à ne pas faire de vague. Il faut les pousser à prendre des risques, en réformant leur statut et notamment en prévoyant la possibilité de les licencier s'ils n'atteignent pas les objectifs financiers et de performances fixés", explique cet ancien haut fonctionnaire.

S'attaquer au statut des fonctionnaires, d'autres pays l'ont fait. En 1993, la Suède a mis fin à l'emploi à vie pour 90% de ses fonctionnaires (les 10% d'effectifs publics conservant ce statut sont des magistrats, diplomates...). La même année, l'Italie a adopté une loi similaire substituant la contractualisation à une logique statutaire : 85% des agents publics sont aujourd'hui des salariés de droit commun. Idem au Royaume-Uni.

Privatiser des services

Même en réduisant le nombre de missions et les doublons, ou encore en optimisant les dépenses par une plus grande transparence, supprimer des postes de fonctionnaires ne pourra se faire à quantité de services constante. "Une des solutions est de s'appuyer sur le privé en développant les délégation de services publics et en externalisant la gestion de certains services, explique Agnès Verdier-Molinié. C'est déjà le cas au niveau local pour les crèches, la restauration, l'entretien des locaux, le jardinage, etc. Il faut aller plus loin au niveau de l'Etat et des hôpitaux".

"Il faut un choc de privatisation massif pour l'école, estime Eric Verhaeghe. L'idée que l'école publique est ce qu'il y a de mieux pour l'éducation est largement battue en brèche". "Une crèche publique gérée par le privé coûte 10% moins cher qu'une crèche sous gestion publique, affirme Agnès Verdier-Molinié. Les écoles privées sous contrat coûtent en moyenne 30% moins cher à la collectivité que leurs homologues publics".

Mais quel serait leur impact sur la qualité des services publics? En Suède, la part des services externalisés par les municipalités a doublé entre 2000 et 2010, avec un recours particulièrement accru pour les soins aux personnes âgées et l'école (crèches, maternelle et école élémentaire). "Concernant l'éduction, il ne semble pas y avoir de preuve de la détérioration de la qualité du service ; les études ne permettent pas non plus de conclure à une qualité accrue des écoles privées sur les écoles publiques", écrivent les auteur du rapport de l'IGF. En revanche, le coût des services publics a connu une inflation, liée à la surcapacité des écoles publiques en raison du départ des élèves vers le privé.

En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/ ... KekX0P0.99


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